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Bataclan: un des kamikazes s'est fait passer pour le GIGN

La commission d'enquête parlementaire sur les attentats du 13 novembre, qui ont fait 130 morts, a recueilli mercredi le témoignage de Caroline Langlade, une rescapée qui a passé trois heures dans une loge de neuf mètres carrés avec une quarantaine de personnes.

C'est un vote qui leur a sauvé la vie. Caroline Langlade, rescapée de l'attentat du Bataclan le 13 novembre dernier qui a fait 87 morts, a livré un témoignage incroyable devant la commission d'enquête parlementaire sur les attentats de 2015, présidée par le député Les Républicains du Rhône, Georges Fenech. La jeune femme raconte comment, après les premiers coups de feu des kamikazes dans la salle de spectacle, en plein concert des Eagles of Death Metal, elle a trouvé refuge avec 39 autres personnes dans une loge… de neuf mètres carrés.

"J'ai initié un vote à main levé"

"Nous avons vécu trois heures d'attente" et d'angoisse, entassés dans ce cagibi, raconte-t-elle. Mais leur cachette a été vite repérée par un kamikaze. "On a un terroriste qui est derrière notre porte et qui essaie de rentrer". "Quand on est entrés dans cette loge-là, des garçons ont pris le canapé et le mini frigo. Et à chaque coup du terroriste, on les tenait tous ensemble". Chaque coup du terroriste fait entrebâiller la porte. "J'ai alors fait éteindre la lampe, fermer les fenêtres, pour que le terroriste ne voit pas combien nous étions en regardant par l'interstice de la porte".

Au bout d'une heure et demie, le kamikaze change de stratégie et essaie d'amadouer les rescapés bloqués dans la loge. "Il s'est fait passer pour un membre du GIGN".

Caroline prend alors une seconde décision capitale: "J'ai initié un vote à main levée, qui a permis que l'on n'ouvre pas la porte". La décision de rester enfermés a été prise à une très courte majorité par des rescapés transis de peur.

"On a passé 15 minutes à négocier avec la BRI"

"Ce qui nous a aidé, c'est que le meilleur ami d'une personne qui était dans la loge a donné son téléphone portable au commissaire de la BRI (Brigade de recherche et d'intervention de la police, NDR) ce qui nous a permis d'avoir une communication avec l'extérieur, et de poser la question de savoir si on ouvrait ou non la porte".

Une porte qu'ils refuseront même d'ouvrir aux hommes de la BRI après leur entrée dans la salle de spectacle et la neutralisation des terroristes. "On a passé 15 minutes à négocier avec la BRI parce qu'on refusait catégoriquement d'ouvrir la porte - cela avait failli nous coûter la vie donc il en était hors de question", raconte Caroline Langlade devant les parlementaires.

"On a demandé qu'on nous envoie un mot de passe. Mais ce qui a permis de savoir que c'était réellement la BRI, c'est une action inconsidérée d'une personne qui était avec nous". Pris de panique, à bout après toutes ces heures passées à craindre pour sa vie, un homme va alors "enjamber les gens, ouvrir la fenêtre et hurler : 'Maintenant ça suffit, vous en êtes où? Est-ce que c'est vous qui êtes derrière la porte? On veut sortir !'".

"Le seul moment où j'ai cru que j'allais mourir, c'est quand les policiers sont entrés dans la loge", conclut la rescapée, qui se dit aujourd'hui fatiguée de devoir "chercher quotidiennement les informations" sur ce qu'il s'est passé ce soir-là. "Ça a été continuellement à nous d'aller chercher l'info, donc c'est pour cela qu'aujourd'hui, en tant que victimes rescapées, on n'a plus envie, on est épuisé d'aller chercher l'information quotidiennement".

P. G.