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Immobilier

Pourquoi le marché de la colocation est un business qui explose

Avec un rythme d’augmentation de 30 à 40% par an, le marché de la colocation, encore marginal il y trois ans, commence à peser lourd dans les grandes villes. Explications.
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La colocation
La colocation offre des opportunités intéressantes pour les professionnels.
REVELLI-BEAUMONT/SIPA

Avec un rythme d’augmentation de 30 à 40% par an, le marché de la colocation, encore marginal il y trois ans, commence à peser lourd dans les grandes villes. Beaucoup pensent encore que ce mode d’occupation des logements ne concerne que les étudiants. C’est faux : un sondage GuyHoquet/CSA montre que 57% des colocataires sont des actifs, employés, stagiaires et autres. A Paris, la colocation reste marginale. Elle ne pèse encore que 7 à 8% du marché des nouvelles locations, contre 40% à Londres. Mais c’est un marché qui double tous les 24 mois et qui est sous pression. Pour Albin Serviant, Directeur General du site spécialisé Appartager.com, « face à un parc colocatif qui progresse très faiblement, on assiste même à une explosion de la demande, très marquée en régions. » Bordeaux, Nantes, Rennes, Toulouse Strasbourg font partie des villes les plus demandeuses. Mais un marché existe aussi dans une demi-douzaine d’autres grandes métropoles régionales.

Le marché intéresse aussi de plus en plus les propriétaires. Certes, beaucoup restent réticents à l’idée de louer un bien à des jeunes, craignant pêle-mêle les impayés, le bruit et les difficultés administratives. Mais d’autres ont compris que la colocation offrait une seconde vie aux très grands logements, qui ont du mal à se louer aujourd’hui. Cela permet aussi –ce qui n’est pas un détail- de relever de 30 à 50% les rentabilités au mètre carré, car le loyer au mètre carré est plus proche de celui d’un studio que de celui d’un 4 pièces... Tout le monde y trouve son compte, d’autant qu’une étude du site Appartager.com montre que le loyer des colocataires est en effet en moyenne 30% moins élevé que celui d’une location classique. Du coup, des sociétés, comme Coloc et Vie, proposent de réaliser les transformations nécessaires. Pour Nicolas Baussant, son co-fondateur, c’est « idéal pour les particuliers qui ont déjà un bien, et cherchent un bon rendement tout en étant déchargés de sa gestion".

10 millions de visiteurs par an sur Appartager.com

Locataires et propriétaires peuvent désormais se rencontrer sur des sites spécialisés, de plus en plus nombreux. Appartager.com, avec ses 10 millions de visiteurs par an, en est le leader. Mais il y a aussi Weroom, un site soutenu par le promoteur Nexity et qui compte 500.000 utilisateurs par an. Ses co-fondateurs, Thomas Villeneuve et Isabelle George, ont voulu lancer un "Airbnb de la colocation" qui permet de faire ses recherches en fonction de son budget ou de son calendrier et vérifie l'identité des candidats et des propriétaires. Une dizaine d’autres se partagent le reste du marché, dont Somhome, Roomlala, leboncolocataire.com…

Les bailleurs sociaux surveillent ce marché depuis quelques mois. Plusieurs étudient l’ouverture d’offres spécifiques. Action Logement (ex-1% logement), plus conscient sans doute des besoins des salariés et des entreprises a franchi le pas et a créé un service spécifique. Pour le moment, le groupe offre plus de 600 locations pour colocataires : « elles sont destinées aux stagiaires, aux alternants, aux apprentis, aux intérimaires et aux jeunes actifs de moins de trente ans » précise Leïla Djarmouni, d’Action Logement. Mais le groupe ambitionne d’en proposer un millier dans quelques mois.

"Nous allons tester l’appétit du marché"

Quant aux promoteurs, ils ont assisté au développement de la colocation avec de plus en plus d’intérêt. Car, pour certains d’entre eux, les achats en bloc des assureurs, des mutuelles ou des investisseurs institutionnels, représentent jusqu’à 40% des ventes. Or, avec la hausse des prix de vente, le rendement de ce genre d’investissement plafonne ou diminue. La colocation permet de relever un peu la rentabilité de ces actifs mis en vente, tout en répondant à une demande croissante. Certains promoteurs, comme le groupe Brémond, construisaient depuis longtemps des programmes modulables, où il était possible de transformer des T4 et T3+ studio en quelques heures, grâce à une conception adaptée. Mais aujourd’hui, la demi-douzaine de grands promoteurs qui s’intéressent à la colocation planchent sur des formules spécialement conçues.

C’est le cas de Nexity. Le groupe immobilier, déjà très présent sur ce secteur avec son site Weroom, va être le premier à lancer non pas une, mais deux opérations où la colocation sera présente. La première se situe à Avignon, et sera livré dans un an. Il s’agit d’une résidence de 200 logements, MyColoc Duranne, dont 10 seront en colocation. Leur espace commun s’entendra sur 25 m² minimum et chaque chambre sera d’au moins 10 à 12 m². Le second est un immeuble à Paris, dans le 19ème, dont les travaux commenceront en juin prochain et qui sera donc livrable l’an prochain. Il prévoit une dizaine d’appartements en colocation. C’est un début, reconnait Jean-Philippe Ruggieri, directeur en charge du résidentiel à Nexity : « nous allons tester l’appétit du marché. Mais on pense déjà à proposer des résidences entièrement dédiées à la colocation. Ce n’est pas seulement un sujet économique : il y a aussi de notre part la volonté de s’adapter à des changements …sociologiques. »

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