Fukushima: impact sur la faune et la flore certain et décontamination illusoire

Cinq ans après, le Japon est encore loin d’en avoir fini avec les conséquences de la catastrophe nucléaire.

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La « catastrophe de Fukushima », c’était il y a tout juste cinq ans, le 11 mars 2011. Un puissant séisme suivi d’un tsunami ont entraîné une panne du système de refroidissement de la centrale nucléaire de Daiichi. Trois de ses six réacteurs sont ensuite entrés en fusion totale, générant énormément de rejets radioactifs dans l’océan Pacifique et la zone alentour, interdite depuis lors à la population.

Mais qu’en est-il aujourd’hui des dégâts sur la faune et la flore ?

Impact visible

« De toute évidence, certains premiers impacts sont déjà visibles » déclare Greenpeace. L’organisation écologiste a publié récemment un rapport alarmant sur la question.

Au niveau de la flore, ce rapport cite notamment la contamination des tissus internes des plantes de la forêt et des arbres, des concentrations élevées dans les nouvelles feuilles et parfois le pollen (cèdre).

Chez les animaux, on constate déjà des mutations héréditaires chez certains papillons, ainsi que des niveaux élevés de contamination par le césium dans les poissons d’eau douce. Il y a également une diminution du nombre des espèces d’oiseaux, on note d’ailleurs une apparente baisse de fertilité des hirondelles.

« Le fait que nous voyions déjà des dommages de l’ADN et des mutations chez certaines espèces animales et végétales, prouve que les écosystèmes sont intrinsèquement malades  », a expliqué Kendra Ulrich, auteur de ce rapport. Une contamination radiologique de l’un des écosystèmes les plus importants, les estuaires côtiers, a en effet été observée.

Greenpeace ajoute que « les éléments radioactifs restent longtemps vivaces et sont absorbés par les plantes et les animaux. Ils se retrouvent ainsi dans la chaîne alimentaire et sont emportés vers l’océan pacifique par les typhons, la fonte des neiges et les inondations ».

Les mesures illusoires

« L’approche actuelle des autorités japonaises pour la décontamination est l’élimination de la litière de feuilles, d’une couche de sol et des plantes dans la bande de 20 mètres le long des routes et autour des maisons qui sont entourés par les forêts », rappelle l’organisation.

Selon Kendra Ulrich, « plus de 9 millions de mètres cubes de déchets nucléaires se sont déjà dispersés dans plus de 113.000 lieux de la préfecture de Fukushima ».

« Cette stratégie est cependant futile, car plus de 70 % de la préfecture de Fukushima est boisée, ce qui rend impossible la décontamination », insiste le rapport. La situation va s’aggraver au fil des ans, ajoute le groupe écologiste qui appuie ses travaux sur des recherches effectuées par lui-même et des études de tiers.

De plus, cette terre raclée a été jetée dans des sacs poubelles, qui sont entreposés dans une vingtaine d’endroits proches de Fukushima. Mais ces sacs ont une durée de vie limitée, entre cinq et dix ans. Dans ces champs de sacs noirs, on peut déjà voir les dégâts du temps, et la terre réapparaître à l’air libre.

Pas d’amélioration prévue

La stratégie de décontamination de la région de Fukushima relève donc de l’illusion alors que l’impact, déjà visible, de la radioactivité sur la faune et la flore de la région va durer des décennies, a prévenu Greenpeace.

« Cinq ans après l’accident nucléaire de Fukushima Daiichi, il est clair que les conséquences environnementales sont complexes et étendues. En raison des radionucléides rejetés par l’accident, et leur intégration dans le cycle des matières des écosystèmes, les effets de la catastrophe vont durer pendant des décennies et des siècles », souligne l’organisation écologiste dans son rapport.

Tous les scientifiques s’accordent à dire que la compréhension de la pleine échelle de la catastrophe de Fukushima pour l’environnement naturel en est seulement à sa première phase.

« Avec l’accident de Tchernobyl (Ukraine, 1986) comme référence, nous nous attendons à ce que ces impacts continuent et s’aggravent, cumulant les effets des dommages sur l’ADN et la baisse de fertilité de la flore et de la faune au fil des générations dans la région de Fukushima  », selon la militante.

 

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