Attentats à Bruxelles : “Jamais Paris ne s’est sentie aussi belge que ce 22 mars”

Télérama.fr a décidé de donner la parole à ses confrères belges du e-magazine Le Suricate, “sentinelle de la culture” plus que jamais nécessaire.

Par Sophie Rahal

Publié le 22 mars 2016 à 17h25

Mis à jour le 08 décembre 2020 à 02h33

Quelques heures après le triple attentat qui a touché la capitale belge ce mardi 22 mars 2016, Télérama.fr a proposé à l'équipe bruxelloise du e-magazine Le Suricate de s'exprimer ici. En signe de solidarité, d'abord. Pour y rappeler, ensuite, que, en ces temps troublés, la culture doit plus que jamais servir d'arme d'éducation massive. Et pour témoigner, enfin, de l'amitié qui unit nos deux pays.

Ce bimensuel, qui se définit d'ailleurs comme une « sentinelle de la culture », traite de l'actualité culturelle en Belgique et en France, « du théâtre au cinéma en passant par la musique et la littérature ». Une quarantaine de bénévoles le font vivre. Ce matin, un communiqué publié sur le site du e-magazine informait que « habituellement, le mardi est synonyme de sortie des critiques cinématographiques ». Ce mardi, « par respect pour les personnes touchées de près ou de loin par les attentats », Le Suricate est donc resté muet. Matthieu Matthys, directeur de la publication, a accepté de nous adresser les quelques lignes qui suivent.

« Travailler dans le monde culturel, que l’on soit artiste, attaché de presse ou journaliste, c’est s’ouvrir au monde et à ses richesses. La culture possède cette faculté de pouvoir mettre en avant la marginalité, la singularité et la différence. Jamais elle ne recule devant les obstacles qui se dressent devant elle. Au contraire, elle les utilise pour mieux avancer. C’est avant tout elle, à la fois omniprésente et anonyme, qui se dresse pacifiquement face aux extrêmes, quels qu’ils soient.

Aujourd’hui 22 mars 2016, Bruxelles, haut lieu de culture et ville cosmopolite, s’est réveillée avec une odeur de haine collant à sa peau. Cette haine venue de nulle part qui a également envahi les rues de Paris le 13 novembre 2015. Comme deux sœurs sans histoire unies par un passé commun, les deux capitales ont suscité une jalousie : celle d’être des symboles de la liberté et du vivre-ensemble.

Jamais Bruxelles ne s’est sentie autant française qu’en novembre dernier. Jamais Paris ne s’est sentie aussi belge que ce 22 mars. Pour continuer à bâtir un avenir commun, elles prolongeront leurs partages culturels. Elles riront à l’avenir de ce qui les a fait pleurer aujourd’hui avec l’aide d’humoristes comme Nawell Madani, cette Bruxelloise ayant acquis sa notoriété dans la Ville Lumière (et que Le Suricate magazine avait interviewée lors de son passage au Cirque royal, où elle jouait son spectacle C'est moi la plus belge). Elles se remémoreront encore ces moments de doute où Les prénoms de Paris chantés par Jacques Brel avaient à nouveau conquis les ondes, un demi-siècle plus tard. Enfin, elles mettront leurs forces en commun pour continuer à déployer leur arme la plus redoutable : la culture. »

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