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ISRAËL-YÉMEN

L'ultime opération d'Israël pour exfiltrer les juifs du Yémen

Pour l’Agence juive pour Israël, chargée d’organiser le retour des juifs en Israël, la mission concernant le Yémen a pris fin. Il ne reste plus qu’une cinquantaine de représentants du culte judaïque dans le pays en guerre.

L'arrivée du dernier groupe de juifs yéménites, à Tel Aviv, le 20 mars 2016.
L'arrivée du dernier groupe de juifs yéménites, à Tel Aviv, le 20 mars 2016. Arielle Di-Porto pour l'Agence juive pour Israël
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Ils sont 19 à avoir quitté leur terre. Une poignée de juifs du Yémen ont posé le pied en Israël après avoir été exfiltrés ces derniers jours par l’Agence juive pour Israël (AJPI). Cet organe gouvernemental, qui faisait office d’autorité pour les juifs de Palestine avant la naissance de l’État hébreu en 1948, est aujourd’hui chargé d’organiser l’"alya" (le retour des juifs en Israël).

Ces derniers déracinés en date sont partis à contrecœur, poussés par la guerre, les persécutions et la situation humanitaire catastrophique. Sur le terrain, l’affrontement entre les rebelles Houthis et les forces loyalistes soutenues par une coalition menée par l’Arabie saoudite a ainsi fait près de 6 300 morts depuis 2015, dont une moitié de civils selon l’ONU. Privée d’électricité, tenaillée par la faim, la population est en péril.

Partis de Raydah et Sanaa, les oubliés sont arrivés le 20 mars à l’aéroport Ben Gourion, à Tel-Aviv. On sait peu de chose sur l’opération secrète qui a permis de les sortir de l’enfer yéménite. Selon le quotidien israélien "Haaretz" (en anglais), l’Agence juive a bénéficié de l’aide de la diplomatie américaine qui, grâce à des contacts auprès d’officiels yéménites et dans la région, a pu organiser des départs en toute sécurité depuis les pays environnants. Joint par France 24, le porte-parole de l’Agence n’a pas souhaité communiquer davantage à propos de cette opération "complexe et conduite secrètement".

Parmi les membres de la délégation tout juste arrivée en Israël, le fils d’Aharon Zindani, assassiné en 2012 au Yémen uniquement parce qu'il était juif, selon l'AJPI. Lui et sa famille ont été conduits au centre de répartition des immigrés. Ce seront peut-être les derniers Yéménites à atterrir sur le tarmac de Ben Gourion.

Avant eux, près de 50 000 juifs du Yémen ont suivi le même chemin d’exil. Concernant ce pays de la péninsule arabique, la "mission historique" de l’Agence juive "s'achève" après avoir "ramené la communauté juive du Yémen chez elle, en Israël", se réjouit Natan Sharansky, patron de l’AJPI.

Cette "mission" aura duré près de 70 ans. En 1949, alors que la communauté juive du Yémen était déjà menacée, près de 50 000 de ses membres ont quitté le pays pour fuir les attaques, vols et pogroms et rejoindre Israël. Leur départ fut permis par la mise en place d’une sorte de pont aérien clandestin entre Aden et l’État hébreu, dont l’existence ne fut révélée qu’après coup. Nom de l’opération : "tapis volant".

Présence ininterrompue pendant près de 2 000 ans

À l’époque, peu avaient choisi de rester. Cette fois-ci, ceux qui restent se comptent en dizaines. Tout juste cinquante, selon le communiqué de l’AJPI, derniers représentants d’une présence ininterrompue pendant près de 2 000 ans. Leur culte constitue "un pont entre le judaïsme ancien et moderne", expliquait en 2008 Ephraim Isaac, professeur émérite de l’Université de Princeton et spécialiste du judaïsme yéménite, au "Monde des religions". Parmi les particularités de leurs traditions, "l’extrême concentration lors de la prière, le style méditatif des chants, les vocalisations lors du rituel liturgique ou encore la prononciation yéménite de l’hébreu, qui pourrait se rapprocher du babylonien".

Mais face aux violences, cette tradition ne s’exprime plus librement. La grande majorité de ces derniers juifs du Yémen vit reclue dans un complexe touristique ultrasécurisé de la capitale, Sanaa. Ils s’y sont réfugiés après le meurtre de Zindani en 2012. Obligés de se cacher pour survivre, ils ont pourtant choisi de rester dans leur pays.

L’AJPI ne les abandonne pas. Mais s’ils ne changent pas d’avis et continuent de s’exposer, eux et leur culture unique en terre yéménite, l’Agence rassure : "la contribution des juifs du Yémen au judaïsme se poursuivra dans le giron de l’État d’Israël".

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