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Stoppez les décapitations!

La France, pays des lumières, celui des penseurs visionnaires, Diderot, Locke, Bayle et Voltaire, fière de l'Arabie saoudite? Vraiment? Quel égarement! Pour satisfaire quoi?
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Ce texte devait, à l'origine, être publié comme un simple post sur Facebook. De plus en plus long, il s'est transformé en un billet de blogue en l'espace de quelques minutes.

Ce tweet lancé par le père d'Ali Mohammed Baqir al-Nimr. OK! Il n'est pas salafiste. Il est chiite. Ce tweet lancé par un père! Par crainte que son fils ne soit parmi les prochains décapités et exécutés en Arabie saoudite dans les jours qui suivent, a été publié hier sur Twitter à la suite de la lecture d'un journal en arabe. Ali a été arrêté, contre les lois internationales de défense des mineurs, à l'âge de 17 ans, torturé et emprisonné depuis, après une manifestation pendant le printemps arabe, avec menace de décapitation. Il a maintenant 21 ans.

Son grand-père, un des leaders religieux chiites, a été un des premiers décapités au début de l'année 2016. Il était le grand défenseur de la minorité chiite en Arabie saoudite.

Qui était vraiment le Cheikh Nimr Baqer al-Nimr, l'imam chiite exécuté, le 2 janvier 2016, en Arabie saoudite ?

Oui, nous l'avons lu! Il était chiite!

Qu'ils soient chiites ou sunnites?

Quelles lois protègent l'honneur des êtres humains? Des autres jeunes prisonniers mineurs arrêtés pendant une manifestation pacifique: Dawood Al-Marhoon, Abdullah Al-Zaher?

Et de quel honneur parle-t-on? D'un véritable principe moral? Dans ce cas-là, le monde devrait aller se cacher plutôt que de faire l'autruche devant un principe moral si profondément bafoué: celui de continuer à voir l'Arabie saoudite à la tête du panel du Conseil des droits de l'homme et celui d'assister aux vagues de décapitations et de mises à mort.

« Les Nations Unies décrivent souvent ces experts comme les "joyaux de la couronne" de son Conseil des droits de l'Homme, pourtant l'organisation mondiale a tout simplement sapé sa légitimité en désignant une théocratie fondamentaliste qui opprime les femmes et les minorités pour présider la commission chargée de la nomination des experts », Hillel Neur, directeur général de UNWatch.

Et cette semaine, nous apprenions que le prince héritier d'Arabie saoudite a reçu la médaille de la Légion d'honneur en France.

Légion d'honneur. Vraiment? L'honneur, c'est, nous dit le dictionnaire Antidote :

«le respect de principes moraux par quelqu'un qui entraîne la fierté de cette personne et qui mérite la considération des autres.»

La France, pays des Lumières, celui des penseurs visionnaires, Diderot, Locke, Bayle et Voltaire, fière de l'Arabie saoudite? Vraiment? Quel égarement! Pour satisfaire quoi? Qui? Il y aurait plusieurs réponses plausibles à cette simple question. Oui, un détail, ceci dit, et lire ironiquement: nous avons compris le rempart que constitue l'Arabie saoudite à l'Iran, l'ennemi chiite, qui créera, peut être, la bombe atomique d'ici 5 ans. Un autre dossier...

Ne pas s'égarer... et revenons au principe moral lié à l'honneur d'un pays. Le principe moral d'un pays, c'est de respecter ses propres lois et les lois internationales défendues et ratifiées par les pays amis.

Autre exemple de lois bafouées. Le cas de Raif Badawi et en référence au rapport d'Avocat sans frontières sur le procès mal conduit et les lois internationales non honorées. L'honneur, c'est de respecter les lois internationales que nous sommes censés défendre à la tête d'un organisme que nous dirigeons. Sinon, tout donne lieu de croire que nous avons réussi à en usurper le mandat et que nous continuons de diriger un panel devant l'indignation des citoyens, des organismes de défense des droits de l'homme et de la démocratie du monde entier, de même que de certains gouvernements justes, en poursuivant sur la même voie comme si la fonction et le titre étaient indissociables des actions à mener.

Ou alors, nous sommes des malfaiteurs, des tortionnaires, des maîtres chanteurs qui menacent de couper les vivres à ses petits amis s'ils ne marchent pas droit et ne chantent pas en coeur ou à tout le moins à l'unisson avec nous. Le tortionnaire de la Seconde Guerre mondiale n'aurait pas fait mieux. La mafia sicilienne et les gouvernements voyous devraient continuer de prendre exemple.

Comment les représentants de l'Arabie saoudite ont-ils pu aller jusqu'à marcher pour signifier qu'ils étaient Charlie à Paris en janvier 2015. Un an plus tard, décapiter 47 personnes pour commencer l'année et continuer son oeuvre en mars 2016 après avoir reçu la Légion d'honneur de la France! À la barbe du monde entier.

À la face du monde! Comme pour défier le monde! Ce qu'elle continue de faire. 70 décapitations depuis janvier 2016.

Chaque fois que l'Arabie saoudite reçoit un honneur international, la série de décapitations débute dans les semaines qui suivent. Confiante de sa légitimité d'agir.

Jusqu'où iront les pays occidentaux pour conserver l'amitié - lire les pétrodollars - pour que l'Arabie saoudite lui reste un fidèle ami ?

La question à se poser : pour quelle raison l'Arabie saoudite ne donne-t-elle pas l'exemple aux autres pays arabes, pendant son mandat à la tête du Conseil des droits de l'Homme, en devenant le véritable «joyau de la couronne» des Nations unies, comme aime l'organisme qualifier son Conseil. Pour quelle raison ne se conforme-t-elle pas aux lois internationales en libérant les prisonniers activistes qui prônent la liberté de conscience, de presse, de religion? Activistes qu'elle détient emprisonnés.

Les libérer parce que ce ne sont pas des criminels. Ce sont des penseurs - des baromètres qui nous permettent de mesurer notre degré de liens avec eux: nos idées partagées ou celles qui nous rebutent! Ce serait un formidable message lancé au monde entier!

Le Canada pourrait alors, peut-être, songer à offrir à l'Arabie saoudite la si prestigieuse médaille de l'Ordre du Canada:

- Que le pays offre enfin un sauf-conduit à Raif pour qu'il puisse rejoindre sa famille à Sherbrooke au Québec.

- Que l'Arabie saoudite accepte de le libérer pour honorer ce sauf-conduit. Cet homme qui aime son pays, et qui aurait souhaité un changement pour que les citoyens et la jeunesse puissent s'y émanciper. Lire son livre si ce n'est déjà fait pour vous en convaincre.

- Et à condition qu'elle libère les prisonniers de conscience et que les décapitations cessent!

En souhaitant que le Canada n'ait pas déjà songé à offrir cette médaille avant que l'Arabie saoudite n'ait montré patte blanche dans son respect des droits de l'homme et de la démocratie. Ce que la France n'a pas exigé!

Pour l'instant, qu'ils soient extrémistes, sunnites ou chiites, les liaisons sont dangereuses!

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