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Exclusif : 35 Français parmi les listings de Daech

On dénombre au moins 35 Français dans les fichiers de Daech qu’a pu consulter Paris Match
On dénombre au moins 35 Français dans ces fichiers de Daech qu’a pu consulter Paris Match © DR
Par Alfred de Montesquiou , Mis à jour le

Au moins 35 français sont identifiés parmi les listings des douaniers de Daech, selon des nouveaux documents obtenus par Paris Match auprès d’activistes Syriens.

Les douanes de Daech ont minutieusement tenu leurs registres à la frontière syrienne, notant chaque détail de la vie des étrangers venus rejoindre leur « califat » auto-proclamé. Parmi ces volontaires du djihad, on dénombre au moins 35 Français dans les fichiers qu’a pu consulter Paris Match. Ainsi Didier Moulonguet, né à la Martinique en 1991, et enregistré comme entrant clandestinement en Syrie le jour de noël 2013. Sa mère, Eliane, a confirmé qu’il avait quitté la Martinique « du jour au lendemain », au début du mois de décembre.

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« Il travaillait à la cantine municipale, pour les élèves du primaire à Fort-de-France, explique-t-elle par téléphone. Il était assez solitaire, on n’a même pas su qu’il s’était converti à l’islam. » Enregistré dans les fichiers de Daech comme « Abou Omar al-Martiniki », Didier Moulonguet aurait rejoint la Syrie avec un ami, dénommé « Keran », selon sa mère. « Les gendarmes m’ont prévenue de faire mon deuil, et que ni l’un ni l’autre ne reviendraient ».

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L'un des documents de Daech qu'a pu consulter Paris Match
L'un des documents de Daech qu'a pu consulter Paris Match © DR

 Une autre mère, dont le fils est listé dans les fichiers de Daech comme « Abou Talha », affirme avoir appris par les réseaux sociaux l’attentat suicide de son fils de 19 ans à Tikrit, en Irak. Pierre Choulet, né à Besançon en 1995, est mentionné comme ayant traversé clandestinement la frontière turque le 23 novembre 2013, sans avoir coché la case « candidat à l’attentat suicide » en bas du formulaire. Aux djihadistes qui l’ont accueilli, il a donné le contact téléphonique de sa mère, Marie-Agnès. Jointe par Paris Match, celle-ci explique que son fils avait laissé un mot en fuguant pour la Syrie, le 22 octobre 2013. « Il est parti à 18 ans et un mois. Dans sa lettre, il disait qu’il allait faire de l’humanitaire pour aider les petits Syriens » explique Marie-Agnès, aide soignante à Port-sur-Saône, près de Vesoul. C’est en première année d’université d’éducation physique, à Besançon, que Pierre s’est brusquement converti, dit-elle. « Ça n’a pris que quelques semaines, il a dû faire de mauvaises rencontres » ajoute sa mère, aujourd’hui militante dans une association contre la radicalisation.

Zaman al-Wasl : "Notre objectif, c’est de dévoiler les rouages du fonctionnement de Daech, pour montrer aux djihadistes qu’on les connaît"

Le fichier des Français de Daech mentionne également beaucoup de combattants par leur simple « kounia », ou surnom islamiste. Ainsi « Abou Yacine », né le 11 juillet 1987 à Nîmes et entré en Syrie par le point de passage d’Azaz à la frontière turque le 17 septembre 2013, selon les registres djihadistes. Ou encore « Abou Moussa », né le 3 septembre 1983 à Strasbourg et arrivé en Syrie en mars 2014, peu après « Abou Ali », également strasbourgeois, né en 1991. Certains sont notés comme voyageant par paires, tels ces deux jeunes hommes de Roubaix de 18 et 19 ans à l’époque, « Abou Abdallah » et « Abou Sahira », arrivés ensemble le 27 novembre 2013.

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« Nous essayons d’authentifier tous les documents, pour s’assurer qu’il n’y a pas intox » affirme Ethar Abdulhaq, rédacteur en chef adjoint du journal syrien d’opposition Zaman al-Wasl, qui explique avoir initialement obtenu les fichiers, comprenant les noms de 35 Français, auprès d’un transfuge de l’Etat Islamique. « Notre objectif, c’est de dévoiler les rouages du fonctionnement de Daech, pour montrer aux djihadistes qu’on les connaît, qu’on peut pénétrer leur organisation ». Plusieurs éléments des listings ont été authentifiés la semaine dernière en Allemagne ou en Grande-Bretagne par les services de renseignement. Mais Abdulhaq expliquait que les dossiers transmis à Paris Match étaient nouveaux. « Si nous laissons fuiter les identités des combattants étrangers, Français par exemple, c’est pour que tous les candidats au djihad se rendent compte qu’ils seront tenus pour responsables de leurs actes : ils ne pourront pas commettre anonymement des crimes atroces contre les Syriens ». Journal publié sur Internet depuis l’étranger, Zaman al-Wasl s’oppose aussi bien à Daech qu’à la dictature de Bachar El Assad « qui est encore pire », selon son rédacteur en chef adjoint.

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