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La saga d'une vente maintes fois annoncée

Cela fait deux ans que Bouygues Telecom est l'objet de toutes les convoitises.

Par Romain Gueugneau, Fabienne Schmitt

Publié le 1 avr. 2016 à 01:01Mis à jour le 6 août 2019 à 00:00

C'est un peu une histoire sans fin que celle du rachat de Bouygues Telecom. La saga alimente depuis près de deux ans maintenant la chronique des télécoms. Le plus petit des trois opérateurs « historiques » est celui qui a le plus souffert de l'arrivée de Free dans le mobile en 2012 et de la dégringolade des prix qui s'en est suivie. S'il a tenté de résister en voulant racheter SFR en mars 2014 (finalement tombé dans l'escarcelle de Patrick Drahi et Numericable), il fait, depuis, l'objet de toutes les convoitises de la part de ses concurrents.

Orange s'était déjà penché sur le sujet il y a deux ans, juste après l'annonce de la fusion Numericable-SFR. Les discussions avaient duré plusieurs semaines pour finalement achopper au début de l'été. Les deux parties n'avaient pas réussi à s'entendre sur le prix : Bouygues exigeait au moins 8 milliards d'euros à l'époque, Orange, associé à Free - qui était intéressé par le réseau et les fréquences de son concurrent -, n'en offrait pas plus de sept. Cet échec faisait suite à une première offre formulée en avril de la même année par Iliad seul (inférieure à 5 milliards), également retoquée en 2015.

Avancées et reculades

Un an plus tard, c'est Patrick Drahi qui se lance à la conquête de Bouygues Telecom, après plusieurs mois de discussions. Avec un chèque mirobolant : 10 milliards d'euros ! Mais Martin Bouygues et les administrateurs du groupe déclinent l'offre (non sollicitée), critiquant « le manque de sérieux » de l'acheteur dans son financement et dénonçant le « risque d'exécution important » de l'opération. Il réaffirme en outre haut et fort, comme il l'a toujours fait, qu'il n'est pas vendeur. « Vous vendriez votre femme, vous ? » lui est-il arrivé de rétorquer aux importuns qui osaient lui poser la question.

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Pendant tout ce temps, Orange ne cessait de répéter à qui voulait l'entendre qu'il était celui qui avait le moins besoin de la consolidation du secteur.

Et pourtant, l'opérateur historique n'a jamais totalement évacué l'hypothèse d'un rachat de son plus petit concurrent. Ce serait en effet le meilleur moyen de « réparer » le marché en stoppant la guerre des prix, qu'a notamment ravivée Bouygues Telecom dans l'Internet fixe.

Coup de théâtre en décembre 2015 : cette fois-ci c'est Martin Bouygues qui va frapper à la porte de Stéphane Richard pour lui proposer de racheter Bouygues Telecom ! C'est alors la première fois que l'on voit Martin Bouygues moteur sur la consolidation. Preuve qu'il a bien conscience de ne pouvoir rester tout seul sur son marché et de devoir s'adosser à un grand groupe. Des négociations marathon s'engagent. Très vite, Stéphane Richard et Martin Bouygues décident de fixer la date butoir du 31 mars. « Un peu plus de trois mois pour négocier un deal de cette ampleur, c'est inédit ! Généralement, huit à neuf mois sont nécessaires », estime un banquier d'affaires.

Les avancées et les reculades de ces dernières semaines témoignent de la complexité de l'opération, mais aussi de la pression qui pèse sur les épaules de tous les acteurs. La transaction a d'ailleurs failli capoter à plusieurs reprises, tant les négociations sont tendues. La recomposition du secteur français des télécoms n'est décidément pas une mince affaire.

F. Sc. et R. G.

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