Loi travail : en arrière toute ?

Les éditorialistes ne donnent pas cher du nouveau texte de réforme. La faute de l'exécutif qui n'a pas su expliquer le bien-fondé de sa démarche.

(avec AFP)

Les éditorialistes pointent les erreurs de communication de l'exécutif sur le projet de loi.
Les éditorialistes pointent les erreurs de communication de l'exécutif sur le projet de loi. © AFP

Temps de lecture : 3 min

À quelques heures de la présentation d'une version « corrigée » du projet contesté de réforme du droit du travail, les éditorialistes estiment lundi que « l'exécutif joue son va-tout » et s'attendent à un « recul » de la part du gouvernement. « Hollande et Valls jouent leur va-tout », titre Les Échos qui estime que « le rejet actuel de la réforme du marché du travail par une partie de la gauche ne doit pas faire dévier François Hollande de cette ligne, au risque de perdre sur tous les tableaux ». « Un quitte ou double », assure Philippe Palat, du Midi libre. Car soit [le gouvernement] désamorce la grogne avec des aménagements qui séduisent les syndicats, apaisent les jeunes et calme la rue ; soit il rate le coche et la colère s'amplifiera. Voire se généralisera. »

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Une loi écrite « par un homme seul »

Le « président joue son va-tout dans une fin de quinquennat dont il semble avoir lui-même organisé le chaos », remarque Bruno Dive de Sud-Ouest. Qui fustige la méthode et pointe les erreurs de François Hollande dans cette affaire : « Tout a été fait à l'envers dans cette affaire. Au lieu de pratiquer en amont la négociation sociale, on sort dans la presse un avant-projet de loi (...), on brandit d'emblée la menace du 49.3. (...) Puis devant la fronde qui monte et face à la rue qui gronde, on se décide à pratiquer dans l'urgence cette concertation. (...) Commencée sous le signe de la concertation sociale et des accords paritaires, ce quinquennat s'achève sur une importante loi sociale écrite par un homme seul », souligne l'éditorialiste.

Pour Raymond Couraud de L'Alsace, « Manuel Valls joue gros » : « Il tire la dernière cartouche d'un gouvernement assiégé et qui paraît condamné à l'immobilité. » « Aujourd'hui, l'exécutif a rendez-vous avec son destin », assène Jean Levallois, dans La Presse de la Manche. C'est à lui qu'il revient de convaincre du bien-fondé de ses propositions et de la nécessité, pour notre pays, de ne pas rester immobile. »

Tripatouillage ou reculade ?

Reste à savoir ce qu'il restera de la réforme dans cette nouvelle mouture. « Un peu, beaucoup, énormément ? » ironise Olivier Auguste dans L'Opinion. En effet, selon lui, « Manuel Valls s'apprête à dévoiler l'ampleur du recul sur le projet de loi travail ». La faute à un défaut de pédagogie : « Tétanisé par sa majorité qui lui échappe, François Hollande n'assume pas sa propre logique. Le résultat est là : faute d'avoir eu le courage d'expliquer ses idées, il se prive de la possibilité de les appliquer. »

Seule L'Humanité juge que la réécriture du texte n'est qu'une mise en scène. Selon Patrick Apel-Muller, « François Hollande et Manuel Valls ont soupesé ce qu'il fallait modifier pour ne rien changer à la loi sur le travail. L'éditorialiste s'attend à « un tripatouillage de texte. Un dernier bluff » de la part de l'exécutif. Mais pour les autres éditorialistes, face à l'ampleur du mécontentement, le gouvernement ne pourra se contenter de changements cosmétiques : « Des modifications substantielles doivent être présentées ce lundi », croit savoir Leïla de Comarmond, des Échos. Et pour Nicolas Fostier, dans L'Union et l'Ardennais, cette réécriture est bel et bien une reculade : « Hollande et Valls [vont faire] machine arrière ». Et la loi va être « entièrement vidée de sa substance. »

Mort-née

Même tonalité dans Le Figaro : « Que restera-t-il de la réforme du droit du travail ? » se demande ainsi Yves Thréard. Ce dernier redoute que « d'un amendement à l'autre, la montagne n'accouche d'une souris (...) et que la révolution souhaitée pour plus d'emplois et moins de bureaucratie ne se transforme en une nouvelle déroute pour François Hollande ».

« Hollande et Valls n'ont plus beaucoup d'arguments à mettre dans la balance pour espérer renverser la vapeur », explique Jean-Louis Hervois, de La Charente libre. « Quelle que soit la nouvelle mouture de ce projet, il ne pourra satisfaire tout le monde », déplore Raymond Couraud, de L'Alsace. Il suffit que la gauche et les syndicats trouvent les changements insuffisants pour que cette version quasiment mort-née soit enterrée. »

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Commentaires (28)

  • hotphot30

    @papa12... : Oui, la France a un besoin impéraif de grandes réformes... Celles qui s'imposent pour mettre le Pays en ordre de marche positif seront abruptes pour toute une catégorie de privilégiés... En premier revoir le statut des syndicats. Mettre au clair leurs financements et leurs gestions du patrimoine engrangé par les Comités d'Entreprises des sociétés, immobilier prestigieux géré par les grandes centrales syndicales... Ce qu'un aspect sur ce qui attend les vainqueurs de Mai et Juin 2017 pour envisager de mettre en place une économie digne de ce nom...

  • hotphot30

    Les dirigeants Syndicaux de notre Pays veulent garder leurs larges prérogatives et grands avantages... Malgré leur très faible % en syndiqués encartés, ces dirigeants gardent une emprise quasi totale sur la vie économique... Leur atavisme est ancré dans une conception de société du 20 ème siècle... Tout en bénéficiant de grands bienfaits qui leur sont attribués par le biais des Comité d'entreprise... Leurs luttes sont essentiellement politiques et non en valeurs économiques pour l'avancement du Pays... Il est vrai qu'ils sont aidés par un MEDEF qui ne représente que les entreprises du CAC 40...

  • papa12

    HOLLANDE est incapable de gouverner, VALLS est un agité peu courageux et c'est la France jour après jour qui s'enfonce vers le pire.
    comment est -il possible de reculer pour 300 milles personnes dans les rues, pour des syndicats non représentatifs qui prennent pour un oui pour un non la très grande majorité des Français en otage ?
    Notre pays compte 28 à 29 millions de Français en âge de travailler, 2, 4 millions d'étudiants et n'oublions pas les millions de lycéens et voilà que la gauche impose à la France entière des réactions du passé et oubli l'essentiel les 6 millions de chômeurs et les 2 millions de jeunes qui sont sans rien, mais avec ces malhonnêtes, la France coule, nous sommes complètement largués par nos associés Européens, il faut des réformes
    en urgence et cesser de vivre avec nos acquis, les syndicats sont hors course et il faut réagir vite, ou nous allons tous sans exception payer très cher la facture du déclin ! !
    La France est entré les mains des minorités, c'est la chienlit, HOLLANDE et VALLS sont responsables de cette catastrophe, Les Français sont d'accord pour des réformes mais
    toujours... Pour les autres, attention nous sommes au bout de l'inacceptable et l'implosion est plus proche que nous le croyons...