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Moataz, jeune Syrien à Clermont-Ferrand: "Je ne peux pas vivre toute ma vie comme un réfugié"

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Moataz a fui la Syrie parce qu'il ne voulait pas rejoindre l'armée de Bachar Al-Assad. Comme plus de 5.000 Syriens l'an dernier, ce jeune avocat de 32 ans a demandé l'asile en France et espère pouvoir y refaire sa vie. RMC l'a rencontré.

Quand Moataz est arrivé en France en octobre dernier, il ne parlait pas français. 5 mois après, ce jeune Syrien de 32 ans s'exprime dans un français fluide. Il faut dire que le jeune homme est un acharné: tous les jours pendant des heures, il apprend grâce à des cours mais surtout à des vidéos sur internet. "Sans la langue, je ne peux pas vivre en France", assure-t-il.

Son voyage vers l'Europe ressemble à celui de nombreux autres réfugiés qui ont fui la Syrie et la guerre civile qui a déjà fait 270.000 morts. Moataz a rejoint la Grèce sur un canot pneumatique. Pendant cette traversée, ce jour-là, 12 personnes sont mortes noyées.

Il refuse de rejoindre l'armée de Bachar al Assad

Après plus de dix jours de périple, Moataz arrive à Paris. Il a laissé derrière lui sa femme et son fils de 3 mois. Le voyage de la dernière chance pour ce jeune avocat. Réserviste de l'armée syrienne –le service militaire y est obligatoire-, il est appelé en novembre 2014, mais refuse de prendre les armes.

Il quitte alors Damas pour l'Egypte et obtient un visa sans difficulté car sa mère est égyptienne. Mais le visa pour son épouse est refusé deux fois. Le couple tente alors d'obtenir un visa pour l'Arabie Saoudite, là encore refusé. Avec l'arrivée de leur petit bébé, leur situation financière se complique.

Moataz prend la décision de partir pour la Turquie. Destination: la France. A Paris, Moataz est épaulé par la Fédération d'entraide protestante. L'association dispose d'un solide réseau d'hébergeurs dans toute la France. Des particuliers qui mettent gracieusement à disposition un lit, une chambre, parfois un appartement.

Hébergé par une famille près de Clermont-Ferrand

Pendant trois mois, il a vécu dans une famille des environs de Clermont-Ferrand. Là, la solidarité se met en place autour de lui: il habite aujourd'hui seul dans un appartement dans le centre de Clermont-Ferrand près de l'université dans laquelle il suit des cours de droit. Objectif: obtenir son diplôme d'avocat.

Prochaine étape: faire venir sa femme et son fils qui a aujourd'hui 8 mois. "C'est dur de ne pas le voir, mais il dit déjà 'papa', il me voit par internet", s'émeut-il. En attendant, Moataz est officiellement demandeur d'asile. Il a eu son entretien à l'Office français de protection des réfugiés et apatrides, l’Ofpra ce lundi. Un jour, il sera français: " Je ne peux pas vivre toute ma vie comme un réfugié, je veux vivre comme vous", assure-t-il.

Paulina Benavente avec Céline Martelet