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Les Européens divisés sur l'autorisation du Roundup

Le vote sur le renouvellement de l'autorisation du glyphosate, la molécule du Roundup, a été reporté sine die.

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Par Gabriel Grésillon

Publié le 9 mars 2016 à 01:01

La bataille du glyphosate s'annonce âpre. Les Européens ne sont pas parvenus à s'entendre, mardi, sur l'avenir du principe actif présent dans les plus célèbres désherbants, dont le Roundup de Monsanto. Alors que son autorisation de commercialisation arrive à échéance à la fin juin, la Commission européenne proposait aux Etats membres de renouveler celle-ci pour une quinzaine d'années. C'était sans compter la controverse qui a éclaté, portée par les ONG et les écologistes.

Pour ces derniers, il ne fait aucun doute que le glyphosate représente un risque sanitaire important. Ils en veulent pour preuve le fait qu'une étude d'une agence de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) avait classé ce produit dans la catégorie des « cancérigènes probables ». Mais, ultérieurement, l'Autorité européenne de sécurité alimentaire (Efsa) a semblé prendre l'exact contre-pied de cette position, jugeant « improbable » le caractère cancérigène de la substance. C'est en se fondant sur cette dernière étude que les experts de la Commission européenne ont proposé le renouvellement de l'autorisation, provoquant un tollé dans une société civile convaincue que l'exécutif européen est manipulé par les intérêts des industriels.

Dans ce contexte, la réunion de « comitologie » qui s'est tenue lundi et mardi n'a pas pris la tournure escomptée. Quelques pays, dont la France, ont annoncé qu'ils ne voteraient pas le texte en l'état. La France insiste, en particulier, pour que l'attention des Européens soit élargie aux « coformulants », substances également actives dans les herbicides, et en particulier sur le rôle de la tallowamine. L'Italie et les Pays-Bas ont également fait part de leur opposition. Quelques Etats, dont l'Allemagne, se sont abstenus. Au total, la majorité qualifiée, qui recquiert 55 % des Etats membres et 65 % de la population de l'Union européenne, n'a pas été atteinte. Les négociateurs vont donc devoir se réunir à nouveau, au cours des prochaines semaines, pour tenter de trouver une issue à ce bras de fer avant l'échéance du mois de juin. Faute de quoi, tous les désherbants utilisant le glyphosate seront interdits de commercialisation.

Chez les industriels, l'inquiétude domine. Une inquiétude très concrète : le glyphosate étant un des produits les plus utilisés par les agriculteurs, se poserait la question des solutions de substitution en cas d'interdiction. Jean-Charles Bocquet, qui représente les industriels des produits phytosanitaires au niveau européen, prévient : « Ce produit n'ayant pas de réelle substitution possible, il faudrait en revenir au travail mécanique de la terre, avec notamment les énormes quantités de consommation de gazole que cela implique. » Surtout, il s'alarme du fait que, « pour la première fois, des considérations politiques et idéologiques sont venues biaiser le débat scientifique ». Les écologistes, en revanche, se sont félicités de ce blocage. « Cela nous encourage à redoubler d'efforts pour que la santé prime sur les intérêts économiques de quelques marchands de pesticides », a commenté Michèle Rivasi, députée écologiste au Parlement européen. Alice Jay, de l'ONG Avaaz, s'est félicitée que les gouvernements aient refusé de « faire de leurs populations des rats de laboratoire », malgré le fait que « la Grande-Bretagne et la Commission européenne s'associent pour défendre les intérêts de Monsanto ».

Bureau de Bruxelles Gabriel Grésillon

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