VIDEO. Calais : la partie sud de la «jungle» entièrement démantelée

 

Les dernières cabanes de la partie sud de la «Jungle» de Calais ont été enlevées, offrant le spectacle d'une vaste zone terreuse et irrégulière, jonchée de débris et de déchets
Les dernières cabanes de la partie sud de la «Jungle» de Calais ont été enlevées, offrant le spectacle d'une vaste zone terreuse et irrégulière, jonchée de débris et de déchets
AFP/DENIS CHARLET

    Une vaste zone terreuse et irrégulière, jonchée de débris et de déchets. Voilà à quoi ressemblait la partie sud de la «Jungle» de Calais mercredi après-midi, au terme de l'opération de démantèlement entreprise par l'Etat deux semaines et demi plus tôt. Les centaines de migrants qui vivaient dans cette zone de 7,5 hectares - 800 à 1.000 migrants selon la préfecture, 3.450 selon les associations - auraient, pour la plupart, rejoint la partie nord du camp, non concernée par l'évacuation.

    Les dernières cabanes ont été enlevées mercredi après-midi dans le calme. Une poignée de «lieux de vie» - église, mosquée, école - dont le tribunal administratif avait ordonné la préservation, ont toutefois été laissés en l'état.

    Pour mener à bien la destruction de cette partie du bidonville, l'Etat a intensifié les «maraudes sociales» chargées de convaincre les migrants de rallier l'un des 112 centres d'accueil et d'orientation (CAO) disséminés en France (

    voir carte plus bas

    ), ou de rejoindre dans un premier temps le Centre d'accueil provisoire (CAP) composé de 125 conteneurs chauffés installés au centre de la «Jungle».

    Au premier jour du démantèlement, un nombre impressionnant de CRS a été déployé pour protéger ces maraudes.

    . Deux jours plus tard,

    pour montrer leur désespoir de quitter des lieux où s'était formée une vie communautaire. Mercredi, se déclarant au 16e jour d'une grève de la faim, ils sont apparus très amaigris et ont confié à l'AFP leur intention de continuer jusqu'à ce qu'on leur propose «une vraie solution d'hébergement».

    Depuis fin février, seuls quelque 300 migrants ont opté pour un CAO, selon la préfecture. Le CAP, pensé comme un sas vers l'éloignement, est passé de 1.200 à 1.400 occupants, avec un turnover important. Les 450 places en tentes de la Sécurité civile ont presque toutes trouvé preneurs.

    Où sont passés les autres migrants ? Mercredi, plusieurs associations ont souligné lors d'une conférence de presse commune que 80% de ceux établis sur la partie sud du camp ont simplement déplacé leur cabane dans la partie nord. De son côté, la préfecture a admis que des déménagements avaient bien eu lieu, tout en affirmant qu'ils étaient impossibles à quantifier.

    L'Etat a plusieurs fois réaffirmé son objectif de réduire la population migrante de Calais à 2.000 en zone nord, soit le nombre total de places disponibles au CAP ainsi qu'au Centre Jules-Ferry, où 400 femmes et enfants peuvent dormir. Dans un communiqué diffusé mercredi soir, la préfecture réaffirme ainsi que «l'objectif du gouvernement demeure que, le plus rapidement possible, plus aucun migrant ne dorme dans des abris sauvages». Les cabanes présentes sur la zone nord semblent donc promises au démantèlement, mais le mystère plane sur le calendrier. Cela serait «inacceptable de la part du gouvernement», ont mis en garde les associations. «Ce sera 4.000 personnes qu'on va retrouver sur des terrains vagues, sur des plages, sous les ponts, dans des jardins publics», s'alarme Christian Salomé, président de L'Auberge des migrants.

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