116
Des dizaines de milliers de salariés et d’étudiants battaient le pavé, jeudi 31 mars dans toute la France, pour réclamer le retrait de la loi de réforme du code du travail, lors d’une nouvelle mobilisation très suivie et émaillée de violences.
- La mobilisation, en hausse par rapport à la journée du 9 mars, est considérée comme « une réussite » par les syndicats. Les défilés ont rassemblé plus de 390 000 personnes selon les autorités, soit presque deux fois plus que lors de la précédente mobilisation ; 1,2 million selon la CGT et FO.
- Certains défilés ont été marqués par des heurts, en particulier à Paris, Rennes, Nantes, Toulouse et Grenoble, avec une centaine d’interpellations et treize policiers blessés.
- Cette journée de mobilisation est également marquée par des grèves dans les transports (SNCF, Air France...), à la Tour Eiffel, chez EDF, dans la fonction publique, la presse, ainsi que des blocages de lycées et d’universités.
- La CGT et FO réclament le retrait du projet. La troisième grande centrale syndicale, la CFDT, hostile à la première mouture, n’y est plus défavorable après les modifications du gouvernement. La ministre du travail, Myriam El Khomri, a répété qu’elle « entendait les inquiétudes des jeunes » tout en défendant une « loi nécessaire et juste ». Pas question de retirer cette réforme « intelligente, audacieuse et nécessaire », a aussi affirmé le chef du gouvernement, Manuel Valls.
Revivez cette journée de mobilisation avec notre live et les tweets de nos journalistes présents dans la manifestation :
Mobilisation en hausse
Les défilés ont rassemblé dans toute la France plus de 390 000 personnes selon le ministère de l’intérieur et la préfecture de police de Paris ; 1,2 million selon la CGT et FO, dont 200 000 jeunes selon l’Unef. Lors de la précédente mobilisation, 224 000 personnes avaient défilé selon la police ; 450 000 selon les organisateurs. Il y a eu 233 rassemblements ou défilés à Paris et en province, ces derniers regroupant 362 000 personnes. Dans le détail, et selon les chiffres de la police : entre 26 000 et 28 000 manifestants à Paris ; 20 000 à Toulouse ; près de 12 000 à Nantes, Lyon et Marseille ; 10 000 à Bordeaux et Rennes ; 7 000 au Havre et à Grenoble...
La mobilisation est « beaucoup plus importante que le 9 mars », avait déjà annoncé Jean-Claude Mailly, secrétaire général de Force ouvrière (FO), avant le départ du cortège parisien, à 13 h 30, pour se diriger vers Nation sous la pluie et dans les fumigènes. « On est rentrés dans le bras de fer », s’est-il satisfait. « Il y a une très forte mobilisation, il faut que le gouvernement prenne en compte ce qui se passe », a déclaré le leader de la CGT, Philippe Martinez.
Les syndicats ont d’ores et déjà fixé deux nouvelles date de mobilisation, les 5 et 9 avril, « jusqu’au retrait du texte », selon la CGT. Par ailleurs, un appel a été lancé sur Facebook et Twitter, sous le mot d’ordre #NuitDebout, pour « ne pas rentrer chez nous » après la manifestation, et occuper la place de la République.
Des heurts et des interpellations en province et à Paris
Dans de nombreuses villes, les défilés ont été émaillés de heurts entre des personnes présentes dans les cortèges et les forces de l’ordre. Une centaine de personnes ont été interpellées, et treize membres des forces de l’ordre ont été blessés, selon le ministère de l’intérieur.
A Paris, les interpellations, dont quelques unes ont eu lieu en proche banlieue, sont essentiellement dues à « des jets de projectiles et des dégradations », selon la préfecture de police. Une vingtaine de fonctionnaires de police ont été légèrement blessés.
A Nantes et à Rennes, plusieurs dizaines de jeunes ont lancé des pierres et des bouteilles en verre sur les forces de l’ordre, qui ont répliqué avec des gaz lacrymogènes, selon les journalistes de l’AFP présents sur place. A Nantes, la police qui a fait usage de canons à eau.
A Rouen, des jeunes, foulard devant le visage, ont jeté des projectiles et allumé des feux de poubelle. Les CRS ont répliqué à trois reprises par des tirs de gaz lacrymogènes, provoquant un mouvement de repli des manifestants vers les rues adjacentes.
A Lyon, vingt personnes ont été interpellées, place Bellecour, alors que près de 300 jeunes refusaient de se disperser. Dans l’après-midi, des échauffourées sporadiques se sont produites sur cette place, des manifestants jetant des bouteilles de bière ou des canettes sur les CRS, ceux-ci ripostant par des jets de gaz lacrymogènes.
A Toulouse, les forces de l’ordre ont usé massivement de gaz lacrymogènes, parfois de très près, comme en témoigne cette vidéo de La Dépêche du Midi :
Le porte-parole du gouvernement, Stéphane Le Foll, a appelé « tout le monde au calme », estimant qu’il « ne faut pas donner l’occasion à certains de casser ou d’avoir des actes de violences ».
176 lycées bloqués selon l’éducation nationale
Le ministère de l’éducation nationale dénombrait en tout 176 lycées bloqués en France, jeudi matin. Un chiffre proche de celui annoncé par les organisations lycéennes : 200 lycées mobilisés selon la FIDL, plus de 250 selon l’UNL, dont une cinquantaine en région parisienne. S’agissant des fermetures décidées par certains chefs d’établissement pour « éviter les débordements », 11 lycées étaient concernés à Paris, selon le ministère.
Voir les contributions
Réutiliser ce contenu