Infarctus : les femmes jeunes de plus en plus touchées

 

De plus en plus de femmes jeunes sont touchées par les maladies cardio-vasculaires, en particulier les infarctus, phénomène qui s'explique notamment par des comportements à risque comme la consommation de tabac ou d'alcool autrefois essentiellement observés chez les hommes.
De plus en plus de femmes jeunes sont touchées par les maladies cardio-vasculaires, en particulier les infarctus, phénomène qui s'explique notamment par des comportements à risque comme la consommation de tabac ou d'alcool autrefois essentiellement observés chez les hommes. LACAZE MATHILDE / LE PARISIEN

    C’est un démenti cinglant contre une idée reçue encore bien installée. Non, les femmes jeunes ne sont pas protégées des maladies cardio-vasculaires par leurs hormones. L’Institut de Veille Sanitaire (InVS), dans son bulletin épidémiologique hebdomadaire qui paraît ce 8 mars, intitulé «Les femmes au coeur du risque cardiovasculaire», pulvérise cette croyance avec un pourcentage : + 5%. C’est la progression alarmante du nombre d’hospitalisations constatée, chaque année, pour un infarctus du myocarde chez les femmes âgées de 45 à 54 ans. Plus 5 %, tous les ans, et ce depuis 2009 jusqu’en 2013. Entre 2002 et 2008, ces hospitalisations avaient déjà augmenté de + 3% par an.

    La Fédération Française de Cardiologie (FFC)* insiste aujourd’hui de plus belle pour que l’ensemble des acteurs de la santé publique se mobilisent sur la prévention et la prise en charge.

    Chez la femme jeune, en effet, les symptômes diffèrent de ceux des hommes. Ils se camouflent souvent dans des douleurs au milieu du dos, des nausées, des palpitations à l’effort, de la fatigue... Une brûlure dans la poitrine que l’on confond avec de l’anxiété et qui leur fait dire que cela vient des obligations quotidiennes. Bref, des signes auxquels les femmes ne font pas attention, et qui passent donc parfois inaperçus chez les premières concernées mais aussi chez les médecins. D’où un dépistage trop tardif et la nécessité, pour la FFC, d’engager des actions marquantes d’information auprès de ces deux publics.

    Chez les professionnels de santé, il s’agit par exemple de mobiliser la médecine du travail à ce sujet mais aussi de favoriser les formations professionnelles multidisciplinaires sur les spécificités du risque cardio-vasculaire chez la femme. Les mêmes comportements à risque que les hommes. «Nous faisons face à une épidémiologie préoccupante, notamment chez les femmes jeunes, qui s’explique essentiellement par l’évolution de leur mode de vie avec l’adoption, depuis 30 ans, des mêmes comportements à risque que les hommes», explique le Pr Claire Mounier-Vehier, présidente de la Fédération Française de Cardiologie. Tabac, cannabis, alcool, les femmes ne cessent de rattraper leur «retard» par rapport aux hommes sur ces mauvaises habitudes, et l’évolution défavorable de leur hygiène de vie est la raison principale de cette aggravation.

    Mais une autre chose explique aussi leur spécificité : «Les femmes connaissent également une exposition à des facteurs hormonaux spécifiques tout au long de leur vie : contraception avec oestrogènes de synthèse; grossesse avec ses risques thrombotique, vasculaire et métabolique; ménopause», précise encore l’InVS dans son bulletin. Une nouvelle campagne Pour rappeler qu’«Ensemble, nous pouvons lutter contre la 1er cause de mortalité chez les femmes», la FFC dévoile aujourd’hui, à l’occasion de la journée de la femme, une nouvelle campagne d’information dans la presse. Une femme sur trois meurt en effet d’une maladie cardio-vasculaire. En décembre, elle avait déjà initié une campagne de sensibilisation appelée «Préjugés», incitant les femmes à prendre soin de leur coeur et de leurs artères, à travers un court métrage réalisé par Maïwenn.

    *Une brochure «Coeur, artères et femmes» est téléchargeable sur le site