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Le sexe est devenu une injonction hygiénique

Le bon baiseur dormira mieux la nuit, il tombera moins malade, il sera plus sympathique, bon voisin… La chroniqueuse Maïa Mazaurette nous explique cette sexualité utile.

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Publié le 18 mars 2016 à 14h12, modifié le 21 mars 2016 à 11h31

Temps de Lecture 6 min.

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CANARIES. LAS PALMAS.

LE SEXE SELON MAÏA

Inutile de vous rejouer indéfiniment le même disque : oui, le sexe est devenu une injonction hygiénique. Il n’est plus question de l’apprécier pour la gratuité du plaisir – gratuité, dans le monde moderne ? Rappelez-vous : quand quelque chose est gratuit, c’est que vous êtes le produit. Nous sommes sommés de forniquer utile, c’est acquis. Le bon baiseur dormira mieux la nuit, il tombera moins malade, donc posera moins de congés maladie, il divorcera moins, ses hormones seront aussi alignées que ses dents, il gérera mieux la douleur, il reproduira la patrie, il sera généralement plus satisfait, sympathique, bon voisin, il recyclera ses poubelles et donnera à Amnesty International – il sera un meilleur citoyen. Si j’étais dictatrice, j’obligerais tout le monde à avoir des orgasmes : quand on halète, on se tait.

Je vous entends, contestataires, prêts à lever le flambeau de la révolte – et pas que. Mais déplorer cette sexualité utile reviendrait, quand même, à cracher dans la soupe. Il se trouve que nous possédons un câblage dans notre corps qui, pour la majorité d’entre nous, et la majorité du temps, fonctionne. Une activité qui nous fixe, qui souvent nous rend heureux. Une réparation très fondamentale, comme manger quand on a faim. Il paraît que la santé et le bonheur passent par l’estomac, que nous avons un deuxième cerveau dans le ventre, avec neurones et intelligence de la digestion – c’est important la digestion, prend-on encore le temps de digérer ce qui nous nourrit, surtout intellectuellement ? Déguste-t-on encore ? Ou préférons-nous le prédigéré – aux grands mous, les grands remèdes ? Si nous avons un cerveau dans l’estomac, nous pouvons bien en avoir un dans le sexe. Pour tout estomac bien accroché, pour tout gaillard solide qui en a dans le ventre, vous avez des crétins qui pensent avec leur sexe, lequel n’a pas d’œil mais quantité de nerfs et, à ma connaissance, pas encore de neurones – mais ça viendra.

Le champ du développement personnel

La sexualité a tous les atouts, et une grosse force d’impact. Il semble donc parfaitement logique qu’elle investisse le champ du développement personnel. Quelle différence entre les guides pour se faire des amis, et les manuels pour séduire la comptable ? Où mettez-vous votre dignité, et votre pragmatisme ?

Mes aïeux ont grandi avec l’idée que la masturbation rendait sourd, ma génération avec l’obsession que le sexe nous tuerait : gros retournement de situation quand la masturbation devient un geste-cocon, et le sexe, une manière de se sauver la vie.

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