Les unes après les autres, les frontières se ferment en Europe : Macédoine, Autriche, Hongrie, Croatie, Slovénie, Serbie : c’est la fin de la “route des Balkans” qui, d’après les chiffres de l’agence Frontex, a permis à 885 000 migrants d’arriver en Europe en 2015.

De ce fait, des dizaines de milliers de migrants se retrouvent bloqués en Grèce, “à la recherche d’une route alternative vers le nord”, comme le relève le site Politico, dans sa version européenne. Et Rome s’inquiète de ce qu’ils pourraient prendre la destination des Pouilles, dans le talon de la botte italienne, en passant par l’Albanie.

Tandis que les ministres européens de l’Intérieur se rencontrent ce jeudi [10 mars] pour discuter du plan qui consiste à renvoyer en Turquie tous les migrants qui se trouvent sur les îles grecques, les Italiens ont un autre souci : comment gérer le potentiel afflux venu d’Albanie, au moment même où le retour des beaux jours promet [une nouvelle vague de] bateaux chargés de migrants à travers la Méditerranée, de l’Afrique du Nord en Sicile”.

Si l’inquiétude de l’Italie est réelle – d’après La Stampa, certains conseillers gouvernementaux avancent des estimations autour de 120 à 140 000 personnes – elle ne repose sur aucun signe tangible pour le moment, comme l’a souligné le ministre de l’Intérieur Angelino Alfano le 10 mars.

Pays d’émigration

Ce ne serait en tout cas pas la première fois qu’une vague de migrants arrive d’Albanie, comme le rappelle The Economist. Il y a 25 ans, la chute de la dictature et “la rumeur que les Italiens distribuaient des visas” avait conduit des hordes d’Albanais à tenter leur chance. “Puis les Italiens promirent 9 millions de dollars (16 actuels, soit 14,3 millions d’euros) au gouvernement albanais pour qu’il garde son peuple chez lui, et le flot se tarit”.

L’Albanie est restée un pays d’émigration, poursuit le magazine britannique. Ce qui n’en fait pas nécessairement un pays bien disposé à l’égard des migrants – du moins aux dires de son Premier ministre, Edi Rama. Et les conditions de vies y demeurent difficiles.

Pour fuir la pauvreté, près de 55 000 Albanais se sont joints aux flux migratoires venus du Moyen-Orient l’année dernière pour tenter leur chance et demander l’asile politique en Allemagne (presque tous échoueront)”.