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La HayeRadovan Karadzic fixé sur son sort jeudi

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Deux décennies après le conflit, les leaders des trois communautés ne parviennent pas à se mettre d'accord sur le moindre intérêt commun.
Les juges du Mécanisme pour les tribunaux pénaux internationaux ont rejeté l'appel de Radovan Karadzic qui a été condamné à la prison à vie pour crimes de guerre. (3 avril 2019)
L'ex-président des Serbes de Bosnie, Radovan Karadzic, a été condamné mercredi en appel à la prison à perpétuité. (Mercredi 20 mars 2019)

A 70 ans, Radovan Karadzic est inculpé de onze chefs d'accusation pour génocide, crimes contre l'humanité et crimes de guerre commis pendant la guerre en Bosnie, qui a fait plus de 100'000 morts et 2,2 millions de déplacés entre 1992 et 1995.

Il deviendra le plus haut responsable à être jugé par le tribunal pour des crimes présumés commis pendant cette guerre, après la mort en 2006 de l'ancien président serbe Slobodan Milosevic au cours de son procès. Reconnaissable à sa mèche indomptable, Radovan Karadzic était le président de la république unilatéralement proclamée des Serbes de Bosnie, la Republika Srpska.

Il voulait, selon l'accusation, diviser la Bosnie et «chasser à jamais les musulmans et Croates des territoires revendiqués par les Serbes de Bosnie».

Un psychiatre

Pour le procureur, le jugement contre Karadzic est «l'un des plus importants de l'histoire du TPIY», non seulement en raison du nombre de victimes mais aussi parce qu'il met en lumière «la responsabilité des hommes politiques dans la souffrance de leur peuple», a-t-il affirmé à l'AFP.

Radovan Karadzic, psychiatre de formation, est notamment accusé de génocide pour le massacre de près de 8000 hommes et garçons musulmans à Srebrenica en juillet 1995, le pire à avoir été commis en Europe depuis la seconde guerre mondiale.

Selon l'accusation, ce massacre s'inscrivait dans le cadre du «nettoyage ethnique» planifié par Radovan Karadzic avec le général Ratko Mladic et Slobodan Milosevic à l'issue du démantèlement de la Yougoslavie.

Il est par ailleurs accusé de génocide dans plusieurs autres municipalités de Bosnie, mais doit aussi répondre de persécutions, meurtres, viols, traitements inhumains ou transferts forcés.

L'accusation lui impute notamment la responsabilité du siège de Sarajevo, qui dura 44 mois et tua 10'000 personnes, et des camps de détention aux «conditions de vie inhumaines», selon l'accusation.

Treize ans de cavale

Autrefois fugitif le plus recherché du continent, Radovan Karadzic avait échappé à la justice internationale pendant près de treize ans, se cachant sous l'identité d'un spécialiste de médecine alternative, arborant une barbe blanche nourrie.

Arrêté dans un bus à Belgrade en juillet 2008, il est transféré à La Haye où un plaidoyer de non-culpabilité est prononcé en son nom en mars 2009. Plus de 47'500 pages de transcriptions et 115'000 pages d'éléments de preuve: le procès se termine en octobre 2014 après 497 jours d'audiences et 586 témoins.

Lors de sa plaidoirie finale, celui qui se défend seul avait affirmé être «un homme de paix»: «J'ai fait tout ce qui était humainement possible pour éviter la guerre et réduire la souffrance humaine».

Pour son conseiller juridique, cet amateur de littérature ne «savait pas ce qui se passait à Srebrenica». «Il veut donc être acquitté et rentrer chez lui», a assuré Peter Robinson.

«Cela serait une énorme surprise pour tout le monde», a-t-il néanmoins confié, soulignant que Radovan Karadzic ferait appel de toute autre décision.

Un «héros»

L'accusation a requis la prison à vie à l'encontre de Radovan Karadzic, qui reste, pour beaucoup de Serbes, un «héros» de la guerre en Bosnie. Une centaine de représentants des associations des victimes de Bosnie vont faire le voyage pour assister à la lecture du verdict, dont des anciens détenus des camps et des mères de Srebrenica.

Pour eux, le principal enjeu de ce jugement est le chef d'accusation numéro 2, celui de génocide dans les municipalités autres que Srebrenica.

«A défaut, la peine, quelle qu'elle soit, sera dévalorisée», a déclaré Munira Subasic, présidente de l'une des associations des mères de Srebrenica.

Contrairement au massacre de Srebrenica reconnu comme génocide par la justice internationale, les juges n'ont pas encore reconnu qu'un génocide - qui est le crime le plus difficile à prouver en droit international - ait été commis dans d'autres municipalités.

«Il y a une perception d'une certaine hiérarchie des crimes, le génocide étant le plus grave», assure à l'AFP Rachel Kerr, maître de conférences au King's College de Londres. Cela serait «très significatif, au niveau légal et politique».

Celui qui était, selon l'Américain Richard Holbrooke «un des plus méchants hommes dans le monde», attend le jugement, qui sera rendu à 14h, dans sa cellule de La Haye.

ats