«On m'a crucifié et coupé l'oreille»

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Ukraine«On m'a crucifié et coupé l'oreille»

Un militant ukrainien très actif contre le président Viktor Ianoukovitch, enlevé le 22 janvier et relâché jeudi soir, a raconté vendredi avoir été torturé pendant une semaine.

Dmytro Boulatov a dit qu'à en juger par leur accent, ses ravisseurs étaient à son avis des Russes.

Dmytro Boulatov a dit qu'à en juger par leur accent, ses ravisseurs étaient à son avis des Russes.

Son cas, qui a suscité une vive émotion en Ukraine et en Europe, s'ajoute à d'autres passages à tabac et enlèvements d'opposants, dont un mortel, survenus durant la contestation sans précédent qui secoue le pays depuis plus de deux mois.

A ce jour, 33 personnes ayant pris part aux manifestations contre le pouvoir sont portées disparues, selon l'ONG SOS Euromaïdan qui répertorie ces cas, sans qu'il soit possible de vérifier ce chiffre.

La contestation contre le régime du président Viktor Ianoukovitch est née de sa sa volte-face en novembre sur un rapprochement avec l'Union européenne au profit de la Russie. «Ils m'ont crucifié, m'ont coupé une oreille et tailladé le visage, ils m'ont roué de coups sur tout le corps. Mais, Dieu merci, je suis vivant», a déclaré vendredi Dmytro Boulatov, selon des images des chaînes de télévision privées Kanal 5 et 1 1.

On distingue sur les images télévisées du sang coagulé sur son visage, des blessures sur ses mains et des vêtements imprégnés de sang. Ce père de trois enfants âgé de 35 ans, porté disparu le 22 janvier, a été abandonné jeudi soir dans une forêt de la banlieue de Kiev après avoir été retenu et torturé pendant plus d'une semaine. Il a réussi à rejoindre un village d'où il a appelé au secours.

Dmytro Boulatov est l'un des leaders d'Automaïdan, mouvement de manifestants en voiture, qui avait organisé plusieurs actions spectaculaires devant la résidence du chef de l'Etat près de Kiev. La chef de la diplomatie de l'UE, Catherine Ashton s'est dite «consternée» vendredi par les signes évidents de torture prolongée au militant. Elle a lié l'affaire de M. Boulatov à celle du militant Iouri Verbitski, dont le corps, portant des marques de tortures, avait été retrouvé dans une forêt dans le même secteur de la banlieue de Kiev le 22 janvier parlant de «deux cas de ciblage délibéré».

«Acte d'intimidation»

Iouri Verbitski, laissé dans la forêt après avoir été violemment battu est officiellement mort d'«hypothermie». Il avait été kidnappé dans le centre de Kiev avec un autre militant, Igor Loutsenko, qui, battu et abandonné dans les bois lui aussi, a réussi à s'en sortir vivant. L'un des chefs de l'opposition, Vitali Klitschko, qui a rendu visite à l'hôpital à Dmytro Boulatov, a dénoncé un «acte d'intimidation» à l'égard des opposants les plus actifs au régime. Plusieurs autres membres d'Automaïdan ont fui l'Ukraine en se disant menacés.

La journaliste Tetiana Tchornovol, dont la violente agression en décembre, et le visage tuméfié sur les photographies, avait suscité une forte émotion, est également membre de ce mouvement. «Une vingtaine de voitures de nos militants ont été brûlées dans la nuit de jeudi à vendredi», a indiqué à l'AFP Sergui Poïarkov, un autre leader du mouvement. «Personne ne se sent plus en sécurité», a-t-il dit. Un autre chef de file de l'opposition, Arseni Iatseniouk, qui participera avec Vitali Klitschko samedi à une conférence internationale sur la sécurité à Munich, lors de laquelle les deux hommes doivent rencontrer le secrétaire d'Etat américain John Kerry, a pour sa part déclaré qu'il demanderait «une enquête internationale sur les meurtres, tortures, enlèvements et persécutions contre les journalistes».

L'ONG Human Rights Watch a indiqué vendredi dans un communiqué d'avoir répertorié 13 cas où la police avait délibérément frappé ou visé avec des tirs de balles de caoutchouc des journalistes couvrant la contestation, ou des médecins. Des ONG ukrainiennes parlent de 60 cas. «Il est possible de frapper accidentellement un journaliste ou un médecin, mais pas des dizaines», a souligné Anna Neistat, responsable de HRW. (ats)

Ashton est «consternée»

La chef de la diplomatie de l'UE, Catherine Ashton, a exprimé son indignation vendredi après les déclarations d'un militant ukrainien, opposé au régime, qui a raconté avoir été enlevé et torturé pendant une semaine. «Je suis consternée par les signes évidents de torture prolongée et le traitement cruel infligé» au militant ukrainien très actif contre le président Viktor Ianoukovitch, Dmytro Boulatov, a écrit Mme Ashton dans un communiqué. Mme Ashton a lié l'affaire de M. Boulatov à celle du militant Iouri Verbitski, dont le corps, portant des marques de tortures, avait été retrouvé dans une forêt le 22 janvier. «Il s'agit de deux cas de ciblage délibéré» visant des leaders d'Automaïdan, mouvement de manifestants en voiture, qui avait organisé plusieurs actions spectaculaires devant la résidence du chef de l'Etat près de Kiev, a estimé Mme Ashton.

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