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Attentats de Bruxelles : médias et police à l’épreuve du direct

Au fil de la journée, les médias belges ont beaucoup échangé avec les autorités, sans se sentir « muselés ».

Par  et

Publié le 23 mars 2016 à 10h22, modifié le 23 mars 2016 à 11h15

Temps de Lecture 3 min.

Sur Instagram mardi 22 mars.

Pour les médias belges, ce 22 mars 2016 n’a pas seulement marqué la date de l’attentat le plus meurtrier de l’histoire du pays : il est aussi le jour où la Belgique a pleinement basculé dans l’ère de l’information en direct. Témoignages sur les réseaux sociaux, lives sur les sites d’information, éditions spéciales en continu sur les chaînes de télévision : c’est dans la mécanique du temps réel que le pays a traversé cette journée noire.

« Pour les médias traditionnels belges, cette temporalité du direct est une nouveauté », observe Christophe Berti, rédacteur en chef du quotidien Le Soir, qui a alimenté un live sur son site mardi. A la différence de la France, qui en compte trois et bientôt quatre, la Belgique ne dispose pas de chaîne de télévision d’information en continu. Elle n’a pas connu la même compression du temps médiatique que celle observée en France depuis une dizaine d’années.

Dans la temporalité du direct, les processus de validation des informations, largement issues des réseaux sociaux dans les premières heures, sont à l’épreuve. Certains médias, belges ou français, en ont fait les frais, par exemple en diffusant, mardi matin, des images qui provenaient en fait d’une scène d’attentat dans un aéroport de Moscou en 2011. Une question sensible car des comptes djihadistes étaient au même moment à l’offensive sur les réseaux sociaux où ils diffusaient de fausses informations.

Loin du « lockdown »

Hormis cette question des « fakes », l’autre point sensible de la couverture a été la relation des médias avec les autorités policières et judiciaires. Une relation marquée par le souvenir du 22 novembre, quand les médias belges avaient accepté de s’imposer, pendant quelques heures, un « black-out » (ou « lockdown ») à la demande de la police, alors que se déroulaient des opérations antiterroristes dans Bruxelles.

Il n’y a rien eu de comparable en ce 22 mars. « On a senti très fortement que l’autorité publique ne voulait pas rééditer l’expérience de la ville fermée, raconte Christophe Berti. A aucun moment nos journalistes ne se sont sentis interdits d’information ou muselés. » Illustration de cette communication : quand l’image issue des caméras de surveillance de l’aéroport, montrant les terroristes présumés a été diffusée par le site de Het Laatste Nieuws, les autres médias ont pu très rapidement vérifier auprès des autorités sa pertinence.

Image des suspects des attentats de Bruxelles à l’aéroport de Zaventem, le 22 mars.

Le seul point de friction apparent a concerné les perquisitions menées par la police belge dans l’après-midi. Vers 13 heures, le parquet fédéral a « demandé à la presse de s’abstenir de communiquer des informations relatives à l’enquête judiciaire en cours afin de ne pas nuire à l’enquête ». Cela faisait suite à une information selon laquelle des perquisitions étaient en cours dans la commune de Schaerbeek, publiée notamment par la RTBF.

Par la suite, les médias, belges comme français, n’ont plus fait mention de ces perquisitions. Mardi soir, le parquet fédéral a « remercié les médias qui respectent minutieusement les directives données ». La demande a de fait été plutôt bien acceptée : « Ils nous demandent simplement de ne pas mentionner les lieux précis de perquisition pour ne pas gêner les opérations », relate M. Berti.

Comme en France

Ce type de demande est relativement habituel en période d’attentats. Le 13 novembre, les chaînes de télévision françaises avaient ainsi cessé leurs directs pendant l’assaut policier au Bataclan. Et le lendemain, le CSA avait « attiré très vivement l’attention des rédactions des télévisions et des radios sur la nécessité de ne donner aucune indication susceptible de mettre en cause le bon déroulement des enquêtes en cours ».

En ce 22 mars, l’atmosphère en Belgique était donc différente de celle des jours précédents les attaques, où était montée une polémique entre les autorités belges et « certains médias » accusés d’avoir hâté l’arrestation de Salah Abdeslam en révélant que ses empreintes digitales avaient été retrouvées dans un appartement perquisitionné mardi 15 mars. L’organe de presse visé était L’Obs (détenu par les actionnaires majoritaires du Monde).

En contraste, le parquet fédéral belge avait « remercié » les médias « qui ont tenu compte des nécessités des opérations en cours en ne diffusant pas, à sa demande, certaines informations dont ils avaient connaissance ». Il semble qu’au moins un média belge disposait de l’information concernant les traces de Salah Abdeslam. L’épisode a été vu comme une preuve des différences entre la Belgique et la France dans les relations qu’entretiennent les médias avec les autorités.

Toutefois, ces dernières semaines, des directions de rédaction belges s’étaient plaintes de manquer parfois d’information de la part des autorités. Mais la journée du 22 mars semble marquer une nouvelle concorde dans cette relation. Les éventuelles opérations des jours à venir éprouveront ce nouvel équilibre. Mardi soir, le parquet fédéral belge a prévenu : « Toute enquête parallèle peut nuire à l’instruction en cours. »

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