Syrie : les forces kurdes préparent la bataille de «libération» de Raqqa

Près de Raqqa, le village de Mabrouké en Syrie a été bombardé par la coalition puis repris à Daech par les forces kurdes syriennes.
Près de Raqqa, le village de Mabrouké en Syrie a été bombardé par la coalition puis repris à Daech par les forces kurdes syriennes.
(LP/ARNAUD DUMONTIER.)

    Sous l'égide de la coalition internationale, les forces kurdes syriennes se préparent à la bataille de «libération» de la ville syrienne de

    , a affirmé jeudi à Paris le chef des Kurdes syriens du Parti de l'union démocratique (PYD), Saleh Muslim.

    Le chef du PYD a expliqué que ses forces tentaient actuellement de prendre le contrôle «du couloir de 70 km qui constitue le seul accès des terroristes vers la Turquie», dans le nord-est de la Syrie. Cela permettrait aux Kurdes de faire la jonction entre les trois cantons (Afrine, Kobané et Jaziré) qu'ils contrôlent. Mais il a ajouté qu'il était nécessaire que «les habitants arabes de la région de Raqqa» se joignent aux forces kurdes - qui comptent selon lui entre 40.000 et 50.000 hommes et femmes - afin de pouvoir libérer la ville.

    Selon lui, les combattants de l'EI qui se sont retirés de

    , «se dirigent vers Aazaz depuis la Turquie». «Ce couloir entre la Turquie et Raqqa doit être fermé, avec l'appui aérien de la coalition», a-t-il souligné. Les forces kurdes et leurs alliés ont déjà pris le contrôle le mois dernier de Chadadi, un bastion de l'EI, coupant la route de ravitaillement des jihadistes vers la ville de Mossoul, leur fief en Irak.

    VIDEO. Syrie-Irak : le recul de Daech en 3 questions

    Grâce au soutien militaire de la coalition dirigée par Washington, les forces kurdes avaient repoussé il y a un an l'offensive lancée par le groupe EI sur

    , toute proche de la frontière turque, à l'issue de plusieurs mois d'une féroce bataille. Saleh Muslim a indiqué que la zone sous contrôle des Kurdes, qui compte selon lui entre quatre et cinq millions d'habitants, allait encore s'élargir, «car les gens veulent se débarrasser de Daech».

    Les Kurdes de Syrie ont proclamé le 17 mars une région fédérale dans le nord du pays, une initiative immédiatement rejetée par le régime de Bachar al-Assad et l'opposition. «Nous faisons partie de la Syrie et ne voulons pas une sécession», a assuré Saleh Muslim. «Mais la Syrie ne reviendra pas comme avant, le modèle de l'Etat centralisé est fini. Face aux plans de morcellement de la Syrie entre Etats alaouite, sunnite, etc..., notre projet de fédération est le seul moyen de garder le pays unifié, et ce modèle peut être appliqué dans le reste du pays», a-t-il fait valoir.

    Il a par ailleurs estimé que les Kurdes syriens allaient «peut-être»participer à la prochaine session de négociations de paix sur la Syrie programmée en avril à Genève, après avoir reçu des assurances en ce sens des grandes puissances. «Si nous ne participons pas aux négociations de Genève, nous ne serons pas tenus d'en reconnaître le résultat», a-t-il averti.

    La Turquie s'oppose à leur participation car elle considère le PYD comme une émanation du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), qui mène depuis 1984 la rébellion sur le sol turc. De Washington, le président turc Recep Tayyip

    contre les séparatistes kurdes, alors qu'un attentat a eu lieu ce jeudi en zone kurde de Turquie.


    VIDEO. Syrie : avec les réfugiés qui fuient Raqqa

    VIDEO. Nos reporters en Syrie, près de Raqqa