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Après les attentats du 13 novembre, Abdeslam était « prêt à refaire quelque chose » à Bruxelles

Le ministre belge des affaires étrangères a affirmé que la police avait « trouvé beaucoup d’armes lourdes » et découvert « un nouveau réseau autour » de Salah Abdeslam dans la capitale belge.

Le Monde avec AFP

Publié le 20 mars 2016 à 20h33, modifié le 21 mars 2016 à 10h23

Temps de Lecture 4 min.

La prison de Bruges, où est détenu depuis samedi 19 mars Salah Abdeslam, soupçonné d'être un des principaux logisticiens des attentats du 13 novembre à Paris et Saint-Denis.

Salah Abdeslam « était prêt à refaire quelque chose » à Bruxelles après avoir participé aux attentats de Paris. C’est ce qu’a affirmé, dimanche 20 mars, le ministre des affaires étrangères belge, Didier Reynders :

« Les premiers commentaires venant de Salah Abdeslam hier étaient qu’il voulait aller au Stade de France et qu’il allait se faire exploser, mais il ne l’a pas fait. Et l’autre information est qu’il était prêt à refaire quelque chose à Bruxelles. (...) Et c’est peut-être la réalité parce que nous avons trouvé beaucoup d’armes, des armes lourdes au cours des premières investigations, et nous avons trouvé un nouveau réseau autour de lui à Bruxelles. »

Le Français de 26 ans vivant en Belgique, seul survivant du commando djihadiste à l’origine des attaques du 13 novembre, a été arrêté vendredi dans la commune bruxelloise de Molenbeek, où il a grandi, après quatre mois de cavale. Il a été inculpé le lendemain de « participation à des assassinats terroristes » et de « participation aux activités d’un groupe terroriste » par la justice belge, puis incarcéré dans la prison de haute sécurité de Bruges.

Lors de son audition samedi, il a expliqué aux enquêteurs belges qu’il souhaitait « se faire exploser au Stade de France » et « avait fait machine arrière », d’après le procureur de la République de Paris, François Molins. Il apparaît, en outre, « comme ayant eu un rôle central dans la constitution des commandos du 13 novembre, dans la préparation logistique des attentats et enfin en étant lui-même présent à Paris » le jour des attentats, selon M. Molins.

Pour son avocat, Sven Mary, Salah Abdeslam « est d’une importance capitale pour cette enquête ». « Je dirais même qu’il vaut de l’or. Il collabore, il communique, il ne maintient pas son droit au silence », a-t-il assuré à la RTBF.

Plainte de l’avocat d’Abdeslam contre Molins

La prochaine étape de la procédure conduira mercredi Salah Abdeslam devant la Chambre du conseil, une juridiction d’instruction belge, qui statuera sur son maintien en détention en Belgique – détention qui devrait être prolongée d’un mois, selon son avocat.

En parallèle, la France réclame son transfèrement à Paris dans le cadre d’un mandat d’arrêt européen, dans un délai de trois mois maximum. Son avocat a immédiatement annoncé qu’il contesterait sa remise à la France – « il y a d’abord un dossier en Belgique, qui est à gérer et où il doit s’expliquer », a-t-il fait valoir. Mais ce refus ne fait pas obstacle à la procédure.

Dimanche, ce ténor du barreau bruxellois a lancé sa bataille judiciaire contre les autorités françaises en annonçant son intention de porter plainte contre le procureur de Paris pour violation du secret de l’instruction. « La lecture d’une partie de l’audition de M. Abdeslam en conférence de presse constitue une violation », s’est-il indigné dans le quotidien belge Le Soir, avant de s’exprimer sur la RTBF :

« Je ne vois pas pourquoi le procureur de Paris doit, dans le cadre d’une instruction belge, à ce stade-ci, communiquer. (...) Nous ne sommes pas tenus par ce qui se passe en France. Par contre, eux sont tenus par le secret de l’instruction en Belgique. »

Cette plainte a toutefois peu de chances d’aboutir, les codes de procédure pénale français et belge offrant des dérogations au secret de l’instruction. Dans le cadre de l’équipe commune d’enquête franco-belge, l’article 11 du code de procédure pénal français autorise ainsi le parquet à « rendre publics des éléments objectifs tirés de la procédure » afin d’éviter « la propagation d’informations parcellaires ou inexactes ou pour mettre fin à un trouble à l’ordre public ».

Un logisticien clé des attentats

Samedi, le procureur de Paris a précisé que Salah Abdeslam avait « participé à l’arrivée d’un certain nombre de terroristes en Europe », soulignant notamment qu’il avait« multiplié les déplacements au moyen de locations successives de véhicules » : en Italie, en Grèce, en Hongrie, en Autriche, en Allemagne, aux Pays-Bas et en France entre l’été et l’automne 2015.

Il a acheté le matériel nécessaire à la confection des ceintures explosives et loué le véhicule utilisé par le commando du Bataclan, ainsi qu’un appartement en banlieue parisienne, selon le procureur français. Le 13 novembre, il avait abandonné une ceinture explosive à Montrouge, dans la banlieue sud de Paris, et s’était rendu dans le 18e arrondissement « dès 22 heures, après avoir déposé le commando du Stade de France » avec une Clio noire. Or un communiqué du groupe Etat islamique, qui revendiquait les attentats immédiatement après, mentionnait la commission d’un attentat dans le 18e arrondissement. Il avait ensuite appelé à la rescousse deux amis bruxellois et échappé à trois barrages policiers sur la route vers la capitale belge, où sa trace s’était perdue.

Depuis la mi-novembre, treize personnes, en comptant Salah Abdeslam et un complice, connu sous les faux noms de « Mounir Ahmed Alaaj » et « Amine Choukri », interpellé en même temps que lui, ont été arrêtées et inculpées en Belgique dans le cadre de l’enquête sur les attentats de Paris. Dix d’entre elles sont toujours en détention provisoire. « Nous sommes sûrs pour l’instant d’avoir trouvé plus de trente personnes impliquées dans les attaques de Paris, mais nous sommes convaincus qu’il y en a d’autres », a assuré dimanche le ministre des affaires étrangères belge.

Le Monde avec AFP

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