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Aux pays musulmans de réviser leurs « politiques d’éducation »

Au lieu d’expliquer les effets de l’islam comme moteur de la domination masculine, regardons plutôt du côté des déficiences des systèmes d’éducation dans le monde arabe sur lesquels les régimes autoritaires se reproduisent, expliquent Ishac Diwan et El Mouhoub Mouhoud, chercheurs associés à l’Economic Research Forum (Caire).

Publié le 28 mars 2016 à 14h27, modifié le 29 mars 2016 à 12h28 Temps de Lecture 5 min.

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Kamel Daoud à Marseille le 27 octobre 2014.

Par Ishac Diwan et El Mouhoub Mouhoud

Un débat stupéfiant s’est installé en France depuis quelques semaines à propos du cas Kamel Daoud. Un groupe d’universitaires, qui s’est exprimé dans ces colonnes mêmes par une pétition lancée le 12 février 2016, lui a reproché des propos essentialistes sur les musulmans et les rapports entre les hommes et les femmes en partant du cas des agressions commises pendant la nuit de la Saint-Sylvestre à Cologne, affectées trop vite à des réfugiés venant des pays musulmans (Le Monde, 31 janvier 2016). L’auteur de Meursault, contre-enquête (Actes Sud, 2014), acculé à se justifier et à endosser la caractérisation définitive d’islamophobe, a décidé de précipiter sa décision d’arrêter le journalisme pour se consacrer à la littérature.

Kamel Daoud, relayant la tradition du courage de l’intellectuel briseur de tabous et avant-gardiste des sociétés, a raison de poser le problème du rapport aux femmes et à la sexualité dans les pays arabes. Il ne considère pas, à juste titre, que poser la question de la domination masculine et dénoncer les attitudes agressives à l’égard des femmes spécifiquement dans les pays arabes et/ou musulmans serait faire preuve de racisme ou d’islamophobie.

De leur côté, les signataires de la tribune se trouvent injustement réduits au même niveau que les groupes radicaux qui ont lancé des fatwas contre Daoud, alors qu’ils invoquent la nécessité d’une analyse multifacteurs.

Le faible gain d’émancipation par l’éducation

Pour sortir de ce débat manichéen – les pro contre les anti-Daoud, nous souhaitons proposer une analyse fondée sur les travaux empiriques récents utilisant des bases de données de grandes enquêtes d’opinion menées dans de nombreux pays, dont nous n’ignorons pas également les limites et les précautions qu’il convient de tenir en les utilisant.

Sans prétendre nous substituer aux travaux et approches approfondis des anthropologues ou des sociologues, nous pouvons apporter un gain en précision grâce aux données d’enquêtes d’opinion. L’enquête de la World Value Survey qui contient plusieurs questions relatives au genre, lancée autour des années 2012-2013, a été menée auprès de 130 000 personnes dans le monde, dont 25 000 dans les pays du monde arabe, est instructive.

Si l’on n’appréhende pas directement la question de la frustration sexuelle – élément clé de l’analyse de Kamel Daoud dans son article – on peut s’en approcher en s’intéressant à la question de l’opinion que les personnes interrogées peuvent avoir à l’égard du patriarcat défini comme un système familial, dans lequel règne la division sexuelle du travail fondée sur la domination masculine.

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