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DIPLOMATIE

Les premiers pas de Jean-Marc Ayrault au Quai d’Orsay

Le 11 février 2016, Jean-Marc Ayrault, le plus germanophile des hommes politiques français, a succédé à Laurent Fabius. Son arrivée a entraîné un changement de ton de la diplomatie française sur certains dossiers épineux.

Jean-Marc Ayrault au Caire le 9 mars 2016.
Jean-Marc Ayrault au Caire le 9 mars 2016. Khaled Desouki, AFP
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À eux deux ils incarnent la fameuse amitié franco-allemande. Le nouveau ministre français des Affaires étrangères, Jean-Marc Ayrault, et son homologue allemand, Frank-Walter Steinmeier, seraient même de bons amis. Le 11 février dernier, à la suite de l’annonce du remaniement ministériel français, Frank-Walter Steinmeier a félicité en français son "cher" Jean-Marc Ayrault pour sa nomination. "Je me réjouis d’avance d’œuvrer ensemble à la coopération, au partenariat et à l’amitié franco-allemande", avait-il déclaré.

Le retour au gouvernement de l’ancien Premier ministre de François Hollande, l’un des rares hommes politiques français à maîtriser la langue de Goethe grâce à son passé de professeur d’allemand, satisfait les autorités outre-Rhin. L’ancien maire de Nantes a réussi à construire par le passé une relation de confiance avec le ministre allemand des Affaires étrangères.

"Jean-Marc Ayrault est bien placé pour redynamiser la relation [entre Paris et Berlin] à un moment où les deux pays constatent que leur éloignement relatif les dessert tous les deux", analyse Pascal Boniface, directeur de l’Institut de relations internationales et stratégiques (Iris), dans son édito du 16 février publié sur le site de l’organisation.

Pour son premier déplacement à l’étranger, Jean-Marc Ayrault était accompagné de son homologue allemand. Les deux hommes se sont rendus à Kiev les 22 et 23 février pour demander au gouvernement ukrainien de poursuivre ses réformes. Sur le dossier du conflit dans l’est de l’Ukraine, Français et Allemands semblent décider à parler d’une seule voix.

"Angela Merkel a raison d’ouvrir les portes de son pays aux réfugiés"

Européen convaincu, Jean-Marc Ayrault croit au couple franco-allemand moteur de l’Europe. Alors que Manuel Valls s’est attiré les foudres des socialistes mi-février en affirmant que l'UE devait faire passer le message que "nous n'accueillons plus de réfugiés", que "sinon, nous serons amenés à rétablir les frontières intérieures", Jean-Marc Ayrault a salué la politique d’accueil de la chancelière allemande. "Angela Merkel a moralement et politiquement raison d’ouvrir les portes de son pays aux réfugiés", affirmait-il le 10 mars sur iTélé.

L’Allemagne, qui a déjà accueilli plus d’un million de réfugiés, se trouve néanmoins rattrapée par le nombre de personnes qui continuent à demander l’asile sur son sol. Angela Merkel est critiquée jusque dans son camp pour sa trop grande générosité et forcée de prendre des mesures comme la limite du regroupement familial ou l’accélération des procédures d’expulsion pour les personnes qui ne sont pas éligibles au droit d’asile.

Barbara Kunz, chercheuse au Cerfa (Comité d'études des relations franco-allemandes) expliquait, début mars, sur l’antenne de France 24, que la crise politique que doit affronter la chancelière pourrait être lourde de conséquences : "Le grand problème pour Angela Merkel est bien sûr de perdre les Allemands lors des prochaines élections".

"Encourager l'opposition syrienne à revenir à la table des négociations"

Face au flux de réfugiés syriens qui tentent de fuir la guerre et de rejoindre l’Europe, il devient de plus en plus urgent de trouver une solution pour ramener la paix en Syrie. Les ministres des Affaires étrangères américain et européens doivent se retrouver, dimanche 13 mars, à Paris, pour faire le point sur la situation avant la reprise des pourparlers à Genève.

Jean-Marc Ayrault a annoncé qu’il s’agissait de vérifier que "tout avance comme nous le souhaitons" afin d’"encourager l'opposition à revenir à la table des négociations". Par ailleurs, les Européens vont aussi demander aux Américains, promoteurs avec les Russes de l'accord de trêve, à "être associés étroitement au contrôle de l'efficacité du cessez-le-feu en Syrie".

S’inscrivant dans la continuité de la fermeté exprimée par Laurent Fabius sur le dossier du conflit syrien, Jean-Marc Ayrault a déclaré fin février, en marge de la session annuelle du Conseil des droits de l’Homme de l’ONU à Genève, que la France "ne se mettra pas du côté de ceux qui voudraient mettre les violations des droits de l’Homme et le droit humanitaire entre parenthèses, sous le tapis".

Les négociations sont encore loin d’aboutir tant les divergences entre les différentes parties sont grandes. Sur ce dossier, "Jean-Marc Ayrault a pour seul avantage de pouvoir reprendre le dossier de zéro", résume Pascal Boniface.

"Il n’y a jamais rien d’automatique"

Autre dossier brûlant dont a hérité Jean-Marc Ayrault à son arrivée au quai d’Orsay : les négociations de paix israélo-palestiniennes. Fin janvier, Laurent Fabius avait choqué l’État hébreu en affirmant qu’en cas d’échec des négociations, la France reconnaîtrait l’État palestinien. L’ancien maire de Nantes a d’emblée adopté une position plus mesurée et assuré le 9 mars, lors d’une visite au Caire, qu’il "n'y a jamais rien d'automatique".

Le chef de la diplomatie française aura surtout pour tâche de parvenir à convoquer une conférence internationale "d’ici l’été", comme l’avait annoncé Laurent Fabius fin janvier.

À un petit peu plus d’un an de l’échéance présidentielle, la mission de Jean-Marc Ayrault sera donc principalement, contrairement à son prédécesseur qui s’est illustré par la signature du traité avec l’Iran et de l’accord sur le climat, d’assurer une continuité dans les dossiers dans lesquels la France est impliquée.
 

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