Menu
Libération
In memoriam

Violences policières : de Paris à Ferguson, qui sont les Michael Brown français ?

A l'occasion de la diffusion du documentaire de la militante antiraciste Rokhaya Diallo «De Paris à Ferguson : coupables d'être noirs», ce soir sur France Ô, voici l'histoire de douze hommes noirs ou arabes décédés pendant ou après leur interpellation par les forces de police françaises.
par Juliette Deborde et Libé Labo
publié le 23 mars 2016 à 16h09

Michael Brown, Freddie Gray, Tamir Rice, Eric Garner… Les noms de ces Afro-Américains victimes de violences policières ont été largement relayés ces derniers mois dans les médias français, et les tensions raciales que leurs décès ont ravivés, de Ferguson à Baltimore, largement couvertes. L'été dernier, Libération revenait, dans une série de portraits de victimes, sur ces bavures des forces de police américaines. Et en France ? Les décès survenus pendant ou à la suite d'une interpellation sont souvent traités sous l'angle du fait divers, et la dimension raciale, largement tue, soulève un documentaire réalisé par Rokhaya Diallo et diffusé ce mercredi à 20h50 sur France Ô (visible en avant-première ici). «Dans le miroir que nous tend Ferguson [ville du Missouri où Michael Brown a été tué, ndlr], la France devrait reconnaître sa trouble silhouette», écrivait déjà la journaliste et essayiste dans une tribune (cosignée avec la militante antiraciste Sihame Assbague) publiée dans Libération en 2014.

A lire aussiIl n'y a pas qu'à Ferguson…

La dimension raciale est pourtant au cœur des violences policières en France, en atteste un rapport sur le sujet publié il y a quelques jours par l'Acat (Action des chrétiens pour l'abolition de la torture). Si aucune statistique officielle ne recense les personnes blessées ou tuées lors des opérations de police ou de gendarmerie dans le pays, l'association chrétienne, qui s'est penché sur 89 cas de violences alléguées entre 2005 et 2015, a décompté 26 décès. «Au moins 22 [d'entre eux] concernaient des personnes issues de minorités visibles», peut-on lire dans le rapport. Soit plus de 80%. Ces violences teintées de racisme sont souvent ignorées et impunies, dénonce par ailleurs l'association. Dans des rapports publiés en 2005 et en 2009, Amnesty International pointait également cette impunité et évoquait même des «motivations racistes». Ces dernières n'ont jamais été attestées par la justice, et les condamnations pour des faits de violences policières, réclamées par les familles et les proches des victimes, restent rarissimes.

Libération revient sur les circonstances du décès de douze de ces hommes, noirs ou arabes, qui ont trouvé la mort ces dernières années au cours ou après une interpellation violente, après avoir essuyé des tirs de Taser ou de flash-ball, dans un véhicule de police ou dans un commissariat, ou abattus par la police. (Cliquez sur les noms pour faire apparaître le texte).

Pour aller plus loin :

Dans la même rubrique