L'arrestation de Salah Abdeslam a pu constituer un élément déclenchant

Souvenez-vous. Les attentats du 13 novembre, à Paris, ont eu lieu quelques jours voire quelque heures après que le groupe djihadiste Etat islamique eut subi de cuisants revers. L'armée américaine avait la veille mené un raid aérien en Syrie qui s'était conclu par l'élimination de "Jihadi John", citoyen britannique connu pour avoir décapité de nombreux prisonniers.

J.-C.M.
L'arrestation de Salah Abdeslam a pu constituer un élément déclenchant
©AP

Pour le journaliste Roland Planchar, l'arrestation de Salah Abdeslam a pu constituer un élément déclenchant

Souvenez-vous. Les attentats du 13 novembre, à Paris, ont eu lieu quelques jours voire quelque heures après que le groupe djihadiste Etat islamique eut subi de cuisants revers. L'armée américaine avait la veille mené un raid aérien en Syrie qui s'était conclu par l'élimination de "Jihadi John", citoyen britannique connu pour avoir décapité de nombreux prisonniers. Une coalition arabo-kurde syrienne avait chassé l'EI d'une position-clé qu'il contrôlait à la frontière de l'Irak.

Cette fois, l'attaque terroriste (car il s'agit évidemment de terrorisme, il ne faut pas avoir peur du mot) intervient quatre jours après l'arrestation de Salah Abdeslam, moment important dans l'enquête sur les attentats parisiens. Coïncidence? Vengeance organisée?

Pour Roland Planchar qui, pendant de longues années, a couvert, notamment pour La Libre, les dossiers terrorisme, il y a tout lieu de croire que les terroristes ont considéré l'arrestation de Salah Abdeslam comme un élément déclenchant. Après les attaques de Paris, Roland Planchar a craint que la Belgique, lontgemps à l'abri d'attentats de grande dimension, soit à son tour frappée. "Mais je voyais les choses pour plus tard. L'arrestation de Salah Abdeslam a pu pousser des terroristes, de son entourage ou non, venus de Belgique ou d'ailleurs, car ces gens-là ne connaissent pas les frontières et les passent allègrement, à frapper à Bruxelles."

Une arrestation saluée

Selon Roland Planchar, le fait que les autorités politiques mais aussi les médias aient salué l'arrestation d'Abdeslam comme une "grande victoire" a été ressenti par les milieux djihadistes comme une "grande provocation" et cela a pu jouer dans leur détermination. De même, le fait que l'on ait annoncé qu'Abdeslam étaient prêt à coopérer avec la police a pu les inciter à agir vite. Enfin, certains djihadistes en fuite mais désormais traqués par la police (l'annonce, faite lundi, que Najim Laachraoui, alias Soufiane Kayal, soit désormais la cible des enquêteurs pour avoir joué un rôle pivot dans la préparation des attentats de Paris n'est pas innocente) ont pu se dire que plutôt qu'attendre de se faire attraper, il fallait agir et vite.

Roland Planchar n'est pas étonné du fait que les terroristes aient frappé à l'aéroport de Bruxelles-National puis dans la station de métro Malbeek. Il s'étonne même qu'ils ne l'aient pas fait simultanément, ce qui eût été "symboliquement fort". Peut-être ont-ils voulu d'abord frapper à l'aéroport puis, profitant de la mobilisation des services de secours et de police, agir ailleurs. La technique du "surattentat" constitue, en tout état de cause, un mode opératoire assez classique chez les islamistes.

A propos du passage du niveau d'alerte de 3 à 4, Roland Planchar se montre plutôt critique: "on pouvait s'y attendre mais ce que je constate, c'est qu'on était passé au niveau 4 pendant les fêtes de fin d'année en 2007 et en 2015 sans que cela s'impose vraiment et qu'on est resté au niveau 3 au moment où, depuis l'arestation d'Abdeslam, la menace devenait maximale. On peut s'interroger sur la manière dont l'OCAM (l'organe de coordination pour l'analyse de la menace) fonctionne."

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