Attentats de Bruxelles. Des ratés qui coûtent cher

Trois kamikazes des attentats de Bruxelles, tous liés aux attentats de Paris, ont été identifiés ce mercredi. Un quatrième homme, présent à l'aéroport, est en fuite et activement recherché. Et, selon "Le Monde", il y en aurait un cinquième, "filmé en compagnie de Khalid El Bakraoui", peu avant que celui-ci se fasse sauter.Au-delà de l'enquête qui a progressé, il apparaît que de nombreux ratés ont permis aux cellules terroristes de se développer en Belgique. Suivez notre direct !

1.Les attentats de Bruxelles : encore un nouveau mode opératoire ? D'un point de vue opérationnel, il n'y avait « rien de nouveau » dans les attentats qui ont frappé Bruxelles. Les terroristes ont choisi le mode le plus « rentable » : cibler des transports en commun à des heures de pointe. Ils ont cependant été « séquencés », avec un deuxième attentat qui intervient une heure après le premier. « Cela fait durer l'événement et crée une tension beaucoup plus forte », explique un spécialiste du contre-terrorisme. Les services de sécurité et les secours n'ont, en revanche, pas été saturés, ce qui aurait constitué « le pire scénario ». Autres craintes qui ne se sont pas matérialisées : celle d'un attentat « dynamique », avec des terroristes qui se déplacent et finissent par se retrancher avec des otages, et celle d'un sur-attentat alors que des badauds et les secours sont sur zone.
 


2.Des attentats déclenchés en réaction à l'arrestation de Salah Abdeslam ? L'hypothèse privilégiée ne semble pas être celle d'une action de représailles liée à l'interpellation de Salah Abdeslam. Elle serait davantage liée au fait que les terroristes craignaient qu'Abdeslam ne parle et conduise à leur interpellation. La découverte d'un ordinateur renfermant un « testament » où l'un des terroristes dit « ne plus savoir quoi faire », « être recherché partout » et que « s'ils s'éternisent, ils risquent de terminer à côté de lui (Abdeslam probablement, ndlr) dans une cellule » semble aller dans ce sens. Hypothèse encore renforcée par les déclarations de l'avocat d'Abdeslam, qui a indiqué à plusieurs reprises que son client collaborait avec les autorités.



3.Bruxelles, cible collatérale ? Si l'hypothèse d'attentats en réaction à l'arrestation d'Abdeslam est privilégiée, il n'en reste pas moins que Bruxelles a déjà, par le passé, été visée par les jihadistes (musée juif, cellule de Verviers prête à frapper en Belgique quelques jours après les attentats de Charlie Hebdo) et est une cible quasi « naturelle » : coeur politique de l'Europe, siège de l'Otan, etc. Par ailleurs, ces attentats n'ont « pas été improvisés ». Techniquement, de pareilles opérations demandent du temps (repérages, conditionnement et préparation des explosifs, etc.). Très certainement programmés, ceux-ci ont, en revanche, pu être « précipités », toujours en lien avec l'interpellation d'Abdeslam.
 

4.Faut-il craindre de nouveaux attentats ? Le fait qu'un attentat ait eu lieu « ne veut pas dire que la menace va décroitre », même si les auteurs et complices présumés sont soit morts, soit interpellés. « Il n'y a pas seulement cinq jihadistes en Belgique, commente un spécialiste. Et les cellules terroristes disposent toujours d'appuis conséquents. »
 



5.La Belgique, plaque-tournante du jihadisme en Europe ? Le pays est au coeur des attentats et menaces de ces derniers mois. « Il y a eu la cellule de Verviers, en janvier 2015. L'assaillant du Thalys a séjourné à Molenbeek. Les terroristes du 13 novembre venaient de Belgique. Quatre mois plus tard, la traque se poursuit à Bruxelles, où plusieurs terroristes parviennent pourtant à commettre deux attentats. Manifestement, les réseaux ne sont pas asséchés », convient une source. La menace ne doit, en revanche, « pas être prise en compte à l'échelle d'un pays, mais de l'Europe toute entière ». C'est ce que disait déjà, dans nos colonnes, en juin 2014, le juge Trévidic, citant « une menace ayant 2.500 visages » (ndlr, désormais plus de 5.000 Européens sont partis faire le jihad).
 

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6.Le dispositif antiterroriste adapté ? Il s'est grandement renforcé en France, en moyens humains et juridiques. Mais les services de renseignement sont « saturés et aveuglés » : trop de suspects à surveiller, trop de menaces à analyser, avec des suspects qui utilisent des réseaux sociaux et des logiciels toujours plus nombreux et chiffrés, qui ont des dizaines d'adresses courriel, plusieurs téléphones... « Cela provoque un effet loupe. Les services ne voient plus rien », rapporte une source. L'escalade semble sans fin : armée associée à la protection du territoire, renforts encore annoncés... « C'est une nécessité opérationnelle et cela répond aussi à une vraie demande de la population, justifie un spécialiste de l'antiterrorisme. En même temps, nous sommes dans une spirale infernale. On nous frappe, on se protège davantage et on croit être davantage en sécurité. Et chaque nouveau coup qui nous est porté est donc plus durement ressenti et toléré... »

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