Terroristes «courageux» : Rouillan, ex d'Action directe, visé par une enquête

Jean-Marc Rouillan est en liberté conditionnelle depuis 2012.  
Jean-Marc Rouillan est en liberté conditionnelle depuis 2012.   (AFP/LIONEL BONAVENTURE.)

    C'est une interview dont les propos choquent et créent la polémique. Jean-Marc Rouillan, ancien militant d'Action directe qui

    , s'exprime sur les attentats à Paris dans un entretien au mensuel d'enquête satirique marseillais

    sorti vendredi.

    Interrogé sur

    , il affirme : «Je suis neutre». «Car l’Etat français reste colonialiste, assassin, martèle-t-il. Rien que ce qui s’est passé en Algérie m’empêchera toujours, toute ma vie, de chanter la Marseillaise et de porter le bleu-blanc-rouge : un million de morts, des disparus, de la torture, l’horreur et puis venir se présenter comme la patrie des droits de l’homme ! Jamais je ne serai du côté de cet Etat !».

    Questionné ensuite sur les terroristes, il lance que selon lui «ils se sont battus courageusement dans les rues de Paris en sachant qu'il y avait près de 3000 flics autour d'eux». «On peut dire plein de choses sur eux -qu'on est absolument contre les idées réactionnaires, que c'était idiot de faire ça- mais pas que ce sont des gamins lâches», ajoute-t-il.

    Face à ces propos, le parquet de Paris a ouvert ce lundi une enquête préliminaire pour «apologie du terrorisme» visant le cofondateur d'Action directe.

    Jean-Marc Rouillan est ensuite interrogé sur ce qui différencie Daech d'Action directe. «Daech est très proche du capitalisme car c’est un mouvement basé sur le mortifère, le sacrifice, la mort, répond-il. Jamais dans la lutte armée d’extrême gauche que j’ai pratiquée, de 1968 jusqu’à la fin des années 1980, je n’ai connu le sacrifice. Jamais. Plutôt la joie de les combattre et un immense espoir de lumière, de lendemains qui chantent. Et je crois qu’ils sont encore devant nous. Malgré tout.»

    En conclusion de l'interview, l'ancien terroriste affirme que c'est une utopie «totale» de croire qu'on peut changer la société sans violence. «Rien ne se fera sans la violence, mais la violence ne suffira pas. Il y a des milliers d'autres méthodes pour être révolutionnaire», conclut-il.

    Cette interview est une synthèse de l'entretien accordé à Radio Grenouille le 23 février dernier. Celui-ci, diffusé le soir même, a été réalisé dans les conditions du direct. «Jean-Marc Rouillan est quelqu'un qui réfléchit avant de parler, il sait ce qu'il dit», rapporte Michel Gairaud, rédacteur-en-chef de Ravi qui explique également qu'il n'a pas demandé à relire l'interview publiée dans le mensuel.

    Jean-Marc Rouillan a été condamné en 1989 à la réclusion criminelle à perpétuité, assortie d'une peine de sûreté de 18 ans, pour l'assassinat de l'ingénieur général de l'armement René Audran en 1985 et celui du PDG de Renault Georges Besse en 1986. Il est interdit de séjour dans 38 départements et n'a pas le droit de parler de son passé terroriste.

    Fin 2007,

    .

    . Le tribunal d'application des peines avait jugé qu'il avait «enfreint une des obligations qui pesaient sur lui, celle de s'abstenir de toute intervention publique relative aux infractions pour lesquelles il a été condamné».

    Jean-Marc Rouillan est actuellement à l'affiche dans un film «Faut savoir se contenter de beaucoup», un road movie libertaire.