L'amidon, ingrédient clef de l'alimentation chinoise

Six heures du matin. La gare centrale de Pékin est nimbée dans une brume de petit jour. Le « bullet train » est à quai. En route pour Tielin à 800 kilomètres au nord, non loin de la Corée. Le ciel restera blanc jusqu'au bout, éclairant faiblement une campagne steppique. Sur le chemin, on ne verra que quelques maigres meules de blé, cinq moutons et deux ou trois petits tracteurs sur cette longue route. Avant d'atteindre une région de serres.

La région de Tieling est un des plus gros bassins houillers de la Chine. C'est aussi la grande région du maïs. Une céréale majeure pour la Chine, qui en est le deuxième producteur mondial. C'est là que le français Tereos a acquis une de ses deux usines chinoises pour produire de l'amidon de maïs. Un site ultra-robotisé de 134.000 mètres carrés opéré par 67 salariés, qui transforme 700.000 tonnes de maïs par an. L'autre usine, qui est située à près de 3.000 kilomètres de là, à Canton, sur la côte sud, traite 500.000 tonnes de blé pour en faire de l'amidon.

Urbanisation

Au niveau mondial, l'amidon représente un marché de 90 millions de tonnes. Mais la Chine en produit déjà près du tiers. L'amidon est en effet un ingrédient clef des nouilles, base de l'alimentation dans cette partie du monde, mais aussi un ingrédient de plus en plus recherché dans les produits alimentaires.

D'ici à 2020, près de 60 % de la population chinoise devrait habiter dans les villes. Une évolution qui s'accompagne d'un changement des modes d'alimentation. Entre 2014 et 2020, la croissance du marché chinois de l'amidon devrait être de 20 %, selon Tereos. Une croissance tirée par la consommation des nouilles, par l'énorme marché de la bière, la charcuterie, les boissons à base de thé et le lait infantile. Des marchés importants. A lui seul, le marché chinois de la bière représente 29 % du marché mondial et 43 % des nouilles instantanées produites dans le monde sont mangées en Chine.

Partenariat avec Wilmar

Dans ce contexte, l'installation de la seconde usine de Tereos dans le Guangdong, la province la plus prospère de Chine, ne doit rien au hasard. C'est une façon de profiter de sa position d'arrière-pays de la très riche Hong Kong. Un bassin de consommation urbanisé à 68 %.

A Tieling comme à Canton, Tereos est le partenaire à 49 % du géant singapourien Wilmar, dont le chiffre d'affaires s'est élevé en 2014 à 43 milliards de dollars, soit près de 10 fois celui de Tereos (4,3 milliards d'euros en 2014). « Wilmar, c'est le Lesieur de la Chine », dit Alexis Duval, le président du directoire de Tereos. Numéro un mondial de l'huile, le singapourien s'est diversifié depuis 2010 pour devenir un acteur important de la meunerie. Il transforme 8 millions de tonnes de blé par an. Chacun a vu son intérêt dans cette coentreprise, alors que les deux groupes envisageaient au même moment de se lancer dans l'amidon.