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Billet de blog 4 mars 2016

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Je quitte le Parti Socialiste, un parti ancré dans l'écosystème de l'échec!

Le PS hébété devant un tel glissement vers le conservatisme est devenu hors jeu. Il n'a plus dans sa vision et forme actuelle de la société la capacité d'agir sur le cours des choses.

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Je quitte le Parti Socialiste, un parti ancré dans l'écosystème de l'échec!

"La droite vend des promesses et ne les tient pas, la gauche vend de l'espoir et le brise (Coluche)

"Pour moi, la politique, ce n’est pas un métier, c’est un moyen de faire entendre notre volonté de vivre dans un monde plus juste qui ne laisse personne sur le bord de la route. La politique, c’est de mettre en lumière des problèmes, et de proposer des solutions en utilisant les outils de la démocratie." (1)

J'ai fait mes premières actions en lien avec la politique un mois de Mai 1975 contre un projet de réforme du collège dans ma région natale. J'étais séduit par l'idée de construire un idéal démocratique et populaire en dehors de toute soumission et sans concession sur la citoyenneté à travers : 

  •  Le débat, où nous tenions à faire prévaloir une éthique de la discussion basée sur le respect des personnes et le développement des arguments contre la subjectivité débridée, l’invective et le sectarisme. Nous nous efforçions, au cours de nos réunions, de susciter un climat qui n’interdit pas la passion démocratique, les contradictions et les désaccords, mais permet aux militants de se sentir libres d’exprimer leur point de vue. Le débat et la confrontation doivent pouvoir se faire librement dans le respect de la position des uns et des autres.
  • La réflexion théorique, l’analyse et la formulation des idées et des propositions, nous nous entendions pour nous démarquer de la démagogie et du relativisme qui en appellent à la spontanéité de tous, en sous-estimant le travail intellectuel, l’effort nécessaire, et en laissant entendre que toutes les idées se valent. 
  • La défense de la veuve et de l'orphelin qui se sentent oubliés. 
  • La défense du précaire qui chaque matin réinvente sa survie. 
  • La défense du pauvre qui tout au long de sa vie subit l'agression de l'opulence sans pouvoir y faire face.
  • La défense du galérien dont le destin est désaxé par les vents destructeurs d'un libéralisme outrancier. 
  • La défense du jeune qui a comme seule perspective la résistance aux aléas du marché du travail.
  • La défense des femmes qui combattent pour les mêmes choses, comme elles le font depuis des siècles.
  • La défense du droit à une vie digne pour toutes et tous tout simplement. Car c'est possible !

Pour moi, la politique ne doit pas se transformer en rente de situation, car les citoyens n’acceptent plus d’avoir l’impression que des élus ne sont là que pour les indemnités..

Tous ces combats sont devenus des voeux pieux avec le PS!

Face à la crise de la politique, particulièrement celle liée à la défaite de la pensée de gauche, et celle de la culture, où nombre de schémas de pensée anciens n’en finissent pas de se décomposer sans qu’apparaisse clairement le signe d’un renouveau, il devient vitale de penser, d'expliquer pour comprendre, de faire la politique autrement. Le modèle des partis a atteint ses limites !

L'ampleur du chômage s’accompagne d’une crise sociale, de représentation et de légitimité. Les réponses dans l’urgence, pour nécessaires qu’elles puissent paraître, ne tiennent pas lieu d’une réflexion qui, mesurant l’ampleur de la crise actuelle, propose des orientations pour refonder l’engagement démocratique.

Ce n'est pas seulement une question de droite ou de gauche !

Des questions comme celles du travail et de l’emploi, de l’intégration, de l’Europe, du modèle de développement, de la santé, de la bioéthique etc,  engagent une conception de l’homme et du vivre-ensemble qui ne recoupe pas mécaniquement les clivages politiques. 

Les lignes de partage sont aujourd’hui moins globales et plus floues que par le passé. On peut être en accord avec telle ou telle position particulière d’un parti, sans pour autant adhérer à l’ensemble de son programme et de son idéologie. Les clivages politiques n’ont pas disparu, mais dans nombre de domaines (économique, social, culturel, international), les démarcations schématiques anciennes ne semblent plus fonctionner.

Le PS dans l'écosystème ancré dans l'échec !

Dans sa lettre de démission du PS, Pouria Amirshahi, avec qui j'ai partagé beaucoup de choses au niveau politique, dit la chose suivante : 

"La France n’est pas gouvernée par l’aile droite du PS, mais par des néoconservateurs, dans tous les domaines, à quelques exceptions près… D’ailleurs, leurs alliés sont désormais issus du bloc réactionnaire : déchéance de nationalité, état d’urgence, surenchère pénale, droit du travail.

Depuis 2012, la succession de renoncements donne le vertige : cela a débuté avec le traité européen. Sur le contrôle bancaire ou les insolentes rémunérations, le gouvernement a vite cédé. Le crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi [CICE] et le pacte de responsabilité ont légalisé le vol de l’argent public dont on dit pourtant qu’il est si rare. 40 milliards d’euros donnés sans conditions, sans que les salariés aient vu le début d’une amélioration substantielle de leur niveau de vie ! Le mépris est vécu directement par beaucoup de nos compatriotes, les ouvriers, les jeunes et bien d’autres. S’ajoute à cela le choix de gouverner par la peur… D’où mon opposition."

Je n'aurais pas dit mieux les choses.

Face à cet ancrage dans le néoconservatisme gouvernementale, le PS est devenu un "parti placebo" 

Les lignes de ruptures se sont multipliées. Le border line dépassé. Tout ça n'est rien s'il ne concerne pas les valeurs.

Le contrôle de faciès, le droit de vote des étrangers, la place des "issus de diversités" dans les listes et les instances du parti, le cumul des mandats, l'éthique démocratique, sont des thèmes essentiels dans la vie d'un parti. Il n'en est rien.

La frontière entre un parti de gauche et les marécages nauséabonds de la droite et de ses extrêmes a été franchie avec la déchéance de nationalité des binationaux. N'en déplaise aux "néocons", c'est ça qu'ils ont défendu et l'ont fait porter par un parti de gauche! 

Sans vilain jeu de mots, Manuel Valls c’est « la gauche affranchie ». C’est la gauche «affranchie» de la gauche. Ce n’est plus une gauche!

Le PS hébété devant un tel glissement vers le conservatisme est devenu hors jeu. Il n'a plus dans sa vision et forme actuelle de la société la capacité d'agir sur le cours des choses. 

Peut-on le transformer avec "l'utopie"  de se battre à l'intérieur? 

Malheureusement l'heure de cette utopie est passée. Même avec 45% d'opposition à la ligne du parti (les frondeurs, la moción C, la motion D).

L'euthanasie politique est actée. Il ne reste que de déterminer la posologie!  

Ce constat et ces perspectives, je les ai décrits depuis plusieurs mois (2). Il fallait être aveugle pour ne pas prévoir ce scénario. Le PS de Solferino n'est peut-être pas aveugle. Mais il s'est aveuglé par confort!

Mon choix donc est fait.

Je quitte le PS, non sans amertume. 

Je quitte le PS pour le combat contre toutes les inégalités et les injustices. 

« Si tu es neutre en situation d’injustice, alors tu as choisi le coté de l’oppresseur»  nous enseigne Mgr Desmond Tutu. Le PS est neutralisé. Un parti neutralisé ne peut pas survivre! 

(1) mon texte porté par la motion C (avec des apports des militants ) : le Parti Socialiste ressemble-t-il à la France paru dans libération du 19/05/2015 http://www.liberation.fr/france/2015/05/19/le-ps-ressemble-t-il-a-la-france-et-a-ses-diversites_1312454

(2) lire l'ensemble de mes tribunes sur médiapart https://blogs.mediapart.fr/

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