Glose est une librairie qui vend en ligne des livres numériques. A priori, après l’arrivée d’Amazon, Fnac.com ou Decitre.com, le concept n’a rien de révolutionnaire. Mais la librairie veut aussi et surtout devenir un réseau social, une sorte de Facebook des lecteurs. Fondée en décembre 2014 à Paris par Nicolas Princen, l’ex-monsieur numérique de Nicolas Sarkozy, la start-up, s’est d’abord lancée aux Etats-Unis. Elle profite aujourd’hui du salon du livre de Paris pour s’attaquer au marché français avec un catalogue de 800.000 livres électroniques dont 300.000 en français.
Avant de fonder Glose, Nicolas Princen s’est occupé en 2007 et 2012 de la partie 2.0 des campagnes présidentielles de Nicolas Sarkozy. Il a également créé le Conseil national du numérique. Après la défaite de Nicolas Sarkozy en 2012, il a cherché à monter sa propre start-up. « Nous nous sommes d’abord lancés aux Etats-Unis, explique-t-il, car le livre numérique représente 30% du marché. Le second marché est celui de la Grande Bretagne avec 22%, les autres pays européens sont à moins de 10% et la France à moins de 3% ». En clair, le potentiel de croissance serait énorme dans l’hexagone... Le discours n’est pas nouveau mais, pour l’instant, il n’a guère convaincu les foules.
Une nouvelle expérience de lecture
« La croissance sera portée par l’expérience de la lecture, s’enthousiasme Nicolas Princen, pour l’instant, le livre numérique n’est pas encore connecté, il n’est pas encore partageable. Il faut le penser pour le mobile. Avec notre application, nous prenons un livre, un article, un manuel scolaire au format 1.0 et on l’amène au format 2.0 » Concrètement, Glose prétend convaincre ses utilisateurs de créer ou de s’intégrer à des communautés de lecteurs pour partager des notes, des émotions, des passions, des questions...
Cette fonction de réseau social lui permet de se distinguer d'applications connues comme le Kindle d'Amazon. Glose permet à ses utilisateurs d'annoter leurs lectures avec texte, photo ou vidéo, d'engager des discussions entre lecteurs en cours de lecture, et de partager des extraits de livres sur les réseaux sociaux. De plus, contrairement au Kindle, la lecture « Glose » peut se faire de façon synchronisée sur un smartphone, une tablette ou un ordinateur. « Nous ne sommes pas sur les liseuses à encre électronique, admet le fondateur, il n’y a pas vraiment de demande. »
Modèle économique original
Glose espère réussir grâce à un modèle économique original qui dépasse celui de la librairie classique. Il veut d’abord séduire le lecteur passionné qui veut lire en numérique, qui veut écrire des choses « dans la marge », surligner, et partager avec d’autres. Mais Glose mise également sur le monde scolaire et universitaire. « Nous avons été approché par la Harvard Business school, explique Nicolas Princen, elle expérimente notre plateforme intelligente pour que les lecteurs puissent entamer la discussion qu’ils auront ensuite en classe. De son côté, le collège des Collines dans la région de Grenoble veut développer la lecture grâce à notre plateforme. Les enfants adorent lire, mais il faut adapter le livre à leur environnement. Ils se sont montrés très excités à l’idée de lire sur un écran. » Enfin, Glose compte se développer dans les entreprises en aidant à la formation des employés. « Nous ne sommes pas seulement une librairie, résume Nicolas Princen mais une plateforme de 'knowledge management', nous faisons du B to B. »
Pour l’instant, Glose se targue de distribuer 700 éditeurs dans 200 pays, dont 600 en langue anglaise et 100 français. Le livre numérique, qui respecte théoriquement la loi sur le prix unique du livre, est au même prix sur toutes les plateformes. Glose mise sur « l’expérience de lecture » pour gagner des parts de marché face aux géants.