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#Football
27.03.2016 à 10 H 58 • Mis à jour le 28.03.2016 à 15 H 49 • Temps de lecture : 19 minutes
Par et

Les Ultras, totems et baston

Football Coupables tout désignés des violences dans et en dehors des stades, les Ultras cristallisent tout le mépris des autorités et de l’opinion publique. Descente dans cette nébuleuse aux codes et à la culture mal connus, qui cultive l’art du secret.
Ils sont pour le football ce que les punks sont pour le rock. Adulés jusqu’il y a quelques jours pour leurs sens du spectacle, il endossent désormais toutes les colères des Marocains. Le ministre délégué chargé du transport, Najib Boulif, pourtant un mordu du football, est allé jusqu'à qualifier les ultras du Raja de « groupe terroriste ». La vindicte populaire demande l’arrêt pur et simple du championnat national, et au bas mot, de dissoudre ces groupes de « sauvageons » qui sèment la terreur et le chaos dans nos rues. La réaction de l’Etat ne s’est pas faite attendre, puisque la Wilaya de la région Casablanca-Settat a décidé, le 22 mars, d’interdire les activités de l’ensemble des “ultras” et la fermeture du complexe sportif Mohammed V. Mais que sait-on au juste sur ces groupes ?
Les Commandos Tigre, saison 1972-1973. Un des premiers groupes de supporters constitués en Italie à la fin des années 1960.
Les Ultras de Liverpool au stade de Wembley, à Londres, pour la finale de la Coupe F.Un contre Newcastle United, le 4 mai 1974. Liverpool a gagné 3-0. CENTRAL PRESS / HULTON ARCHIVE / GETTY IMAGES

Hooltras, la jonction explosive

En 1814, la chute du premier empire en France va plonger le pays dans l’ère de la restauration. Un groupe d’activistes revendique le retour de la monarchie, utilisant la persuasion politique et la violence extrême. On les appellera les ultra-royalistes. Plus de 150 ans après, le mot Ultras est récupéré par un des premiers groupes organisés de supporters qui naissent au début des années 60 en Italie. Au début des années 70, dans une Italie secouée par le terrorisme des Brigades Rouges et l’instabilité politique, les jeunes trouvent dans les stades un repère identitaire. Parallèlement, en Angleterre, des groupuscules violents dénommés hooligans, sont les premiers à voyager à l’étranger pour accompagner leurs clubs. En plus de la baston, les jeunes anglais de la génération orange mécanique, exhibent drapeaux et banderoles et poussent des chants au rythme des tambours. Du jamais vu en Europe. Cette jonction entre le Hooliganisme et les Ultras, qualifié de Hooltras, va donner naissance à un nouveau mode de supportisme qui déferle sur le vieux continent où les ultras les plus violents vont commencer à naître. Parmi les plus notoires, les ultras des deux clubs de la capitale Serbe, l’Etoile Rouge et le Partizane de Belgrade. Mais c’est en Italie que le mouvement va être élevé au rang d’art et sera l’école de référence pour les marocains.

Les « Delije » (les Preux), les ultras de l'Etoile rouge de Belgrade, sont avec leurs frères ennemis les « Grobari » (fossoyeurs), fans du Partizan de Belgrade, les deux groupes de supporters les plus virulents et qui squattent toujours les premières places des classements ultras dans le monde.
Les Ultras Black Army ont été créés suite à une scission dans le virage des Utras Askary pour supporter l’AS Far
African Winners, les inconditionnels du Club Africain de Tunis et les initiateurs du mouvement Ultras. Ce groupe créé en 1995 est le premier groupe Ultras en Afrique et dans le monde arabe.
Ultras Winners, bien installés dans la Curva Nord pour donner de la voix et supporter les rouges du Wydad. Tous les moyens sont bon pour encourager les joueurs. Ici, on agite des drapeaux illustrant les moments de gloire du club.

La Grande storia

En Italie, c’est à Milan que naquit la Fossa dei Leoni (Fosse aux lions), le premier groupe d’Ultras au vrai sens du terme. Ces fervents supporters vont marquer leur territoire en squattant les virages (Curva en italien) du stade San Siro, réputés pour la ferveur qui y règne et ses places au prix accessibles. Alors qu’au Maroc cette culture est inexistante, les supporters des clubs de notre championnat en déplacement en Tunisie, découvrent que ce pays compte déjà des groupes d’ultras. En raison de l’influence et la proximité avec l’Italie, les deux grands clubs de la capitale, l’Espérance Sportive de Tunis (EST) et le Club Africain (CA), vont voir naitre des groupes d’ultras. « Lemkachkhines » (les souriants), nés en 2002, et très inspirés par le Commando Ultra Curva Sud de la Roma, supportent l’EST. Tandis que le CA est supporté par l’African Winners. Ç’est le déclic pour les supporters marocains. « Les Ultras du WAC , du Raja et de l’AS FAR revendiquent tous la paternité des Ultras au Maroc. On peut avancer que les plus gros sont nés en 2005, à savoir les Winners du WAC, les GreenBoys du Raja et les Ultras Askary de l’AS FAR. Il se sont construits autour de groupes de supporters existants mais non organisés » explique Yassine, qui a rejoint les Winners du Wac à l’âge de 15 ans. Leur doctrine, ils la puiseront également du modèle italien. Depuis, les ultras ont poussé partout au Maroc :  Helala Boys de Kenitra, Los Matadores de Tétouan, les Imazighen d’Agadir, les Hercules de Tanger... Souvent les rivalités au sein d’un même groupe pour dominer le supportisme d’un club ont donné lieu à des scissions. C’est le cas des Ultras Eagles (Raja), des BlackArmy (AS FAR), Siempre Paloma (MAT de Tétouan), ou encore des Ultras Rebels (Agadir).





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Une bâche à l'envers signifie Échec et mat. C'est le cas ici, les Winners du WAC avaient volé la bâche aux ultras de Sfax La Fossa Del Leone chez eux et l'ont exhibée au match retour.
Des jeunes Ultras du Fatal Tigers du Mas de Fès préparant le tiffo.
Les Ultras Askary de l’As Far font partie des premiers groupes d'Ultras constitués au Maroc en 2005, avec les GreenBoys du Raja et les Winners du WAC.

Force et honneur

Tel une société païenne, les ultras ont un code moral non écrit, qui renforce la cohésion du groupe, et un certain nombre d’objets fétiches pour marquer l’appartenance à la ville et au club. Comme les joueurs sur le terrain, un ultra produit le spectacle dans les gradins contrairement au supporter du dimanche qui vient consommer le spectacle. Il est debout pendant tout le match, saute et donne de la voix. « Les ultras vouent un culte sans limite pour le club et pas pour les joueurs. Ces derniers sont considérés comme de simples affairistes capables de vendre leur services aux plus offrants » analyse Abdelfattah, 26 ans, qui a « tourné la page » des Ultras Askary de l’AS FAR il y a quatre ans.


Chaque groupe d’ultras se distingue par une bâche qui fait office d’étendard placé le jour de match dans le virage. « Le moment de la pose de la bâche, le bâchage, est un rituel hautement respecté par les nôtres. Ça veut dire que nous sommes arrivés et qu’on va donner de la voix, préparez vous !  » insiste Yassine. Véritable carte d’identité du groupe, la bâche est protégée, tel un trésor, des vols ou de vandalisme des groupes adverses. Selon leur dogme, un groupe qui se fait voler la bâche perd son « honneur » et se doit de se faire hara-kiri. « En déplacement à Sfax pour supporter les rouges en coupe Arabe, quelques membres des Winner du Wac se faufilent chez les ultras de Sfax, La Fossa Del Leone, et leur chipent la bâche. Au match retour à Casablanca, devant un stade Mohammed V blindé, les Winners ont exhibé leur butin à l’envers. Dans le langage des Ultras, ça signifie échec et mat » se souvient, amusé, Yassine.

Une partie de la Curva Sud « L’Magana » au moment du craquage. Les GreenBoys ont pris pour habitude de supporter leur club torse nu, histoire de se différencier des autres.
Un tifo des Tangérois de Ultras Hercules qui glorifie Amine Benhachemn l’entraineur qui les a ramenés en première division

Arsenal de combat

Souvent, la bâche porte les couleurs du club et un nom inspiré d’une épopée historique (Hercule pour Tanger), d’une particularité locale (Orange pour Berkane, Imazighen pour Agadir) ou d’un animal comme c’est le cas des Ultras Shark de Safi. Autres accessoires : les drapeaux et tambours aux couleurs du club. Depuis quelques années, le rituel des fumigènes, appelé « le craquage », a fait son introduction dans nos stades. Utilisés pour donner un aspect pyrotechnique au spectacle lors des matchs, Ils proviennent généralement de la contrebande avec l’Algérie et sont introduits en cachette dans le stade. « Souvent les ultras utilisent les enfants qui s’infiltrent au stade pendant la nuit dans le but de cacher les fumigènes dans des cachettes comme les bouches d’égouts. Parfois, ils sont cachés dans les banderoles, pour déjouer la vigilance des stadiers. Avant, certains joueurs des clubs les introduisaient au stade mais depuis leur interdiction par la loi, ils ne le font plus » se souvient Yassine. Pour la première fois, lors des événements du complexe Mohamed V, ces fumigènes qui peuvent occasionner des brûlures et des blessures graves, ont été utilisés par chaque camp comme arme pour attaquer l’adversaire. Un cap a été franchi.


L’un des beaux tifo de la saison dernière a été réalisé dans le grand stade d’Agadir et c’est l’œuvre des Ultras Imazighen.
Quelques 60 000 supporteurs venus assister au fameux derby casablancais, qui s’est hisser au rang des meilleurs au monde grâce à l’ambiance fourni dans les gradins.KARIM ACHALHI

L’herbe est plus verte…ici

Regroupés dans le virage du stade, derrière les filets qu’ils protègent symboliquement, les ultras en font un territoire sans partage. A Casablanca qui compte deux grands clubs mais un seul stade, les ultras se partagent les virages. La Curva sud (L’magana) revient de droit au Raja et Frimiga est le territoire du Wac. C’est le cas également à Milan et à Rome. Pour gérer l’animation de la Curva, le métronome est le Capo. Souvent fanatique du club, il est désigné pour sa combativité et sa détermination. Au centre de la curva, debout sur une balustrade, dos au stade durant le match, le Capo rythme la curva et synchronise les gestes et les chants des supporters. Le Capo est soutenu par plusieurs chefs de petits groupes, dont le rang et le prestige proviennent de leur ancienneté. Ils servent de courroie de transmission des ordres vers la base des supporters. Après les récents évènement du match RAJA-RCA, Zakaria, alias « Squadra », le capo des GreenBoys a été appréhendé par la police, qui enquête sur les sources de l’affrontement entre les deux ultras du club.

Les Ultras Ahlawy sur la place Tahrir. GETTY

Côté idéologique, les ultras au Maroc ne sont pas politisés, à l’exception des Ultras Askary qui sont descendus dans la rue lors du printemps arabe. « Si les Ultras étaient politisés, il auraient été dissouts depuis longtemps. Le football est l’opium du peuple au Maroc et il vaut tellement cher politiquement. Malgré les dégâts et les tueries entre supporters, ces évènements sont classés dans la case pertes et profits » analyse un journaliste sportif. Dans d’autres pays, notamment l’Egypte, les Ultras du Zamalek et du Ahly ont joué un rôle fondamental dans la guérilla urbaine qui a opposé au Caire la police aux manifestants lors de la chute de l’ancien président Hosni Moubarak.

Comme sur les murs de Casablanca, les Winners ont tagué « Akram Irhal » sur la curva Nord lors d’un derby et en sa présence.
Le Coup de tête de Zidane en finale de la coupe du monde 2006.

Ultras et clubs, les liaisons dangereuses

Insultes, vulgarité et chants provoquant l’équipe adverse ainsi que la police, sont des rituels qui font partie de l’ambiance du stade. « Selon une certaine bienpensance, les gens seraient polis dans les autres stades du monde. C’est ne pas connaître le football. Même les joueurs s’insultent pendant le match. Zidane avait l’air ridicule quand il justifiait son coup de boule par les paroles insultantes de Materazzi » explique un journaliste sportif. Les ultras mettent de la pression sur l’arbitre, le club adversaire et dopent le moral des joueurs de leur club. Ils sont puissants au point de peser sur les clubs. En 2013, excédé par les résultats du WAC, les Ultras Winners lancent une vaste campagne pour la démission du président Abdelilah Akram. Le slogan «  Akram Irhal » est tagué partout sur les murs de Casablanca et les ultras profitent de la visibilité du derby de novembre 2013, pour arborer un gigantesque tifo où on peut lire « Akram Irhal ». « Dans l’orthodoxie ultra, le mot d’ordre est l’autonomie totale par rapport au club. Or, au Maroc la situation est différente, particulièrement dans le cas des clubs qui ont deux ultras. Au Raja, les deux groupes s’accusent mutuellement de proximité avec le président du club. C’est ce qui explique en partie la tension qui couvait entre les Greenboys et les Ultras Eagles avant le samedi noir » explique Yassine.

Pour financer les animations du dimanche, les ultras profitent de leurs notoriété et de leurs réseaux pour vendre des produits dérivés tels que les écharpes, les casquettes, blousons …. Ici une écharpe des Winners.

Economie parallèle

Pour s’autofinancer, les ultras vendent plusieurs produits à l’effigie du groupe. Ils organisent des meetings dans les jardins ou des lieux à l’abri des regards pour vendre leurs dernières créations. Parmi ces produits on trouve des écharpes (120 Dh), les pull-overs (150 Dh) ou des sweet-shirt  (200 Dh). Ces meetings underground servent également à échanger les dernières chansons pour encourager leurs clubs et chambrer l’adversaire. Des compositions qui surprennent par leur qualité sonore preuve qu’ils sont enregistrés dans des studios modernes. Lors de l’émission Moubacharatan Maâkoum sur 2M, du 23 mars, Mohamed Bouzfour, chargé de la direction sportive au sein de la DGSN, déclare que « les ultras visent une vaste clientèle composée des mineurs à qui il faut vendre plein de produits. Ils ont tout intérêt à les garder sous contrôle  ». Paradoxalement, ces produits business sont aux couleurs du groupe ultra et pas au nom du club. Ils représentent ainsi un grand manque à gagner pour les clubs qui n’ont aucun contrôle sur leur image et ce qu’elle peut générer comme business. C’est le cas du Raja qui a lancé des magasins de merchandising pour vendre ses produits, qui restent concurrencés par les produits de bonne qualité et bien dessinés des ultras. L’argent, le nerf de la guerre, sert à financer les déplacements avec le club au Maroc ou à l’étranger et couvre les frais de confection des tifos et les apparats du groupe. « Quand c’est des voyages long-courriers, on utilise l’argent de la caisse du groupe mais on choisit les personnes qui vont y aller pour nous représenter » nous confirme Adil, un membre des Greenboys.

A leurs débuts, les groupes marocains ne couvraient qu’une petite partie de la Curva avec une toile. Aujourd’hui, ils réussissent à faire des tifo en 3D, comme celui ci, réalisé par les Winners lors du dernier derby.
Helala Boys de Kenitra
« Le noyau dur sert d’interface pour dialoguer avec les autorités, le club ou même les médias »
Un membre fondateur
des Winners

Masters of puppets

Comme une organisation politique, chaque groupe d’ultras dispose d’un noyau dur dont le profil est en totale opposition avec le militant-soldat de base. « Il est composé de cadres et de compétences hautement techniques qui occupent des postes intéressants dans le "civil". Ce comité décide collégialement des tifos, du design des produits destinés à la vente, des déplacements avec le club, de la défense du groupe contre ses rivaux. Il s’agit d’un conseil politique, économique et parfois martial » explique Yassine. En effet, pour la confection des tifos, des ingénieurs informaticiens utilisent des logiciels sophistiqués pour modéliser la curva et reproduire les mesures exactes du tifo qui sera brandi pour épater l’adversaire. A leurs débuts, les groupes marocains ne couvraient qu’une petite partie de la Curva avec une toile. « Aujourd’hui, ce sont de vraies œuvres d’art qu’ils nous sortent chaque week-end. On attend le derby pour les tifos et pas pour le foot, ou presque  », ironise ce journaliste sportif habitué des stades marocains. Les tifos peuvent coûter jusqu'à 80 000 dirhams. La légende raconte que le plus grand tifo de l’histoire du Maroc et d’Afrique a été réalisé lors de la finale de la Champions’ League africaine qui a opposée le WAC à l’Espérance de Tunis. Lors des matchs, la performance du groupe est filmée avec des caméras sophistiquées et certains utilisent les drones, pourtant interdits, pour les prises aériennes du spectacle. In fine, grâce à une postproduction bien soignée, les films qui attestent des exploits du groupe sont partagés sur internet par les adhérents et les nombreuses sections de chaque groupe d’ultras qui existent partout dans le monde. « Le noyau dur sert d’interface pour dialoguer avec les autorités, le club ou même les médias  », nous déclare ce membre fondateur des Winners.

 


Une minutes de gloire planétaire

Le spectacle produit par ces supporters a servi de cache-sexe, pendant des années, au football marocain. La créativité dans les gradins a donné une aura artificielle à un championnat faible et malade. Grâce aux chaînes sportives étrangères, les championnats étrangers ont conquis définitivement les faveurs des footeux. Les chaines de télévision et la presse de façon générale applaudissaient les ultras, faisant de ces enfants terribles de véritables héros du dimanche. La presse relaye le classement du Derby de Casablanca dans les sites spécialisés. La police les accompagnait pendant les déplacements et leur apportait l’aide nécessaire quand ils passaient la nuit dans le stade pour mettre en place les tifos. En bref, les clubs, les autorités et la presse ont profité de ces groupes, les ont rendus forts et ont construit médiatiquement leur image avant de décréter leur dissolution. Or, dans la cohue des supporters, il est difficile de tracer la limite entre les supporters « normaux » et un ultra pur et dur. « Le nombre des adhérents est un tabou dans la culture Ultras, on ne sait jamais combien ils sont et leur nombre se multiplie d’année en année. Au Maroc le nombre des adhérents peut difficilement atteindre les 5000 personnes et c’est évidemment les ultras casablancais qui sont en tête » explique un journaliste sportif. Dans la confusion totale, la vox populi les a jeté en pâture.

Tifo Raja vs monterrey 2-1. Coupe du monde des clubs.
Khalid Safir, Wali de Casablanca Settat qui a pris la décision de dissoudre les Ultras.

#NO ULTRAS NO FOOTBALL

Pour certains, la solution consisterait à interdire les activités de ces groupes, voir geler la Botola. Les plus raisonnables ont plaidé pour l’augmentation du prix des tickets pour barrer l’accès aux casseurs au stade. Or, la Botola est d’un niveau si faible qu’il ne justifie pas de débourser autant d’argent pour aller au stade. D’un autre coté, le stade reste le seul divertissement pour des milliers de jeunes sans moyens qui sont prisonnier de l’urbanisation sauvage de leur environnement. « Pendant la coupe du monde des clubs en 2013, les Ultras ont créé le spectacle et ont participé à la réussite de ce tournoi. Aucun incident majeur n’a été signalé. Décapiter les ultras reviendrait à les pousser dans la clandestinité dont on ne mesure pas les conséquences » s’emporte Abdelfettah. Pour le moment cette interdiction ne concerne que les ultras de Casablanca. Mais qu’en est-il des autres villes qui ont des groupes de supporters très puissants ? Une ligue des ultras du Maroc n’est elle pas à craindre ? Sans oublier qu’internet a changé la donne et risque de devenir le lieu d’organisation de cette radicalisation programmée. «  De toutes les manières, ce sont des groupes qui maitrisent l’art de jongler avec les marges de la légalité et ils vont s’adapter  » constate Yassine. «  Ils peuvent sacrifier les bâches, les apparats et les signes ostentatoires du groupe, mais qu’est ce qui les empêche de se retrouver au stade avec les même codes vestimentaires qui marque leur identité et continuer à produire du spectacle au grand dam des autorités ? Le football doit se faire avec eux pas contre eux » conclut Abdelfettah.

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