“François le Petit”, sa cour, ses femmes et sa politique

Après les truculentes chroniques du “règne” de Nicolas Sarkozy, Patrick Rambaud reprend sa plume acerbe pour croquer le quinquennat en cours… Un récit sans clémence.

Par Gilles Heuré

Publié le 01 mars 2016 à 12h00

Mis à jour le 08 décembre 2020 à 02h30

Digne descendant de Roger Fressoz, alias André Ribaud, qui régala les lecteurs du Canard Enchaîné de ses chroniques sur la Cour gaullienne dans les années 1960, Patrick Rambaud, non pas historiographe payé par l’Elysée, mais mémorialiste client de personne, revient en satiriste inspiré. D’aucuns diront qu’il écrit vite – ce serait oublier que Blaise de Monluc dicta ses Commentaires entre novembre 1570 et juin 1571. C’est qu’il ne faut pas beaucoup de temps pour comprendre, comme l’écrivit La Rochefoucauld dans ses Maximes, que « la clémence des princes n’est souvent qu’une politique pour gagner l’affection des peuples ».

Parfois en vain, d’ailleurs, comme le suggère Patrick Rambaud qui n’est guère clément dans son François le Petit, septième grande chronique d’un règne de la Ve République dont Nicolas Sarkozy fit l’objet des six premières – chiffre qu’il est peu probable que François Hollande parvienne à égaler. Certes, Nicolas Sarkozy, diablotin politique toujours agissant dans la coulisse, reste fort présent dans ce nouveau livre, pourtant consacré à son successeur. Nicolas-le-Mauvais, le Prodigue, le Pisse-Vinaigre, le Réprouvé, le Démoli, l’Ulcéré, l’Assoiffé, le Piaffant ou encore le Surineur est toujours là, tapi dans les pages, comme s’il ne parvenait pas à concevoir qu’on pût consacrer un livre à un imposteur, nous venons de nommer François-le-Débonnaire, François-l’Anguille ou François-le-Dormeur.

Menteries du pouvoir, anecdotes et autres tricheries

Ces deux hommes conservent leurs flatteurs et leurs spadassins. Dans « l’abominable abbé », on reconnaîtra facilement le bien nommé Buisson, conseiller en son temps, comme le fut l’abbé Dubois, conseiller du Régent – la comparaison s’arrêtant là puisqu’aux plongées dans les bacchanales du second, le premier préfère les escapades vers l’extrême-droite. On ne saurait oublier de mentionner aussi « l’archiduchesse des Charentes », le colérique « Duc d’Evry », et même le « Duc de Meaux » qui, la main sur le cœur, vient d’annoncer son retour en politique. Quant à la « marquise de Pompatweet », nul ne peut ignorer qu’il s’agit d’une ex, un tantinet acrimonieuse.

Ainsi va l’histoire du quinquennat vue par Patrick Rambaud, épinglant les courtisans, les menteries du pouvoir, les anecdotes et autres tricheries. Mais qu’on ne s’y méprenne pas : la galerie de portraits est aussi jalonnée de tous les faits, grands ou petits, qui ont fait ou défait le quinquennat « socialiste ». On ne saura jamais comment les protagonistes ont reçu ce livre, et d’abord s’ils l’ont lu. Il serait plaisant d’imaginer le premier personnage de l’Etat demander : « Est-ce une révolte ? », pour s'entendre répondre : « Non Sire ! C’est une publication. »

 

Lire : François le Petit de Patrick Rambaud, éd. Grasset, 180 p., 14,90 €

Entre les lignes, le blog livre de Gilles Heuré
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