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Une proche d'Assad : « Pourquoi préférez-vous les terroristes au gouvernement syrien ? »

Une proche de Bachar Al-Assad a répondu aux questions du « Monde » en pleines négociations entre les belligérants syriens. Un échange tendu.

Par  (Beyrouth, correspondant)

Publié le 30 janvier 2014 à 08h35, modifié le 03 février 2014 à 19h41

Temps de Lecture 5 min.

Boutheïna Chaaban, le 29 janvier 2014 à Genève.

Avec l'ouverture de la conférence de paix sur la Syrie, à Genève, Boutheïna Chaaban a retrouvé son rôle préféré : celui d'ambassadrice du régime Assad auprès des médias occidentaux. Cette spécialiste de littérature anglaise, âgée de 60 ans, occupe depuis 2008 la fonction de conseillère politique et médiatique du président Assad.

Omniprésente à la fin de la première décennie 2000, à l'époque de la réintégration de Damas sur la scène internationale, cette fidèle baasiste s'est faite plus rare après le début du soulèvement, en 2011, au fur et à mesure que le régime Assad a été mis à l'index.

Elle a répondu aux questions du Monde depuis le Palais des nations, le quartier général des Nations unies, à Genève, qui héberge les négociations entre les belligérants syriens. Un échange tendu, auquel Mme Chaaban, manifestement irritée par les questions, a mis un terme plus rapidement que prévu.

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Quel bilan tirez-vous de la première semaine de négociations entre le régime syrien et l'opposition, à Genève ?

Boutheïna Chaaban : Nous parlons au médiateur des Nations unies et ils [les membres de la délégation de l'opposition] lui parlent aussi. C'est difficile. Nous n'imaginions pas que nous allions conclure un accord en un ou deux jours. Les discussions continuent et, en soi, c'est une bonne chose. Nous sommes tombés d'accord sur le programme des deux prochaines séances, jusqu'à vendredi. Demain [jeudi], nous parlerons du terrorisme en Syrie et de la manière d'y mettre fin.

Etes-vous d'ores et déjà prêts à participer au deuxième round de négociations (qui pourrait débuter dans la deuxième semaine de février, après une semaine de pause) ?

Je pense que nous serons prêts à faire tout ce qui est possible pour servir notre peuple.

Jusque-là, il n'a pas été possible d'acheminer de l'aide humanitaire dans les quartiers de Homs assiégés par l'armée, comme l'espéraient les parrains de la conférence, désireux d'instaurer un climat de confiance entre les deux parties. L'opposition vous impute la responsabilité de cet échec. Que répondez-vous ?

Le gouvernement syrien est en contact étroit avec la Croix-Rouge, le Croissant-Rouge et les Nations unies. Nous essayons de sauver notre peuple et de lui apporter de la nourriture et des médicaments, autant que nous le pouvons. Ce sont les terroristes qui empêchent de faire rentrer ces aides dans les zones affectées. Les médias devraient faire leur travail avant de rapporter ces accusations. Parce qu'elles ne sont jamais vérifiées, elles acquièrent une apparence de vérité. Mais ce n'est pas la vérité. Il s'agit de notre peuple. Le gouvernement ne peut pas l'empêcher de recevoir de l'aide humanitaire.

Le convoi des Nations unies est pourtant bloqué à Damas, dans l'attente du feu vert des autorités…

Savez-vous que deux villages, Nubbul et Zahra [des localités chiites des environs d'Alep], sont assiégés depuis sept cent vingt jours par des terroristes ? Que des femmes et des enfants ont été kidnappés ? Et que pendant tout ce temps, nous avons demandé, en vain, l'aide de la communauté internationale ? Nous voulons que notre peuple reprenne le cours de sa vie.

Le peuple syrien n'a jamais dépendu d'une aide extérieure, il a toujours mangé ce qu'il produisait. Ce que nous voulons, c'est une solution politique, qui ramène la paix et la sécurité en Syrie, de manière à ce que nos fermiers repartent cultiver leurs champs et soient en mesure de se nourrir eux-mêmes. Personne n'est heureux de recevoir des cartons d'aide humanitaire. C'est humiliant.

La communauté internationale a déjà ébauché les contours d'une solution politique. C'est le fameux organe de gouvernement transitoire (transitional governing body : « TGB »), qui est évoqué dans le communiqué de juin 2012, baptisé Genève 1. Acceptez-vous ce document ?

Le problème avec les gens comme vous c'est que vous ne vous intéressez qu'à une chose, le TGB. Avez-vous lu Genève 1 ? Genève 1 commence par l'arrêt des violences. C'est le paragraphe 1. Donc, nous sommes prêts à parler de Genève 1, paragraphe par paragraphe. Il n'est pas acceptable de sauter à l'article 5 et d'ignorer le 1, le 2 et le 3. C'est ce qu'ils essaient de faire. Nous, nous voulons remettre de l'ordre et commencer par le commencement.

Etes-vous prêts à endosser formellement ce document, comme un tout ? L'opposition l'a fait…

Non, ils ne l'ont pas endossé, ce n'est pas vrai, ils n'acceptent que le TGB, c'est tout.

Ce n'est pas ce que l'opposition dit.

Il y a une différence entre ce qu'ils disent et ce qu'ils font. Dans les faits, la seule chose dont ils acceptent de parler c'est du TGB. Ils refusent de parler du paragraphe 1, relatif à l'arrêt du terrorisme. Ça devrait pourtant être logique. Quand vous lisez un document, vous ne commencez pas à la ligne 10, mais à la ligne 1.

A propos de l'arrêt des violences, que répondez-vous aux anciens procureurs internationaux qui ont récemment accusé le pouvoir syrien de torturer et de tuer ses opposants « à l'échelle industrielle » ? Leur rapport s'inspire d'un stock de 55 000 photos de cadavres, sorti de Syrie par l'homme qui les a prises, un photographe militaire…

Je vous conseiller de consulter le site LiveLeak sur Internet. Il recense les dix raisons pour lesquelles ces images ont été réalisées non pas par le gouvernement syrien, mais par les criminels.

Quelles sont ces raisons ?

Cliquez sur ce site et lisez. Vous verrez qu'une agence qatarie a fabriqué tout ça, avant d'accuser le gouvernement syrien. Il s'agit d'un rapport occidental, du même acabit que celui sur les armes chimiques.

Voulez-vous dire qu'il n'y a pas de torture dans les prisons syriennes ?

Vous me posez une question spécifique et je vous réponds. N'allez pas maintenant… En tant qu'Occidental, pourquoi ne vous préoccupez-vous pas de Da'ech, Jabhat Al-Nosra [deux groupes armés djihadistes, très présents en Syrie] et Al-Qaida ? Pourquoi les préférez-vous au gouvernement syrien ? Je vous pose la question.

Une partie des rebelles syriens a déclaré la guerre aux mouvements que vous citez. Ils accusent le régime de les épargner délibérément, pour affaiblir l'opposition. Que répondez-vous ?

Qui donc fait la guerre à Da'ech et Jabhat Al-Nosra ?

Certaines brigades rebelles.

Ce n'est pas vrai.

Les combats ont pourtant déjà fait plus de 1 000 morts.

Ce n'est pas vrai. Il y a une énorme campagne de désinformation. Vous pensez peut-être que le Front islamique [une coalition de brigades d'inspiration salafiste] est une organisation laïque ?

Je n'ai pas dit cela.

Vous êtes très mal renseigné. Vous prenez position sans rien vérifier. Vous citez juste ce qu'ils disent, alors que depuis trois ans, ils fabriquent des mensonges. Merci beaucoup. Je pense que cela suffit.

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