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Gérer la panique, l’évacuation des blessés… Les grandes villes de France simulent des attentats

Soixante-quinze exercices de gestion de situations de crise sont prévus pour 2016, dont beaucoup avant le début de l’Euro de football, en juin.

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Publié le 16 mars 2016 à 16h57, modifié le 22 mars 2016 à 14h36

Temps de Lecture 5 min.

La police sécurise la zone autour du Stade de France, à Saint-Denis, après les attentats du 13 novembre 2015 lors du match France-Allemagne.

Trois mois avant le début de l’Euro 2016, Bernard Cazeneuve, le ministre de l’intérieur, a appelé, mercredi 16 mars, à « renforcer la planification et les entraînements à des situations de crise ». Il se rendra, jeudi, à Nîmes pour assister à une simulation d’attentat, à un moment où « la menace terroriste est toujours très élevée », a-t-il insisté.

Les forces de l’Etat doivent être en mesure d’intervenir sur tout le territoire « en cas de tuerie de masse et d’attentats multiples », a souligné M. Cazeneuve, à l’occasion d’une allocution, à Paris, devant des représentants des collectivités locales. Il a précisé que soixante-quinze exercices de simulation d’attentats sont prévus dans l’Hexagone cette année, la plupart avant le début de l’Euro 2016, qui se déroulera dans dix villes, du 10 juin au 10 juillet.

L’enjeu est de taille car cette manifestation sportive sera le premier grand événement public national depuis les attentats de la fin 2015. Et à ce titre, il sera placé sous très haute surveillance à un moment où des centaines de milliers de supporters et de touristes vont se déplacer à travers le pays.

« Le plus grand entraînement du genre »

L’exercice de Nîmes illustre à quel point la mobilisation des pouvoirs publics est désormais entrée dans une autre dimension, en tablant sur des scénarios de crimes de masse. Cette opération aura lieu, jeudi 17 mars dans la soirée, dans l’enceinte de l’Ecole nationale de police (ENP) et simulera une explosion chimique dans une « fan zone », ces emplacements installés à l’extérieur des stades pour permettre au public de suivre la retransmission des matchs sur grand écran.

Les supporters seront joués par 1 200 élèves de l’ENP, accompagnés de 480 intervenants issus de quatre ministères (intérieur, défense, santé, jeunesse et sports) pour tester la coordination des différents acteurs sollicités dans ce type de crise. « C’est le plus grand entraînement de ce genre jamais réalisé en France », souligne Sylvain Birembaut, porte-parole de l’ENP.

Une « fan zone » identique à celle prévue à Marseille, l’une des villes hôtes de l’Euro 2016, a été reconstituée le plus fidèlement possible ; mêmes barrières de sécurité et même décor environnant avec deux camions de pizzas et deux débits de boissons également présents sur place.

Le stade de France, le soir des attentats du 13 novembre 2015.

Premiers secours antichimiques

Le but est de tester en grandeur nature la chaîne de commandement et toute la séquence après le déclenchement d’une explosion : gérer la panique de la foule, éviter les risques d’écrasement, mettre en place les premiers secours antichimiques et assurer l’évacuation vers des hôpitaux submergés par l’afflux de blessés. Le scénario envisagé à Nîmes table sur une attaque faisant 185 victimes.

Cette simulation sera la première à être médiatisée par les pouvoirs publics. Mais toutes les villes qui accueilleront les cinquante et un matchs de l’Euro 2016 sont dans l’obligation de tester les risques liés à des attentats relevant de la catégorie NRBC (nucléaire, radiologique, bactériologique et chimique).

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Les exercices qui ont déjà eu lieu n’ont pas été ouverts à la presse. A Nice, par exemple, deux cents participants ont été mobilisés, le 8 mars, pour une simulation au stade Allianz Riviera pendant laquelle un drone a dispersé un (faux) produit chimique sur le public, ce qui a ensuite permis d’évaluer le fonctionnement des douches de décontamination.

Colis piégé, heurts et interpellations

Deux jours plus tard, un exercice différent s’est déroulé à Bordeaux, de 22 h 30 à 2 heures du matin. Les forces de sécurité (police ferroviaire, gendarmerie, police des frontières, etc.) ont mené trois opérations : évacuation de la gare Saint-Jean après la découverte d’un colis piégé, rétablissement de l’ordre après des heurts sur le parvis de la gare et interpellations de personnes violentes dans une rame de TGV.

Un exercice en « fan zone » est également programmé pour le 4 avril. Un autre scénario avait déjà été expérimenté dans l’enceinte du nouveau stade Matmut-Atlantique, le 9 novembre 2015, lors de la mise en scène d’une bagarre entraînant un mouvement de foule aux conséquences graves.

A Saint-Etienne, la préfecture envisage une opération le 4 avril, mais les préparatifs se déroulent dans le plus grand secret. Même Claude Liogier, le responsable de la sécurité à la mairie, dit ne pas être informé du déroulé de la journée. « J’ai juste reçu la consigne, précise-t-il, de me présenter au stade Geoffroy-Guichard », temple du football français, qui accueillera quatre matchs de l’Euro 2016, dont la huitième de finale.

Depuis les attentats de 2015, la sécurité des stades a été renforcée.

Quatre cents employés municipaux

M. Liogier assure que la ville a déjà prévu, de longue date, un dispositif comprenant la mise à disposition de trois cents lits d’appoint et la mobilisation des hôtels. Par ailleurs, la municipalité a d’ores et déjà organisé l’astreinte de près de quatre cents employés municipaux en cas de crise et dispose d’un système d’envoi groupé de SMS à dix mille numéros.

Mais il n’y a pas que les villes de l’Euro 2016 qui sont concernées par le renforcement des mesures de sécurité. Toutes celles qui vont accueillir des événements attirant des foules sont sur le qui-vive. A commencer par Cannes, qui s’apprête, comme chaque année, à recevoir le gratin du cinéma mondial pour son festival du film, du 11 au 22 mai, sur la Croisette.

A l’approche de cette échéance, la municipalité planche sur une simulation d’attentat, mais n’a pas encore tranché sur le format. « L’idéal serait de le faire pendant une période d’affluence touristique, pour coller au plus près à la réalité mais cela renforce aussi les risques de panique dans la population », constate un responsable local.

« Coller au plus près à la réalité »

En attendant, Cannes peaufine son dispositif, élaboré dans le cadre d’un « plan communal de prévention du terrorisme ». Il s’appuie sur les recommandations préconisées par un audit commandité par David Lisnard, le maire (LR) de Cannes, après les attentats de Paris. Il a été conduit par Nitzan Nuriel, un ancien général israélien. Il s’est inspiré des leçons tirées des attaques terroristes menées contre des hôtels à Bombay, en Inde, et dans les gares de Madrid, en Espagne.

Ce plan prévoit, notamment, un contrôle renforcé de tous les accès de la ville, y compris maritimes. Ainsi que la mise à disposition des plans détaillés des principaux hôtels au GIGN, au cas où une intervention serait nécessaire. Et pendant toute la durée du Festival, une cellule de crise se réunira tous les matins avec l’ensemble des responsables locaux et nationaux de la sécurité.

« Les Français doivent être davantage sensibilisés aux risques terroristes, a prévenu, mercredi, Bernard Cazeneuve. Avant d’ajouter, ils devront se préparer à être surpris. »

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