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‘L’impôt caché de l’espérance de vie’

Chacun s’accorde à dire que l’allongement de la durée de vie est une bonne chose. Mais comme le fait remarquer Jacques Attali, cela produira un certain nombre de tensions financières.

Il faut toujours lire les écrits de l’économiste et essayiste Jacques Attali. Même si vous n’êtes pas d’accord avec ses prévisions ou ses raisonnements (1), il faut bien reconnaître que ceux-ci sont stimulants et forcent à réfléchir.

C’est le cas avec l’espérance de vie. Chacun s’accorde à dire que l’allongement de la durée de vie est une bonne chose. Mais généralement, le constat s’arrête là, sans s’interroger davantage sur les conséquences économiques possibles ou imaginables de cet allongement de l’espérance de vie. Il est vrai que les aspects positifs ne sont pas à négliger.

Comme le fait remarquer à juste titre Jacques Attali, au 19e siècle, une femme était déjà considérée comme âgée à 30 ans. Elle devait donc renoncer à toute relation sentimentale ! Aujourd’hui, fort heureusement, les moeurs et la biologie ont changé la donne et nous permettent de vivre avec nos petits-enfants, voire même nos arrière-petits-enfants.

L’espérance de vie fonctionne déjà – et fonctionnera de plus en plus – comme un impôt sur l’héritage

En revanche, Jacques Attali a aussi beau jeu de prévenir que l’allongement de l’espérance de vie produira une certaine tension financière. D’abord, parce qu’il faudra travailler plus longtemps pour financer une retraite devenue beaucoup plus longue. Ensuite, parce que les personnes qui vivront plus longtemps – vous et moi – vont forcément dépenser une somme d’argent qui, en d’autres temps, aurait été léguée à nos héritiers. Jacques Attali explique donc très justement que l’espérance de vie fonctionne déjà – et fonctionnera de plus en plus – comme un impôt sur l’héritage. Ce qui évidemment rendra plus difficile l’achat d’un bien immobilier par les jeunes ménages, puisque lorsque leurs parents décéderont, ils seront déjà eux-mêmes à la retraite depuis longtemps.

Par conséquent, sauf pour les familles aisées, les coups de pouce aux jeunes ménages pour financer une partie de leur achat immobilier ou pour acheter un fonds de commerce seront plus rares. En effet, les parents vivront plus longtemps et en meilleure santé, et ils voudront fort légitimement profiter de leurs vieux jours en voyageant par exemple. Et puis, si les taux d’intérêt restent aussi bas qu’aujourd’hui, le capital de ces retraités ne rapportera rien et ils devront donc bien gérer leur épargne-retraite au compas. Oserais-je dire que nous sommes d’ores et déjà dans ce scénario ?

(1) À qui profite la vie, Jacques Attali, l’Express.fr

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