Pourquoi la Belgique, pourquoi maintenant ?
C’est tout sauf une surprise. Le pays est en état d’alerte renforcée depuis les attentats du 13 novembre à Paris. Depuis quatre mois, il y a eu des dizaines d’arrestations et de perquisitions. Il est évident que la Belgique est dans l’œil du cyclone. Comme l’a dit le procureur fédéral après l’arrestation de Salah Abdeslam, on avait de plus en plus de pièces mais pas encore le puzzle dans son ensemble. On s’attendait donc à des représailles, à une fuite en avant des éléments qui restaient dans la nature.

Comme on l’a dit de la France et de ses banlieues, ces événements ont-ils révélé “un apartheid social” en Belgique ?
En France, on s’est beaucoup focalisé sur Molenbeek mais ce serait une hérésie de se concentrer sur un seul quartier. Ces événements montrent qu’on dépasse largement le réseau local. Ce serait une erreur d’interpréter ces faits en terme de quartier ou de pays parce qu’ils illustrent l’existence d’une filière internationale. C’est frappant de voir la manière dont on réagit, selon un prisme national, alors qu’on a besoin de coopération européenne et internationale.

La coopération franco-belge doit-elle, va-t-elle se renforcer ?

Depuis l’arrestation de Salah Abdeslam, on a entendu des critiques sur la lenteur des services de sécurité belges. On pourrait facilement renvoyer la balle à la France qui a mis quatre ans à arrêter Yvan Colonna, protégé par ses réseaux locaux. Mais c’est stérile. Les saillies qu’on a entendues de part et d’autre de la frontière sont regrettables. Parce que depuis quatre mois, la coopération entre nos deux pays a été renforcée et qu’elle commence à bien fonctionner.

Propos recueillis par Courrier international