"On n’ose pas recruter en France !" Le coup de gueule de France digitale sur le travail des jeunes

France digitale aurait bien aimé que le projet de loi El Khomri sur le travial intègre la nouvelle donne du numérique. Olivier Mathiot, Co-Président de France Digitale et Co-fondateur de Price Minister, explique pourquoi. Sans cacher un certain énervement...

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Le chômage des jeunes en France est une urgence historique. Nous nous habituons au taux de 25% chez les 15-25 ans ! Et pendant ce temps… Le "numérique" peine à recruter.

Si on veut préserver l’état-providence, il va falloir traiter la question du recrutement. Et cette question pose immanquablement celle de la mise à jour de notre droit du travail. Les débats autour de la loi sur le travail de la Ministre El Khomri illustrent les freins de groupes d’intérêts qui ne sont pas représentatifs. Notons que cette loi a le mérite de vouloir réformer mais qu’elle n’aborde pas la question du numérique… Plutôt que de bavasser, expérimentons !

Le numérique est parfois mis en cause : destruction d’emplois en ligne de mire ? On ne peut certes pas ignorer qu’une mutation entraîne la fin de certains métiers. Mais admettons que notre code du travail aussi est le reflet d’un contexte historique qui a évolué. Il s’agit d’anticiper les nouveaux besoins. Le paradoxe serait que le droit du travail, censé nous protéger, devienne un "machin" qui crée du chômage !

Dépoussierer le code du travial

J’identifie au moins trois concepts qui ne sont plus "up to date" :

La flexibilité : le mot fait peur en France car le paradigme actuel est de considérer que le chef d’entreprise préfère licencier à recruter. Mais la fierté de l’entrepreneur 2.0, c’est de développer ses équipes, et même de partager le capital. Or on ne peut ignorer que recruter présente un risque financier et que celui-ci n’est acceptable que si l’on permet de réduire la voilure en cas de vent défavorable. "Cash is king", c’est une question de survie de l’entreprise.

La formation : c’est le pendant de la flexibilité et de l’ "employabilité". La génération de mes parents était fidèle à une seule entreprise. Ma génération change souvent d’entreprises mais demeure fidèle à un métier. La génération de mes enfants surfera d’un métier à l’autre. En bref, l´organisation de la formation professionnelle n'est plus adaptée. Un système qui profite financièrement aux syndicats ne saurait se remettre en cause. La nouvelle priorité est d’apprendre à apprendre. On ne connait pas les métiers de l’année prochaine. Il faut se former en continu, au plus près du marché.

La pénibilité : on sait que le numérique permet de travailler autrement au sein d'une économie de service et donc d’un rapport au travail nouveau. Le travail demeure parfois fatigant et aliénant mais moins qu’avant. Cela nécessitera fatalement de revoir les horaires, la semaine, le mois, le nombre d’annuités. La semaine de 7 jours date de l’Ancien Testament ! Ce ne serait plus un sacrilège que d’y toucher sans hurler qu'on détruit 3000 ans d'acquis sociaux.

les 5 chances du numérique

La révolution numérique propose des opportunités, pas seulement des menaces ! En doutiez-vous ?

Le numérique, c’est des nouveaux métiers et compétences qui concernent beaucoup les jeunes.

Le numérique, c’est des nouvelles organisations et un nouveau rapport au travail. Un jeune ou un moins jeune peut désormais être travailleur indépendant, free-lance ou auto-entrepreneur, et donc travailler pour plusieurs entreprises.

Le numérique, c’est aussi des "externalités positives", à savoir des opportunités de jobs ou de revenus complémentaires générées par les plateformes au bénéfice du plus grand nombre.

Le numérique, c’est bien entendu des nouvelles entreprises : des startups en forte croissance et plus internationales. Elles demandent donc moins de lourdeurs administratives pour décoller plus vite.

Le numérique, c’est aussi la révolution des outils et du marché du recrutement lui-même : big data, mobile, plateforme digitale de l'emploi, des startups innovent pour fluidifier la rencontre entre l’offre et la demande de travail.

Plutôt que de freiner, osons accélérer afin de réduire la durée de cette mutation douloureuse et de ne pas sacrifier plus d’une génération de jeunes français.

Olivier Mathiot, Co-Président de France Digitale et Co-fondateur de Price Minister

Les avis d'experts et points de vue sont publiés sous la responsabilité de leurs auteurs et n’engagent en rien la rédaction.

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