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Santé

Droit à l’avortement en Afrique: entre légalisation et tabou

Médecins du Monde organise ce jeudi 3 mars, à Paris, une journée de débats sur le droit à l'avortement. Objectif : essayer d'éviter les grossesses non-désirées et surtout éviter que des femmes soient obligées d'avorter clandestinement.

Des manifestations anti-avortement ont lieu régulièrement au Maroc. Ici, en octobre 2012 près de la ville de Tétouan, dans le nord du pays.
Des manifestations anti-avortement ont lieu régulièrement au Maroc. Ici, en octobre 2012 près de la ville de Tétouan, dans le nord du pays. AFP PHOTO/FADEL SENNA
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Sur le continent africain, quatre pays autorisent l'avortement. Dans beaucoup d'autres, il existe des conditions plus ou moins strictes et dans onze pays, il est totalement interdit d'interrompre une grossesse.

Il existe aussi une grande inégalité vis-à-vis de l'avortement : celles qui peuvent payer sont bien prises en charge, dans un cadre médicalisé. Les autres doivent se contenter d'autres méthodes, beaucoup moins sûres.

Plus de six millions d'avortements ont lieu chaque année en Afrique, et seulement 3 % d'entre eux se déroulent dans des conditions sûres pour les femmes. Celles qui n’ont pas cette chance ont recours à des guérisseurs, prennent des potions ou bien se chargent elles-mêmes d'interrompre leur grossesse. Dans ces deux cas, il existe un risque très élevé d'hémorragie, d'infection et de possibles complications.

« Les charlatans et les guérisseurs ne sont pas compétents »

En Côte d’Ivoire où l’avortement est interdit, le député et médecin ivoirien Augustin Sawouré Dougrou travaille à la rédaction d'une loi qui légaliserait l'interruption volontaire de grossesse dans les cas de viol, d'inceste et de grande pauvreté de la mère.

« C’est vrai que c’est interdit, mais si les femmes n’ont pas besoin de leur grossesse, elles prendront tous les moyens pour avorter, par les charlatans et les guérisseurs qui ne sont pas compétents en la matière, estime Augustin Sawouré Dougrou. On va retrouver les bébés dans les poubelles. On va retrouver les bébés sur les trottoirs, abandonnés. Il faut le dire franchement : oui, il faut le légaliser parce que, en fait, ça fait beaucoup de mal à nos femmes. »

Le poids de l’Eglise

L'ONG Médecins du Monde mène des missions de sensibilisation dans plusieurs pays du continent, notamment en République démocratique du Congo. L'objectif n'est pas de promouvoir l'avortement, mais de sensibiliser au problème des grossesses non désirées, de faire de la prévention.

En RDC, comme dans beaucoup de pays d’Afrique, le poids de l’Eglise est l’une des explications aux réticences à l’avortement ou à la contraception.

« Le pasteur a beaucoup plus d’influence par moment que la communauté ou les parents. Les jeunes qui ont la foi, qui ont des pratiques sexuelles et se retrouvent enceintes, peuvent être exclues [...] alors [elles] vont aller vers l’avortement », explique Patrick Lusala, coordinateur des actions de Médecins du Monde à Kinshasa

Même si l’Eglise interdit l’avortement, la jeune fille va « tenter de se faire avorter pour maintenir sa relation » et ainsi « rester dans le cercle de confiance ».

« Par moment, les acteurs que ce soit religieux ou communautaires ferment les yeux devant ce fléau et évitent d’aborder la question », conclut l’humanitaire.
 

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