Menu
Libération
Accueil

Hébergement d'urgence : Paris défend son projet dans les beaux quartiers

Une «réunion d'information» était convoquée lundi soir par le maire du XVIe arrondissement, Claude Goasguen, en guerre contre ce projet.
par Sibylle Vincendon
publié le 14 mars 2016 à 20h02
(mis à jour le 14 mars 2016 à 20h05)

En 1875, Claude Goasguen, maire (LR) du XVIe arrondissement de Paris, n'était pas encore une lueur dans l'oeil de sa grand-mère que déjà, l'association Aurore venait en aide aux nécessiteux. C'est dire que 140 ans plus tard, la structure a suffisamment d'expérience pour garantir la tranquille gestion d'un centre d'hébergement d'urgence, fût-il dans le chic XVIe arrondissement de Paris. «Nous ne disons pas qu'il n'y aura jamais de problèmes. Mais nous serons toujours là pour les gérer», a affirmé Eric Piez, directeur de la structure, lors d'une conférence de presse qui réunissait aussi Ian Brossat , adjoint de la maire de Paris au Logement et Sophie Brocas, secrétaire générale de la préfecture de Paris.

Des problèmes, Claude Goasguen en prédit des quantités. Il voit dans ce projet la promesse d'un «nouveau Sangatte». Affirmant qu'«on ne pourra pas empêcher les gens de venir s'installer», il a lancé une pétition qui a recueilli 40000 signatures et qu'il affiche à la mairie. L'élu dénonce aussi une atteinte au bois de Boulogne car le projet est prévu à sa lisière. Il a convoqué ce lundi soir une réunion d'information pour les riverains.

À suivre le live-tweet de la réunion par @Smouillard

De quoi s'agit-il ? D'un centre d'hébergement d'urgence installé là pour trois ans. Les bâtiments sont modulaires, démontables et construits sans fondations. Ce caractère temporaire n'est pas une nouveauté dans l'hébergement des sans-abris: les associations se voient souvent confier par la ville de Paris des bâtiments promis à des travaux mais utilisables dans l'intervalle. Eric Piez explique que ces «sites intercalaires sont très intéressants. Aurore a l'habitude de ces lieux: l'association héberge depuis quatre ans 200 personnes dans les anciens locaux de l'Institut de la propriété intellectuelle, dans le VIIIe arrondissement».

Dans le XVIe, nouveauté, le site n’est pas un bâtiment mais un morceau d’une rue adjacente au bois. Il suffit de connaître le site pour voir que les premiers immeubles riverains sont à distance (50 mètres) et que le bois n’est pas plus grignoté par le projet que par la rue elle-même.

Mais surtout, le système des centres d'hébergement d'urgence est loin de toute idée de campement sauvage. 200 personnes y vivront, dont 100 isolées et les autres en famille, avec un encadrement suivi vers le relogement, l'insertion et le travail quand c'est possible. «La loi nous fait obligation de mettre à l'abri les personne en situation de détresse, souligne Sophie Brocas. C'est la fraternité de notre devise. Chaque année, nous hébergeons 30000 personnes à Paris». 78 centres fonctionnent sur la capitale. Aurore gère au total 150 établissements, «y compris dans le XVe arrondissement ou à Ville d'Avray», dit Eric Piez.

«Nous prêtons régulièrement des sites à l'Etat», confirme l'adjoint au Logement Ian Brossat. Il ne cache pas sa «volonté de rééquilibrer. Le XVIe est le seul quartier où il n'y a aucun centre d'hébergement.» Il sera à la réunion d'information. «Il y a des inquiétudes de bonne foi, note-t-il, mais aussi des inquiétudes entretenues par certains politiques.»

Pour aller plus loin :

Dans la même rubrique