Malaise au dépôt de bus où travaillait le tueur du Bataclan

 

Pavillons-sous-Bois. La grève de 150 conducteurs de bus du dépôt des Pavillons, ce mardi, ne devrait pas provoquer de grosses perturbations sur les lignes selon la RATP.
Pavillons-sous-Bois. La grève de 150 conducteurs de bus du dépôt des Pavillons, ce mardi, ne devrait pas provoquer de grosses perturbations sur les lignes selon la RATP. (LP/O.C.)

    «Depuis que l'on sait que Samy Amimour, l'un des tueurs du Bataclan, a travaillé chez nous (de 2010 à 2012, NDLR), il règne une très mauvaise ambiance. » Cet agent du dépôt de bus des Pavillons-sous-Bois en veut pour preuve les tags et les affiches racistes qui sont apparus sur les murs de l'entreprise.

    «Il y a ce type de tensions entre les agents mais aussi des pressions de la direction… Les machinistes sont complètement à bout. » Ce mardi, il sera en grève comme près de 150 autres conducteurs de bus. La RATP précise que ce mouvement ne devrait pas provoquer de grosses perturbations sur les 12 lignes rattachées au centre.

    C'est la convocation, ce mardi, du secrétaire général du syndicat SAP (Syndicat anti-précarité), Karim Rouijel, à un entretien préalable à une mesure disciplinaire qui a déclenché le mouvement. «Une procédure injustifiée » pour les grévistes qui dénoncent, au-delà, un problème plus profond.

    Un audit en cours sur le climat social

    A la demande du CHSCT (Comité d'hygiène et de sécurité), un audit sur le climat social est actuellement mené par un cabinet indépendant. Le comité avait été alerté, notamment, sur des cas de harcèlement moral. Au moins une enquête interne a été ouverte. Mais selon le SAP, une dizaine de signalements ont été effectués ces derniers mois.

    Ce syndicat décrit un «mal-être au travail » qui se traduirait aussi par un nombre important d'arrêts maladies : «en ce moment, environ 70 par jour sur 350 agents en poste. » La RATP, contactée, n'a pas souhaité réagir sur ces éléments.

    Pour expliquer le malaise, le SAP évoque, entre autres, la «surveillance » et les «soupçons » qui pèsent sur les agents de confession musulmane depuis les attentats du 13 novembre.Le dépôt traîne la réputation d'abriter des «barbus ». Et le SAP, majoritaire dans le centre, celle d'un syndicat «communautaire ». « C'est faux », répètent, sans cesse, les militants du SAP.

    «Au moindre écart, l'agent barbu est sanctionné »

    D'ailleurs, «aucune difficulté particulière liée à la pratique religieuse n'a été signalée sur ce centre », souligne de son côté la RATP. Mais selon les grévistes, il y a quand même cette volonté de «faire le ménage ».

    «Par exemple, nos 10 délégués du personnel ont tous fait l'objet de pressions voire de sanctions, assure un responsable du SAP. Les caméras des bus, sensées être activées uniquement en cas d'alerte, sont utilisées pour espionner le personnel. Les brigades de surveillance (NDLR : une procédure de contrôle via un client mystère) sont très régulièrement présentes dans nos bus. Au moindre écart, l'agent "barbu" est sanctionné, voire révoqué. »

    La RATP rejette formellement ces accusations : «Nous veillons simplement en toute logique au professionnalisme des agents et à la qualité du service »