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Abandon de la déchéance: «Hollande, c’est l’amateurisme et le chaos»

Alors que François Hollande et ses soutiens socialistes attribuent à «une partie de l'opposition» l'abandon de la révision de la constitution, le parti Les Républicains leur renvoie la responsabilité de cet «échec». D'autres en revanche se félicitent de cette décision.
par LIBERATION
publié le 30 mars 2016 à 17h19
(mis à jour le 30 mars 2016 à 17h46)

Après quatre mois de débats très agités, François Hollande a enterré ce mercredi la révision constitutionnelle qu’il avait lui-même initiée après les attentats de novembre. Le président abandonne donc notamment l'extension de la déchéance de nationalité à tous les binationaux condamnés pour terrorisme.

«Nous [la majorité] présentons nos excuses aux Français» a immédiatement réagi le premier secrétaire du Parti socialiste Jean-Christophe Cambadélis, qui accuse la droite d'avoir réécrit le projet de révision au Sénat : «Nous n'avons pas convaincu la droite en général, et la droite sénatoriale en particulier, de rentrer dans l'union nationale pour renforcer notre droit dans la lutte contre le terrorisme.» 

Même réaction du chef de file des députés PS Bruno Le Roux : «Pour une raison de principe, l'opposition a décidé qu'il n'y aurait aucune révision constitutionnelle dans cette législature et n'a pas su prendre en compte le moment que vit notre pays dans la lutte contre le terrorisme. Je le regrette profondément».

«Affirmer que tel ou tel camp serait responsable de l'échec de la révision constitutionnelle est une faute politique», affirment au contraire dans un communiqué Julien Bayou et Sandrine Rousseau, les porte-parole nationaux d'EE-LV : «On ne doit tout simplement pas réviser la Constitution - qui inscrit dans le marbre notre pacte républicain - dans l'urgence, sous le coup de l'émotion post-attentats. Le président de la République porte la responsabilité d'une fracturation du débat public et de cette hystérie collective qui aura conduit des députés de la nation à envisager la création d'apatrides.» 

Certaines voix à gauche se félicitent de cet abondon comme (c'était attendu) Christian Paul, député et chef de file des frondeurs socialistes : «C'est la seule et sage décision possible : il fallait tourner la page, enterrer ce projet de révision constitutionnelle, qui a beaucoup divisé les Français. On ne peut pas réussir l'unité nationale, absolument nécessaire, contre les principes républicains. (...) Contre le terrorisme, la réforme constitutionnelle est un rempart de papier».

Lors des questions au gouvernement, mercredi, Manuel Valls, a tapé sur la droite sénatoriale qui s'est «opposée à une mesure que les Français avaient parfaitement compris : la déchénace de nationalité«Ce que je regrette, ce n'est pas seulement l'échec de la révision consitutionnelle, mais le regard des Français sur nous tous dans cette période où ils nous demandent de l'unité (…), je regrette que nous ne soyons pas capable de prendre de la hauteur.»

«Victoire !» s'écrie de son côté Jean-Luc Mélenchon, député européen et candidat à la présidentielle de 2017 dans un message posté sur Facebook : «Mes futurs arrière-petits-enfants remercient François Hollande de renoncer à les discriminer. Comme il renonce aussi à mettre dans la Constitution l'état d'urgence, toutes les procédures engagées dans l'etat d'urgence déjà rectifié et qui sont non conformes à la Constitution sont donc invalidables... Bonjour les dégâts. Hollande, c'est l'amateurisme et le chaos !»

L'opposition, accusée par le gouvernement d'être à l'origine de l'abandon de la réfome constitutionnelle, rejette de son côté la faute sur François Hollande. Pour le président du parti Les Républicains Nicolas Sarkozy, François Hollande «a créé lui-même les conditions de l'échec (...) A force de promettre tout et le contraire de tout, la réalité, c'est qu'il condamne le pays au blocage et à l'immobilisme»

Laurent Wauquiez, numéro 2 du parti Les Républicains va même plus loin : «On est à l'agonie du quinquennat, ce n'est pas un échec, c'est le 3e échec constitutionnel. Ce n'est pas anodin, c'est un sujet majeur dans lequel sa responsabilité était d'assurer des mesures pour renforcer notre protection.»

Le président du Sénat Gérard Larcher (Les Républicains) rejette lui aussi la responsabilité de cet abandon sur «les revirements incessants» du Parti socialiste et ironise dans un tweet :

Enfin la présidente du Front national Marine Le Pen qualifie d'«échec historique» l'annonce de François Hollande qui selon elle, «échoue à faire respecter sa propre parole».

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