« Le démantèlement a pour objectif d’évacuer les matières radioactives, de démonter les équipements et d’assainir les locaux des installations nucléaires afin d’aboutir à un état final sans radioactivité résiduelle significative. Pour cela, différentes étapes, très balisées et qui prennent du temps, doivent être respectées.

En France, neuf réacteurs, tous de première génération, sont en cours de démantèlement. Ceux de Fessenheim pourraient être les prochains. L’expérience industrielle se développe au fil de ces opérations. En effet, aucun réacteur de puissance n’a encore été complètement démantelé dans notre pays.

La difficulté du processus réside particulièrement dans la gestion des risques associés aux opérations de démontage des matériels qui constituent l’installation, dont certains sont très radioactifs. Ils peuvent être liés à la dispersion de la radioactivité, à l’exposition du personnel aux rayonnements, à un incendie lors de travaux de découpe… Il s’agit d’un projet industriel de grande ampleur, qu’il convient de planifier, d’organiser et de gérer de façon à maîtriser les risques.

La première étape de la mise à l’arrêt définitif et du démantèlement suit l’arrêt du réacteur avec notamment le déchargement du combustible du cœur du réacteur vers la piscine d’entreposage associée. C’est une action habituelle effectuée lors du « rechargement » périodique du combustible des réacteurs.

Puis les opérations vont se poursuivre avec l’évacuation de l’ensemble du combustible vers l’usine de retraitement de La Hague. Cela prend plusieurs années car ces transports s’inscrivent dans le flux de transport de combustible usé des réacteurs en fonctionnement qui représente environ 200 convois par an.

Il faut également intervenir sur les équipements qui ont été en contact avec des matières radioactives. C’est la deuxième étape. Ces derniers sont alors démontés et découpés, puis les bâtiments seront décontaminés et contrôlés avant leur déconstruction. Avec une attention toute particulière pour la cuve du réacteur, très irradiante. À elle seule, cette étape peut durer une vingtaine d’années.

Les déchets produits sont ensuite orientés suivant leur degré de radioactivité vers différents centres de stockage en France (1) ; les plus actifs sont entreposés en attente d’un stockage ultérieur (2).

L’ensemble d’un démantèlement peut donc durer plus de vingt ans et ne peut avoir lieu qu’après une autorisation administrative.

L’exploitant doit faire une demande auprès du ministre chargé de la sûreté nucléaire accompagnée de documents. Après examen technique et enquête publique, les travaux de démantèlement ne peuvent débuter qu’après publication d’un décret d’autorisation. Cette procédure peut durer entre trois et cinq ans.

À la fin du démantèlement complet, des contrôles de radioactivité sont effectués sur le site. Le niveau final dépend notamment de la réutilisation envisagée du site de l’installation. »

(1) Soulaines et Morvilliers, tous deux dans l’Aube.

(2) Projet du centre de stockage géologique Cigéo à Bure (Meuse).