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Le Djihad et le jasmin

Le Djihad et le jasmin


Au risque de passer pour un arriviste, ce qui est loin d’être le cas avec les récents attentats en Belgique, le premier roman du juge antiterroriste, Marc Trévidic, est extrêmement actuel. Aux confins de savantes analyses, Ahlam- signifiant les rêves- est une histoire d’amour, de peinture, de musique, le tout sur fond de montée salafiste.


Portrait d’un homme qui connaît son métier


À, 50 ans, Marc Trévidic, vice- président au tribunal de grande instance de Lille a été pendant dix ans, à la tête du pôle antiterrorisme de Paris. Pendant cette décennie de plomb, il a enquêté sur les attentats de la rue des Rosiers, Copernic, la filière d’Artiga et l’affaire Karachi. Auteur de trois livres admirablement documentés sur le métier de juge et le terrorisme, ses déclarations médiatiques font toujours de l’effet. «  Juge batailleur » selon le journal Libération, il conteste autant les décisions des pouvoirs en place que le manque de moyens pour juguler la terreur.


Avec un roman, il est plus aisé d’expliquer


Paul Arrezo, célèbre peintre français, arrive en janvier 2000 dans les îles tunisiennes Kerkennah. Soignant une peine d’amour, il cherche une autre forme d’inspiration, loin du brouhaha des cocktails endimanchés. Dans ces lieux qui respirent la tranquillité et la simplicité, il va se lier d’amitié avec Farah, un modeste pêcheur et ses deux enfants Issam, le garçon et Ahlam, la jeune fille. Au fil des jours, Paul développera le talent artistique de ses protégés, en associant les couleurs au chant, ou, si vous préférez la peinture à la musique. Sans être une bluette et, c’est certainement la partie la moins réussie du roman, l’auteur fait de l’art, le maître mot pour s’évader et acquérir une intelligence qui nous sort du notre quotidien.


Le temps des doutes, le temps de l’action


Dans cet univers feutré de l’enfance qui conduit inévitablement à l’adolescence et aux questionnements, la colère politique gronde. Le régime honni du président Ben Ali vacille et les forces extrémistes s’activent. Le jeune Issam, brillant étudiant, est approché par des camarades d’enfance qui prônent la lutte armée à travers le Djihad et au nom du Coran. Par une «  douce persuasion », il finira par abandonner l’art et sa sœur. Trévédic nous explique le pourquoi et le comment du mécanisme.
«   Dis-moi, Issam, pourquoi es-tu en colère contre ta sœur ? »
«  Parce qu’elle n’écoute pas la parole de Dieu »
«   Mais comment le pourrait-elle ? Elle n’est qu’une femme, et, comme toutes les femmes, elle est faible et impure. Comment veux-tu qu’elle fasse dans un monde impie où la tentation est partout ? En attendant, tu ne peux lui demander d’être propre au milieu de la fange. Tu ne dois pas lui en vouloir. Bientôt, quand elle aura le choix entre la voie d’Allah et celle des mécréants, elle sera responsable. Et elle devra être punie si elle s’obstine (...) C’est pour elle que nous travaillons. Et pour tous les autres. (...) Que dois-je faire ? Je ne veux plus retourner chez moi. Nourdine m’a dit que tu voulais étudier l’informatique. C’est tout à fait ce qu’il nous faut. Oui, mais je n’ai pas d’argent. Dieu et les frères y pourvoiront ».


L’engrenage

Comme nous sommes en présence d’un roman, point de grandes analyses stratégiques. C’est lentement et douloureusement que l’auteur nous éclaire sur un mode de pensée étouffant, une jeunesse aux abois, condamnée à se tourner vers un salafisme qui offre (?) une autre vision de la société. Un remarquable roman... pour comprendre un tant soit peu.

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