Menu
Libération
Manifs

A Grenoble, des «socialistes depuis toujours» ne voteront plus François Hollande

Loi travail, la réforme qui fâchedossier
Plusieurs milliers de personnes ont défilé dans la ville iséroise contre le projet de loi travail. En marge du cortège, des vitrines de banques et d'agences immobilières ont été soufflées par des individus.
par Maïté Darnault
publié le 31 mars 2016 à 18h05

A Grenoble, les violences en marge de la manifestation contre le projet de loi travail ont été brèves, mais spectaculaires. Selon les syndicats, ils étaient 25 000 personnes à défiler ; selon la police, 7 000. Lorsque le cortège a atteint le cours Berriat, une trentaine de casseurs s'en sont pris aux devantures de banques et d'agences immobilières. Dans la foule, Nicolas, 36 ans, en a aperçu certains sortir «des moellons, des sortes de briquettes, des marteaux, des caillasses et des bombes de peinture» pour s'attaquer à une demi-douzaine de vitrines.

Au carrefour suivant, une quinzaine de CRS ont tenté de «couper le cortège et d'isoler les encagoulés, mais la foule a entouré les flics, pour protéger les casseurs, et les CRS se sont mis en tortue, avant de se retirer rapidement», raconte Nicolas. «Si jamais un schmidt se représente devant un encagoulé, ça va repartir !», prédit-il.

Agent de la fonction publique territoriale, il déplore une autre forme de casse : «La casse des conventions collectives, de la dignité des corporations» qu'encourage le projet de loi du gouvernement. «Ils veulent diviser pour mieux régner. Leur seule logique, c'est celle de la survie de l'économie patronale. Pas de la nôtre ! Je suis fonctionnaire, je gagne 1 200 euros par mois, je fais toutes mes contributions sociales et j'ai du mal à boucler les fins de mois !» Sa compagne, Marie, 34 ans, est enseignante et syndiquée. Elle renchérit : «A côté de ça, le patron du Medef vient de féliciter celui de Peugeot de son augmentation de salaire ! Le contexte, c'est François Hollande qui, pour se faire élire, il y a quatre ans, nous dit face caméra : mon ennemi, c'est la finance !»

«C’est sur les politiciens qu’il faut taper, pas sur les flics»

Aucun tram ni bus ne circule aujourd'hui dans les rues de Grenoble. Les syndicats de la régie Semitag ont annoncé 90% de grévistes. Thierry, 54 ans, est conducteur. Il condamne les vitrines brisées dans le centre-ville. «C'est désolant que certains jeunes tapent sur les flics. C'est sur les politiciens qu'il faut taper. Les policiers, en ce moment, on en a besoin, ils font juste leur job dans les rues. Aux jeunes, il faut leur dire de ne pas oublier 2017.» A ses côtés, un collègue ajoute : «Moi, je suis socialiste depuis toujours. Si c'est Hollande et Sarko au deuxième tour, j'irai pas. Et c'est la mère Le Pen qui passera.»

Au parc Paul-Mistral, le point d'arrivée du cortège, les manifestants s'installent dans l'herbe. L'appel #NuitDebout est annoncé ce soir au même endroit, avec une projection, des concerts, des débats et peut-être une nuit sous la tente pour ceux qui braveront la limite de minuit accordée par la préfecture. La page Facebook de l'événement a déjà attiré un millier de soutiens. Léa, 23 ans, étudiante pour devenir assistante sociale, viendra sans doute y faire un tour. «C'est un bon concept, ça fait plaisir, sourit-elle. En ce moment, on ne se rassemble qu'après chaque attentat, c'est un peu triste. Alors qu'il y a plein d'autres choses, la solidarité existe encore.» A Grenoble, elle aussi a permis aux casseurs d'échapper aux arrestations.

Pour aller plus loin :

Dans la même rubrique