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Après l’attaque de Bruxelles, l’exemple israélien examiné de près

L’aéroport Ben-Gourion de Tel-Aviv est réputé être le plus sécurisé au monde. Un état de fait qui découle d’une longue expérience du terrorisme.

Par  (Jérusalem, correspondance)

Publié le 23 mars 2016 à 16h31, modifié le 24 mars 2016 à 09h16

Temps de Lecture 3 min.

La façade de l'aéroport Zaventem (Bruxelles) a été soufflée par le double attentat-suicide du 22 mars.

L’aéroport Ben-Gourion de Tel-Aviv est réputé être le plus sécurisé au monde. Avant d’entrer dans un terminal pour prendre son avion, il faut passer un premier point de contrôle en voiture. Puis des gardes de sécurité privée surveillent toutes les entrées de l’aéroport et n’hésitent pas à interroger les passagers. Des caméras de surveillance sont installées sur tout le parcours du voyageur. Des agents du renseignement, habillés en civil, patrouillent aussi.

C’est ce savoir-faire qui intéresse désormais les capitales européennes, depuis l’attentat qui a frappé l’aéroport de Bruxelles-Zaventem, mardi 22 mars. Aujourd’hui reconverti dans l’analyse de risques, Shlomo Hornoy, qui fut directeur du département de la sécurité aéroportuaire pour le Shin Bet (les services secrets intérieurs israéliens) jusqu’en 2003, confirme des contacts de plus en plus réguliers avec des responsables d’aéroports européens. « Israël a malheureusement une longue expérience dans le domaine du terrorisme », relève-t-il. Plus de 80 attaques ou tentatives ont eu lieu touchant le domaine aérien interne depuis qu’Israël existe, selon lui.

« Quasiment impossible que ce type d’attaque survienne dans l’un des aéroports israéliens », a pour sa part estimé Pini Schiff, interrogé par l’agence de presse AP. L’ancien directeur de la sécurité de l’aéroport Ben-Gourion de Tel-Aviv a dénoncé « l’échec colossal » des autorités belges après que deux kamikazes s’y sont fait exploser.

« On oublie le facteur humain »

Depuis longtemps, les responsables de la sécurité israéliens savent que les transports publics sont des lieux sensibles. Au plus fort de la deuxième intifada, pendant les années 2000, les bus et leurs stations étaient régulièrement visés par des attaques-suicides menées par des Palestiniens.

Mais l’aéroport principal du pays, lui, n’a pas connu d’attaques depuis 1974. Un groupe terroriste japonais propalestinien avait alors ouvert le feu alors que son avion venait d’atterrir à l’aéroport de Tel-Aviv, tuant 26 personnes et en blessant 80 autres.

« La sécurité à l’aéroport avait déjà été renforcée depuis le début des années 1960, mais l’attaque de 1974 nous a poussés à aller encore plus loin », se souvient Shlomo Hornoy. Par exemple, depuis cette période, les passagers navigant vers Tel-Aviv avec la compagnie israélienne El Al sont contrôlés avant de monter dans l’avion par des agents israéliens qui opèrent dans les aéroports étrangers. Un moyen de réduire encore les risques d’infiltration.

Pour sa part, Shlomo Hornoy plaide pour une refonte totale des plans de sécurité dans les aéroports européens. « Aujourd’hui, en Europe, on dépense des milliards dans la technologie, mais tout le monde oublie le facteur humain », affirme l’ancien responsable israélien, qui regrette que les Européens « pensent encore comme au siècle dernier en termes de sécurité ».

« Des cibles faciles et à haute valeur ajoutée »

En plus de leurs services de renseignement, les Israéliens ont développé à leur maximum les techniques de « profilage ». « Rien qu’en discutant, on peut savoir beaucoup d’une personne. Découvrir s’il a un accent en hébreu ou s’il est stressé », constate le professeur Efraim Inbar, directeur du BESA, un centre de recherche sis en banlieue de Tel-Aviv. Spécialisé dans les questions de sécurité, le chercheur israélien reconnaît que ces techniques discriminatoires peuvent être controversées, mais il se félicite de ce choix fait de longue date par les autorités israéliennes.

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L’efficacité semble en tout cas au rendez-vous. La dernière tentative d’intrusion dans un aéroport israélien remonte à plus de cinq ans, alors que les attaques au couteau menées par des Palestiniens sont quasi quotidiennes depuis le mois d’octobre 2015.

Efraim Inbar dénonce sans détour la passivité des autorités belges : « Les lieux qui accueillent du public sont des cibles faciles et à haute valeur ajoutée. Les services de sécurité belges n’ont rien fait pour les protéger. » Avant de conclure, sur le renforcement des patrouilles décidé en Belgique comme en France : « Ce n’est pas avec quelques militaires supplémentaires que l’on peut sécuriser une aérogare dont on sait qu’elle est dans le viseur de djihadistes. »

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