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67% des Français sont opposés à la loi El Khomri

Myriam El Khomri et Manuel Valls, le 4 novembre 2015.

Myriam El Khomri et Manuel Valls, le 4 novembre 2015. - Matthieu Alexandre - AFP

Plus de deux tiers des Français se prononcent contre la version initiale du projet de loi Travail de Myriam El Khomri, selon un sondage Odoxa pour BFM Business.

Un rejet massif: plus de deux Français sur trois (67%) sont opposés au projet de loi Travail porté par la ministre du Travail Myriam El Khomri, d’après le dernier sondage Odoxa pour BFM Business, Challenges et Aviva publié ce jeudi.

Dans le détail, les sympathisants de gauche sont les plus nombreux à se prononcer contre ce projet de réforme du droit du travail mené par l’exécutif socialiste, à 72%. Mais, "chose rare", note Gaël Sliman, le président d'Odoxa, le rejet est unanime dans les deux camps puisque les sympathisants de la droite sont aussi 61% à le rejeter.

"Rejet massif de l'opinion"

Au total, seuls 32% des sondés s’y déclarent favorables. Du jamais vu depuis le début du quinquennat de François Hollande, souligne Gaël Sliman: 

"Depuis quatre ans, les Français demandent des réformes fortes et radicales sur le plan économique", analyse le sondeur. "Jusqu’à présent, toutes les réformes les plus fortes qui ont été testées dans les enquêtes (la loi Macron I par exemple) ont toujours été majoritairement soutenues et même la plupart des pistes de réformes envisagées parfois par les économistes les plus transgressifs ont été elles aussi le plus souvent soutenues, ou en tout cas, n’ont jamais suscité le rejet massif de l’opinion (au pire, elles étaient accueillies à 50/50 en termes de soutien/rejet)."

"C’est valable qu’il s’agisse de la remise à plat des 35 heures, ou même de la possibilité donnée aux entreprises de licencier plus facilement (pour les inciter à embaucher aussi plus facilement) ou, plus fort encore, de la mise en place du contrat de travail unique que le gouvernement n’a finalement pas osé porter", précise-t-il.

Sacrifier le volet prud’hommes pour faire passer la loi? 

Mais alors que la grogne monte, que la contestation s’organise - une pétition en ligne avait recueilli mercredi près de 900.000 signatures et plusieurs organisations appellent à la mobilisation mercredi 9 mars - et que le gouvernement a reporté d’une quinzaine de jours la présentation du projet de loi en conseil des ministres pour le "retravailler", le baromètre de mars livre un autre enseignement d’importance: c’est le plafonnement des indemnités prud'homales pour les licenciements abusifs, envisagé dans la version initiale du texte, qui cristallise le plus les mécontentements.

"Sacrifier son volet ‘plafonnement des prud’hommes’ serait sans doute le moyen le plus sûr de parvenir à faire passer, sans la détricoter, la loi El Khomri", explique Gaël Sliman. "Ce volet est interprété par les Français, et surtout par les sympathisants de gauche (60% y sont opposés), comme une forme de ‘licence to kill’ (un permis de tuer, Ndlr) à la fois socialement très injuste et surtout très inefficace pour limiter le chômage". En revanche, "plusieurs de ses autres dispositions phares", comme instituer le fait qu’une entreprise puisse adapter la durée de travail de ses salariés et même leurs salaires à ses contraintes internes ou comme permettre aux entreprises de pouvoir passer par-dessus les éventuels barrages syndicaux en faisant directement appel à une référendum de salariés, "sont, elles, largement soutenues". 

Enfin, une courte majorité de Français (52% contre 47%) estime que le Premier ministre Manuel Valls devrait démissionner si la loi Travail n’était finalement pas votée. Si les sympathisants de droite sont 59% à souhaiter le voir quitter Matignon, ceux de gauche, en dépit de leur rejet massif de la loi El Khomri, sont au contraire 57% à ne pas le vouloir.

Enquête réalisée par Internet le 25 février 2016 auprès d’un échantillon de de 996 personnes de 18 ans et plus selon la méthode des quotas.

V.R.