Au Salvador, l’un des pays (avec le Honduras) les plus violents au monde, on dénombre un homicide pour 1 000 habitants en 2015, rappelle le site El Faro dans une enquête sur la circulation des armes dans le pays. Un chiffre à mettre en perspective avec un autre : si l’on additionne les armes légales et celles qui circulent sous le manteau, on compte au Salvador une arme pour 13 personnes, ce qui équivaut à 500 000 armes en circulation, dont la moitié illégalement. “L’insécurité et la violence au Salvador lui ont coûté quelque chose comme 11 % de son PIB en 2015”, ajoute El Faro.

L’enquête du site d’investigation sur le marché de la vente d’armes dans le pays montre que celui-ci n’a cessé de croître, augmentant de 30 millions de dollars (27 millions d’euros) entre 2003 et 2015. Pour la seule année 2014, il représentait 2 millions de dollars (1,8 million d’euros) selon des chiffres officiels.

El Faro constate que les principaux groupes privés qui vendent des armes “comptent parmi leurs propriétaires des personnes liées aux partis politiques ou au gouvernement”. Et pourtant, rappelle le site, lorsque le parti actuel (FMLN, Front Farabundo Martí de libération nationale, gauche) est arrivé au pouvoir en 2009, “il a évoqué le projet de promouvoir un désarmement des populations civiles”. Le gouvernement a aussi évoqué la possibilité de modifier la loi sur les armes à feu – “très permissive” mais, jusqu’à présent, rien n’a été fait. En 2015, on a comptabilisé 6 600 homicides par balles au Salvador.

Un cessez-le-feu qui n’a pas duré

Des civils armés jusqu’aux dents, des centaines d’agences privées de sécurité au service du plus offrant, une armée et une police à fleur de peau face à la délinquance des maras, ces bandes criminelles qui terrorisent la population : il n’en faut pas davantage, constate El Faro, pour que le cycle macabre de morts par armes à feu se renouvelle d’année en année et que le marché des armes reste florissant. “Les agences de sécurité comptent 8 000 personnes de plus que les effectifs de la police”, souligne ainsi le journal.

Le sombre tableau de la violence avait pourtant connu un répit grâce à une trêve conclue en 2012 entre le gouvernement et les maras, dont l’effectif est estimé à 60 000 membres. Elle avait réussi à faire baisser substantiellement le nombre de meurtres et l’achat d’armes par des civils. Mais, à partir de 2015, cette trêve a été rompue en raison d’un changement de stratégie du gouvernement. Et la course aux armes a recommencé.