Total mise sur le calcul scientifique pour trouver plus de pétrole
Le groupe pétrolier a investi afin de se doter du « premier calculateur de l'industrie » au monde.
Par Frank Niedercorn
Pangea, le superordinateur de Total, va-t-il bientôt entrer dans le Top 10 des machines les plus puissantes du monde ? Il est encore trop tôt pour le dire mais la machine vient en tout cas de voir ses performances tripler. Installé au centre de recherche de Pau, le superordinateur affiche une capacité de 6,7 petaflops (6,7 millions de milliards d'opérations par seconde). Conçu par l'américain SGI, Pangea avait coûté 30 millions d'euros à Total en 2013. « SGI avait largement gagné l'appel d'offres. Et ce, sur tous les critères : le prix, les performances et la consommation électrique », explique Arnaud Rödde, en charge du calcul haute performance chez Total.
Le pétrolier a resigné un chèque de 35 millions d'euros pour augmenter le nombre de processeurs. « Premier calculateur de l'industrie dans le monde », selon Total, Pangea possède désormais une puissance équivalente à celle de 80.000 ordinateurs portables et une capacité de stockage de 26 petaoctets, soit celle de 6 millions de DVD.
La simulation numérique est en effet devenue le nerf de la guerre de la recherche pétrolière, alors que celle-ci investit des réservoirs toujours plus difficiles d'accès et compliqués à exploiter. Qui plus est, la politique d'« exploration audacieuse » lancée par Total en 2011 s'est avérée un échec et n'a pas débouché sur les découvertes de gisements espérés.
Dans le Top 10 mondial
Le groupe entend désormais se concentrer sur les zones où les systèmes pétroliers ont déjà été prouvés, tout en limitant les risques dans les zones nouvelles grâce à la sismique 3D. Pangea, qui tire son nom de Pangée, le continent unique qui rassemblait toutes les terres émergées, permet de produire des images du sous-sol à partir des données sismiques puis de travailler sur les conditions d'exploitation des réservoirs.
Si l'investissement est important, il reste d'un coût raisonnable au regard des bénéfices attendus, estime Total. Avec 2.500 salariés, le centre de recherche de Pau travaille au quotidien pour toutes les équipes de la branche exploration-production dans le monde. « Un forage offshore coûte environ 30 millions d'euros. Un tel ordinateur constitue un outil d'aide à la décision qui permet d'être plus efficace en diminuant le risque économique. Il peut donc être rapidement rentabilisé », explique Pascal Breton, responsable de la communication de la branche exploration-production.
Loin derrière le supercalculateur le plus puissant, le chinois Tianhe-2 (33 petaflops), Pangea figure néanmoins dans le Top 10 mondial, au regard de ses performances actuelles. Pour autant, le nouveau classement officiel n'interviendra qu'en juin. Et d'ici là, la concurrence aura sans doute fait des progrès.
Correspondant à Bordeaux Frank Niedercorn