20% des ados pensent que le virus du sida peut s'attraper en embrassant quelqu'un
Par Sandra Lorenzo
Peter Beavis via Getty Images
SANTÉ - Les idées reçues sur le sida ont la vie dure auprès des jeunes Français. En 2016, ils pensent toujours que le virus de la maladie peut se transmettre en embrassant une personne, en s'asseyant sur les toilettes publiques, en buvant dans un autre verre que le sien. Selon un sondage dévoilé ce jeudi 31 mars, réalisé à l'occasion du Sidaction le 1er, 2 et 3 avril prochain, 30% des jeunes interrogés par l'Ifop ont montré qu'ils avaient des représentations fausses de la maladie et de ses modes de transmission.
Chaque année, l'association sonde l'état d'esprit des jeunes Français. En comparaison avec 2015, le constat est inquiétant. Les idées reçues sur les modes de transmission progressent. Par exemple, 20% des personnes interrogées affirment que le virus du sida peut se transmettre en embrassant une personne, ils étaient 15% à le croire en 2015.
Un recul inquiétant
Dans le même temps, les jeunes paraissent moins inquiets face à cette menace. 24% des 15-25 ans interrogés déclarent ne pas avoir peur du sida, ils étaient 17% en 2015. Pour autant les jeunes interrogés semblent se rendre compte de leur méconnaissance sur le sujet. La part de cette population à se dire bien informée sur le virus est moins importante qu'en 2015, ils sont 82% contre 89% l'année précédente.
Cela concerne en particulier les 15-17 ans qui doivent faire avec le manque voire l'absence d'enseignement sexuel à l'école. Logiquement, moins bien informés, le taux de jeunes ayant eu recours à un test de dépistage après un rapport sexuel non protégé a chuté de 10 points en un an. Le recul des moyens de dépistage et de la perception du risque de contamination avaient déjà été constatés par le baromètre de l'Ifop en 2015. "Il est urgent de réagir", clame le Sidaction ce jeudi 31 mars en amont des journées d'action.
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Quand on est porteur du VIH, on est forcément condamné - Non. Dans les pays du nord comme la France, le VIH est plutôt bien pris en charge, certains médecins n'hésitent d'ailleurs plus à parler du VIH comme d'une maladie chronique, au même titre que le diabète. La recherche a fait d'énormes progrès depuis l'apparition de l'épidémie. Si les premières générations de trithérapies provoquaient de nombreux effets secondaires tels que diarrhées et perte de poids, les nouvelles générations de médicament sont plutôt bien, voire très bien supportés par la majorité des patients. Néanmoins, ces progrès dont on ne peut que se réjouir, n'englobent pas toute la réalité. Les difficultés restent très grandes pour les porteurs du virus dépistés trop tardivement, ou encore pour ceux qui ont été contaminés pendant les années 1980 et 1990. S'ils ont pu survivre aux années sida, c'est souvent au prix d'une médication parfois très lourde dont leurs corps sont encore marqués. D'autre part, aujourd'hui encore, certains patients ne tolèrent pas les effets secondaires des trithérapies. Il est donc illusoire de croire que, parce que les trithérapies sont efficaces, elles le sont pour tout le monde. Tous les organismes ne réagissent pas de la même manière. Enfin, dans les pays du sud, la situation est tout autre. Un séropositif sur deux n'a pas accès à un traitement, et lorsque c'est le cas, les traitements proposés sont souvent des traitements de qualité inférieure à ceux proposés dans les pays du nord. En cause, les brevets, propriété des laboratoires pharmaceutiques qui limitent la capacité des laboratoires du sud à produire des génériques commercialisés à moindre coût. Malgré tout, l'accès aux traitements ARV a progressé de 63% pendant les deux dernières années. La mortalité, elle, a diminué de plus de 25% entre 2005 et 2011. En 2013, environ 12,9 millions de personnes vivant avec le VIH avaient accès à une thérapie rétrovirale. Cela représente 37% des personnes vivant avec le VIH.