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Emily Bell : « les réseaux sociaux sont plus puissants que les médias »

Pour la directrice du Tow Center for Digital Journalism, les principales plates-formes Internet menacent les éditeurs de contenus professionnels.

Propos recueillis par 

Publié le 18 mars 2016 à 19h10, modifié le 21 mars 2016 à 09h17

Temps de Lecture 4 min.

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La journaliste Emily Bell en 2013.

Lors d’une intervention à l’Université de Cambridge et dans une tribune parue début mars dans la Columbia Journalism Review intitulée « La fin du monde tel que nous le connaissons : comment Facebook a avalé le journalisme », Emily Bell, directrice du Tow Center for Digital Journalism, à New York, et ancienne patronne des activités numériques du quotidien britannique The Guardian, met en garde les médias. Elle dénonce l’essor des réseaux sociaux comme intermédiaires de distribution.

L’écosystème des médias a-t-il vraiment davantage changé en cinq ans qu’en cinq cents ans ?

L’avènement du Web social sur mobile est un bouleversement majeur quand on pense à la lenteur avec laquelle les médias se sont développés jusqu’ici, de l’invention des caractères d’imprimerie aux rotatives industrielles, etc. Les systèmes passés associaient un émetteur à de nombreux lecteurs ou spectateurs. Les éditeurs étaient locaux et proches de leur public. Il y avait un lien direct. Ce n’est plus le cas. On a l’impression que soudain, toute la façon dont l’information était distribuée a changé. Et ce phénomène est global.

Jusqu’ici, il existait bien des intermédiaires, comme les kiosques, ou des régulateurs comme le CSA en France ?

D’abord, les nouvelles plates-formes sont numériques, donc façonnées par un code informatique qui n’est pas intelligible. Avant, les systèmes étaient plus simples et clairs, et les distributeurs étaient soumis à une certaine transparence, alors que désormais, les algorithmes sont plus opaques.

L’autre différence est l’échelle : on est passé de centaines de chaînes de télévisions et de journaux à des milliards de pages Web de contenus. Ces derniers sont « réintermédiés », c’est-à-dire ré-agencés avec une méthode qui dépend uniquement de la plate-forme de distribution : il n’y a plus d’ensemble produit par le média, comme un journal ou une chaîne. Et Facebook, Snapchat ou Twitter touchent l’Inde ou les Etats-Unis. Il y a une différence de nature et d’échelle.

Selon vous, la concentration inédite des pouvoirs de distribution menace le pluralisme mais il y a plus de sources disponibles que jamais…

Il y a moins de pluralité dans la distribution, avec seulement quelques grands réseaux sociaux dans le monde. Paradoxalement, il existe une grande diversité de contenus et peu de barrières pour s’exprimer, sauf dans les pays où les libertés sont restreintes.

Conserver l’égalité entre les innombrables producteurs d’information n’est pas possible. C’est pour cela que les plates-formes trient le contenu : Twitter distingue les utilisateurs authentifiés ou pas, Facebook a des relations privilégiées avec les médias professionnels… Les plates-formes ont le pouvoir de sous-exposer ou de surreprésenter tel ou tel type de contenu.

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